La 8e édition du Festival culturel de danse contemporaine s'est clôturée le 2 mai dernier sur des airs de fête. Sur scène, des danseurs du ballet national, des artistes de Bodytraffic, venus directement des USA avec, en sus, les enfants du soleil, des enfants aux besoins particuliers, appartenant à l'Association Chams. Voilà un festival international de qualité qui aura donné bien du plaisir au nombreux public venu se délecter de bonnes vibrations musicales et dansées. La performance était au rendez-vous sur des airs contemporains à l'Opéra d'Alger Boualem-Bessaïeh, du 29 avril au 02 mai 2017 ainsi qu'au Palais de la culture Moufdi-Zakaria. Ce ne sont pas moins de dix pays qui étaient présents pour ce festival avec l'Espagne, l'Italie, la Chine, le Mexique, l'Allemagne, la France, la Russie, les USA, l'Ethiopie étant le pays invité d'honneur, l'Algérie quant à elle étant présente avec quatre troupes différentes venues d'Alger, de Batna, Mostaganem... L'édition de cette année a été quelque peu retardée du fait d'un financement diminué de moitié, le reliquat de 2015 a permis l'organisation de ce dernier évènement. Il faut dire que l'austérité obligée qui touche le secteur culturel est une véritable catastrophe pour les manifestations qui exigent des moyens financiers conséquents pour laisser la qualité à son niveau optimal. On notera que les sponsors nationaux ont été un peu au rendez-vous avec des structures comme la télévision, la radio, l'Etusa, l'Anep, l'Onda, Turkish Airlines, Sonelgaz...et aussi les structures comme l'Ismas, l'Opéra d'Alger, Art et Culture qui ont laissé à leur lieu à disposition du festival. Le public est aussi venu nombreux, surtout les deux derniers jours de spectacle avec une contribution au prix du billet qui était de mille dinars pour l'opéra et de deux cents dinars pour ce qui était du Palais de la culture. En tout donc, pas moins de dix-sept compagnies pour l'émulation d'un public qui a joué le jeu. D'abord en soirée du 29 avril, une inauguration en beauté par l'entremise du ballet du CCA Arabesque qui interprété « Chehlet layani » dans un mode quelque peu classique algérien, pour ensuite partir vers l'Espagne avec une pièce dansé sur les adagios du concerto d'Aranjuez, ce qui sera une transition efficiente avec la danse d'« Intrusa » la compagnie qui a joué « Best of you » de Virginia Garcia-Munoz. Deux pièces qui seront suivies par le ballet venu de Belfort en France le Viadance CCNFC/Belfort pour un « Après-midi » assez contemporain très épuré laissant ainsi la place à l'exubérance éthiopienne venue pour la première fois se présenter en Algérie pour une série de pièces musicales jouées en live sur des phrasés gestuels assez amusant et enjoués. Pour le 30 avril, Nouara Idami qui a fait ses armes là où il faut, entre la Russie et la France, laisse sa compagnie faire un effet bœuf par une interprétation farouchement contemporaine, bien ancrée dans la rigueur et les effets scéniques ; intéressant sur une pièce intitulée « Enracinement ». Le travail de la chorégraphe Idami sera suivi d'une très belle prestation de la coopérative culturelle de Batna pour un numéro de danse à l'esthétique terriblement actuelle sur le titre générique « Au-delà de la guerre ». Les Algériens seront suivis de près par les sémillants danseurs chinois du « Changqing ballet » sur un mode très classique, tutus, arabesques, pointes et entrechats étrangement menés sur une musique paradoxalement tango qui aura un succès évident sur le public, le titre du ballet était « Mountains and water ». La fin de la soirée offrira un rare moment de music-hall assez festif malgré des notes très artistiques sur du jazz, du big band et de musique et danse du Mississipi pour un collectif appelé « Bodytraffic » qui reste sur ce festival d'une rare qualité, ce qui a provoqué des séances de répétitions inédites de la part des danseurs chinois en coulisses. Le 1er mai a ouvert la voie à un très très bon moment de danse de variété et music-hall avec le « Barinov Show » venu de Saint-Petersbourg et de Kiev un ballet très présent pour les sept éditions précédentes et qui revient encore cette année pour un spectacle virevoltant sur son « Play art » à l'intitulé « Tentation ». Le spectacle a été suivi par la sémillante troupe de danse contemporaine de la part de la coopérative culturelle de Mostaganem qui nous a évoqués gestuellement des notes urbaines terriblement bien jouées. La compagnie de Mostaganem a été très éloquente dans ses mouvements et sonorités à l'esthétisme rehaussé par une excellente prestation scénique. Voilà qui promet de bien belles perspectives à l'avenir. Mostaganem sera suivie par la Compagnie minimaliste Anna Konjetzky sur sa « Chorégraphie cocktail » assez lourde sur scène sans les apports de lumière et de variations ce qui a notamment alourdi le propos. Le Mexique avec « A Poc a Poc » a laissé beaucoup de lumière sur scène sur les interprétation d'un couple très en verve au point de faire de superbes numéros chorégraphiques sur une table installée en décor, et sur une scénographie élaborée dans des standards très prisés par le public très nombreux. La soirée du 2 mai a offert au public une très belle soirée de clôture par l'intermède d'une sensationnelle pièce contemporaine appelée « Si j'étais une note» autour du monde du silence avec Abdelkrim Kara au violon, Hadia Zouba au piano, Sofiane Drici, Wissem Mazouz, pour la partition et le texte, ainsi que Malek Laras, Chahra Laras, Mohamed M'barek, Krim Benhadda. Le spectacle fascinant sera suivi du résultat des Master Class dirigées par le chorégraphe académicien de l'Ismas Kaddour Noureddine en compagnie des artistes venus des USA de BodyTraffic en compagnie des enfants de l'Association Chems, un très beau numéro d'Art thérapie avec une émouvante et aussi très rigolote prestation de tous les protagonistes de la master class réalisée aussi avec des danseurs du ballet national et de danseurs de Batna, le final aura été laissé aux italiens de la « Zappala Dance Company » sur la pièce fétiche « Fullplay ». Le 8ème FCDIC s'est ainsi terminé sur des notes humanistes et d'un esthétisme qui marque les nouvelles tendances artistiques algérienne d'une pierre blanche sur un nouvel opéra qui commence à donner ses fruits, il ne manque plus qu'une vraie académie de danse soit créée pour entériner la qualité et le professionnalisme en attendant un véritable budget pour un festival qui tient ses promesses. Rendez-vous est pris donc pour la 9ème édition.
