«La vengeance est un repas qui se mange froid», enseigne la sagesse africaine. Le président de la FIFA, Gianni Infantino, a dû s'en abreuver pour solder ses comptes, lors de sa visite, en Afrique, en février 2017. Selon plusieurs sources, la tournée en Afrique du Sud entreprise par le Président de la FIFA n'était pas innocente. Gianni Infantino, s'est réuni à cette occasion avec les 54 présidents juste après l'élection du nouveau patron. Il qualifie «cette élection de jour important pour la Confédération africaine de football». Et pour calmer les esprits du clan Hayatou, il rendra hommage à l'ex-président en exprimant son admiration pour tout ce qu'il a fait durant ses 29 années à la présidence de la CAF. «Et maintenant, dira-t-il, ça va changer. Mais il n'y a rien de dramatique», a-t-il commenté. Ce qui signifie que la FIFA, dont il a les commandes, va garder le même cap mais avec une autre altitude, celle qui permettra à son institution de réviser son plan de vol afin d'avoir une main basse sur la CAF du nouveau président Ahmad Ahmad. C'est ce que lui faisait dire dans une interview accordée à un confrère : «Je suis impatient de travailler avec lui. Je le connais depuis un certain temps déjà. C'est un passionné de football. Il travaille corps et âme pour le football. Je suis certain qu'il va bien s'intégrer à notre équipe.» Pour nombre d'experts, ce travail est fait pour conduire Ahmad Ahmad au poste de commandement de l'institution grâce à une stratégie bien ficelée de l'équipe de la FIFA. On retiendra, par ailleurs, que Gianni Infantino a bien effectué une visite au Zimbabwe, au moment même où se tenait une réunion entre de nombreux présidents de fédérations africaines, acquis à la cause d'Ahmad Ahmad. «Le secrétaire général, Hicham El Amrani, avait essayé sans succès, de faire annuler cette réunion. Les partisans du Malgache ont pu échafauder leur plan pour la bataille d'Addis Abeba». C'est un travail de professionnels qui avait nécessité du temps, beaucoup de réflexion et de communication. Délicatement, et d'une manière plus diplomatique, il dira : «C'est l'Assemblée générale de la CAF qui décide. C'est un processus démocratique. Ils ont le droit de décider eux-mêmes de ce qu'ils veulent. Le travail du président de la FIFA est de collaborer avec tout membre du Conseil de la FIFA. Essayer de dire qu'il s'est passé autre chose, c'est faire insulte à l'intelligence des présidents de fédérations qui sont assez grands pour prendre leurs décisions sans qu'on leur dise ce qu'ils doivent faire.» Non, le président n'oublie pas que les relations entre les deux institutions étaient loin d'être le grand amour, mais à notre confrère de RFI, il calmera le jeu en disant que «les relations ne sont pas tendues ! C'est normal que lorsque des personnes discutent, elles ne soient pas toujours d'accord. L'important, c'est de pouvoir débattre. Et, avec la CAF, on a toujours eu des débats ouverts, francs et sains.» Et pour justifier cette bonne relation, il fera référence aux dernières réformes mises en place depuis un an, cette réalisation, confirmera-t-il, était bien le fruit de la CAF. Mais entre ce discours de façade et la réalité du terrain, il y a un monde. Les observateurs soulèvent le couvercle des élections de la FIFA où le désormais ex-président de la CAF a payé pour son soutien au challenger de Gianni Infantino. On retrouve les traces des déclarations du comité exécutif de la CAF. Le premier vice-président de la CAF, Suketu Patel, dans une déclaration à la presse, n'a pas caché le soutien de la Confédération à Cheikh Salman : «Le comité exécutif de la CAF a décidé qu'il donne son soutien entier à la candidature de Cheikh Salman, pour la présidence de la FIFA». Pire encore, le deuxième vice-président de la CAF, Almamy Kabele Camara avait confirmé que la décision avait été prise à «l'unanimité». Dès lors, Issa Hayatou et son clan s'étaient déclarés ennemis numéro un d'Infantino. Malheureusement, l'Afrique avec son plus grand réservoir de voix (54 voix), n'a pu faire basculer l'élection en faveur de Cheikh Salman. Et Gianni Infantino a été élu président de la FIFA, au second tour avec 115 voix, devant Cheikh Salman président de la Confédération asiatique (88 voix), le Prince jordanien Ali (4 voix) et le Français Jérôme Champagne (0 voix). Nanti désormais de tous les pouvoirs, Infantino peut couper les têtes. «Et il a semé la désolation dans le clan Hayatou, à Addis Abeba, ce 16 mars 2017. Un jeudi noir pour le Camerounais Hayatou et tous ses soutiens. Aujourd'hui, le boss de la FIFA a sous sa coupe 211 associations dont 55 fédérations africaines».