Bien que sa puissante milice -l'Armée du Mahdi- ait cessé ses opérations en 2008, Moqtada Sadr a de nouveau dénoncé l'occupation américaine de son pays. Le chef radical chiite irakien, Moqtada Sadr, qui fut la bête noire des Américains, a appelé hier ses partisans à «résister» par tous les moyens aux forces américaines, dans son premier discours après son retour d'un exil volontaire de quatre ans en Iran. Bien que sa puissante milice -l'Armée du Mahdi- ait cessé ses opérations en 2008 après avoir maintes fois combattu l'armée américaine, Moqtada Sadr a de nouveau dénoncé «l'occupation» américaine de son pays. Mais il a aussi appelé à l'unité des Irakiens, affirmant que sa puissante formation appuierait le gouvernement d'union nationale de Nouri al-Maliki, tant qu'il serait au service du peuple. «Nous résistons toujours à l'occupant, par la résistance militaire et par tous les moyens», a déclaré Moqtada Sadr dans un discours en plein air dans le centre de Najaf, une ville sainte chiite à 150 km au sud de Baghdad. «L'Irak a traversé des périodes difficiles, qui ont fait pleurer tout le monde à l'exception de nos ennemis, l'Amérique, Israël et la Grande-Bretagne», a lancé le dirigeant d'une trentaine d'années, rentré mercredi au pays après avoir notamment suivi des études religieuses dans la ville iranienne de Qom. «Notre bras ne touchera aucun Irakien. Nous viserons seulement l'occupation, par tous les moyens de résistance. Nous sommes un peuple, et nous ne sommes pas d'accord avec les groupes responsables de meurtres», a-t-il ajouté, en référence aux violences qui continuent d'ensanglanter l'Irak. «Non, non à l'Amérique!, Non, non à Israël!», ont repris en choeur les militants sadristes, qui agitaient des drapeaux irakiens sur une place quadrillée par un étroit dispositif de sécurité dans le quartier d'Al-Hannana. Près de huit ans après l'invasion de l'Irak et la chute de Saddam Hussein, les Etats-Unis comptent toujours 50.000 hommes en Irak qui, depuis la fin officielle de leur mission de combat en août, se concentrent essentiellement sur la formation des forces irakiennes. Ils doivent quitter l'Irak à la fin de l'année. L'ambassade des Etats-Unis a dit avoir suivi le discours de Moqtada Sadr, qui était retransmis par plusieurs chaînes irakiennes. «Nous avons écouté le discours, mais nous n'avons rien entendu de nouveau», a déclaré David Ranz, porte-parole de l'ambassade. L'Armée du Mahdi, forte de 60 000 hommes, avait un temps été identifiée par le Pentagone comme la principale menace pour la stabilité de l'Irak, mais des officiers américains avaient estimé que la fin de ses opérations avait contribué à la baisse du niveau des violences en Irak. On prête un rôle crucial aux sadristes, qui ont obtenu 39 sièges sur 325 au Parlement lors des législatives de mars 2010, dans la résolution de la crise politique et la formation du gouvernement d'union en décembre, où ils disposent de six ministères. Dans son discours, prononcé devant un portrait géant de son père, Mohammed Sadek Sadr, assassiné par les forces de l'ex-président Saddam Hussein en 1999, Moqtada Sadr a appelé à l'unité des Irakiens. «Il faut tourner pour toujours la page du conflit entre les frères, et vivre dans la paix et la sécurité», a-t-il dit. «Le gouvernement irakien a été formé avec ses ministres. S'il est au service du peuple et lui apporte la sécurité, nous sommes avec lui», a-t-il ajouté, tout en demandant à nouveau la libération de ses militants toujours emprisonnés. L'opinion irakienne est particulièrement divisée sur le retour de Moqtada Sadr, entre ceux qui estiment qu'il sera la clé du rétablissement de la stabilité, et ceux qui gardent en mémoire les combats sanglants livrés par ses miliciens contre les forces gouvernementales et américaines à Baghdad, au printemps 2008.