En Suède, on n'en est plus là. Pour lutter contre le terrorisme après l'attaque au camion-bélier de la semaine dernière, le plus grand journal du pays propose sans rire de... bannir les voitures ! Oh les historiens du futur se pencheront avec effarement sur ces sociétés européennes kafkaïennes, incapables de désigner leur bourreau de peur d'être taxées de «racistes» et prêtes à toutes les circonvolutions pour ne pas avoir à le faire... Mais rassurons-nous, le gouvernement suédois va éduquer les petites têtes blondes à partir de l'année prochaine : dès l'école primaire, les enfants apprendront à reconnaître les «fake news» et à repérer les sources douteuses. Gageons que nos Chroniques seront mises sur la liste rouge de Stockholm, ce qui attristera profondément votre serviteur... En Irak, laissons l'Europe à ses mots/maux et retournons au Moyen-Orient où Moqtada Sadr fait encore des siennes. Nous avions parlé dans une précédentes chronique de ce personnage sulfureux. En Irak, le fameux Moqtada Sadr, influent prêcheur chiite, a appelé à attaquer les troupes US. Quand on sait que les brigades «sadristes» comptent plusieurs dizaines de milliers de combattants et qu'elles ne jettent pas leur part au chien dans la guerre contre Daech, cela complique quelque peu la situation. Cette déclaration incendiaire est sans doute à relier aux grandes manoeuvres préparant l'après-guerre. (...) Pour qui roule Moqtada ? Sans doute pour personne. On aurait tort de le considérer comme l'homme des Iraniens ; depuis treize ans, plusieurs points de tension ont éclaté entre Téhéran et cet électron libre. Le gouvernement irakien, chiite comme lui, en a une peur bleue : on se souvient de l'invasion du parlement en avril, en pleine zone verte, pour réclamer la fin du népotisme, de la corruption et mettre en place un « gouvernement de technocrates » sans affiliation politique ou religieuse (nouvelle preuve de la complexité du personnage, religieux à la politique laïque). L'ami Motqada vient encore de mettre les pieds dans le plat en appelant Assad à démissionner : «Il serait juste que le président Bachar al-Assad démissionne (...) et évite au cher peuple de Syrie le fléau de la guerre et l'oppression des terroristes», a-t-il déclaré, dans un communiqué rendu public le samedi 8 avril 2017. Trois jours plus tard, depuis la ville sainte de Najaf où il est basé, à 200 km au sud de Bagdad, il persiste et signe. «J'ai exhorté Assad à partir pour préserver l'axe de la résistance et afin de lui éviter le sort de Kadhafi», a-t-il prédit dans un nouveau communiqué. Même s'il prend ses précautions en défendant «l'axe de la résistance» contre Israël, qui comprend l'Iran, la Syrie et le Hezbollah libanais, Moqtada al-Sadr est le premier haut responsable chiite à contester ainsi la légitimité du président syrien. Une surprenante offensive frontale contre un des piliers de la stratégie iranienne d'exportation de la révolution islamique. Bien que formé en Iran, Moqtada al-Sadr, dont les miliciens ont combattu les forces américaines en Irak, joue en effet de plus en plus la carte nationaliste. Il en a même profité pour condamner les représailles américaines contre Bachar al-Assad et exhorter les Etats-Unis et la Russie à se retirer du théâtre syrien. (A suivre)