Il est impératif d'intégrer cette vision d'économie de l'eau dans les installations industrielles, en amont, comme cela est fait dans les pays industrialisés depuis bien des années, surtout que l'Algérie s'apprête à produire de l'énergie solaire, et donc la filière industrielle des semi produits, particulièrement vorace en eau extra-pure. C'est la recommandation du Professeur Kamel Eddine Bouhidel, enseignant chercheur à l'Université de Hadj Lakhdar de Batna, qui intervenait avant-hier, à Alger, à l'Institut national des études de stratégie globale (Inesg), en présence d'universitaires et de cadres du secteur des ressources en eau, lors d'une table ronde autour de la problématique de l'eau en Algérie : situation, enjeux et défis de l'exploitation rationnelle et durable des ressources. Le Professeur Kamel Eddine Bouhidel, dont les propos sont rapportés par l'APS, a estimé que des économies appréciables peuvent être faites sur les eaux utilisées dans les activités industrielles représentant des volumes colossaux, et ce, pour chaque complexe industriel. M. Bouhidel a également évoqué les rejets polluants et toxiques qu'il considère comme le deuxième volet de la problématique réelle des eaux industrielles qui, a t-il ajouté, ne suscite pourtant «malheureusement pas souvent l'intérêt». Certes, a t-il admit, «il ne peut y avoir d'industrie sans eau et d'industrie sans pollution», mais il reste qu'à travers le monde des technologies propres sont utilisées dans les industries en vues de recycler l'eau, valoriser les polluants et minimiser leur impact néfaste sur l'environnement. Il rappelle que les rejets en eaux usées et en boue émanant des usines ou notamment des raffineries sont hautement toxiques et peuvent porter atteinte à l'environnement et à la santé humaine et animale soit par contact avec la nappe phréatique (eau souterraine) ou à travers les barrages d'eau (eau superficielle) ou encore après le dessalement d'eau de mer (suite aux déversements à la mer des rejets et boues industriels). «La pollution par l'eau est silencieuse, insidieuse et très dangereuse (...) et c'est pour cela qu'il est impératif d'en faire un bilan», a souligné le Pr. Bouhidel , en notant que «ses impacts désastreux ne sont visibles qu'après bien des années». L'Universitaire a insisté sur l'urgence de prendre en compte ces deux volets en vue d'optimiser la gestion de l'eau, la protection de l'environnement et la préservation de la santé publique, sans entraver la dynamique industrielle que connait le pays, notant que des «sommes colossales ont été investies par les pouvoirs publics dans le système hydrique». Pour le chercheur, «la solution à cette problématique serait d'arrêter la pollution à sa source de sorte que ces produits polluants sont récupérés et réutilisés», et cela ne peut se faire qu'avec la recherche et les technologies nouvelles, ce qui est réalisable en Algérie. Pour sa part, le directeur de la mobilisation des ressources en eau auprès du ministère, M. Abdelwahab Smati a indiqué en marge de cette table ronde, que le ministère des Ressources en eau s'attèle actuellement à l'instauration d'une gestion durable de la demande en eau, sachant que notre potentiel est limité. «Nous essayons de développer la demande en eau d'une manière rationnelle, notamment, par la réhabilitation des réseaux d'alimentation en eau potable et des réseaux d'irrigation ainsi que l'élimination des fuites et le développement de matériels économiseurs d'eau», a-t-il précisé. La stratégie de l'offre a consisté en le développement des infrastructures hydriques, tels les barrages, et les infrastructures de dessalement, de captage des eaux sous-terraines et le transfert de l'eau d'une région riche vers une région moins riche en ressources hydriques.