Une implication plus active de l'université dans la lutte contre la pollution industrielle est ce à quoi ont appelé des spécialistes en médecine de l'environnement et éco-toxicologie présents à la conférence de presse, tenue il y a quelques jours au siège de la bibliothèque du Pacs (Annaba) sous le thème «Protection des eaux d'oueds contre les dangers des polluants industriels, solides et liquides». Car, estiment-ils, le peu d'attention accordé aux travaux de recherche de physiciens, microbiologistes, chimistes ou métallurgistes algériens, dédiés à la problématique des polluants industriels, sont éclipsés par des décisions prises au gré de la conjoncture, les motivations et visées étant purement politico-mercantiles. Occultées par les nôtres, ces recherches se rapportant, entre autres, à l'industrie nucléaire, électronique, pharmaceutique, textile et agroalimentaire, là où les processus de fabrication requièrent l'utilisation de substances et produits chimiques hautement toxiques, on les retrouve dans de prestigieuses revues scientifiques internationales. Mieux, «des procédés chimiques, mis au point par ces mêmes étudiants-chercheurs aux fins de réduire la rétention de matériaux lourds sur les sites industriels, le traitement des eaux renfermant des polluants radioactifs, l'élimination de colorants de synthèse en milieux aqueux sur une biomasse végétale, ornent les armoires des laboratoires de recherches des universités», soulignent, avec dépit, nombre de participants en marge de la conférence de presse de l'Anpep. L'accent y a été particulièrement mis sur les rejets massifs le long des côtes nationales d'importantes quantités de bleu de méthylène, ce colorant abondamment utilisé par l'industrie textile. Les risques avérés sur la santé des populations vivant en zones limitrophes ainsi que sur la nature sont de fait extrêmes, ont mis en garde les intervenants. D'autant que, étayeront-ils, «la faible biodégradabilité de ces colorants complique le traitement biologique de ces rejets». M Halimi, le président de l'Anpep, a, par ailleurs, tenu à sensibiliser, dans une déclaration à El Watan Economie, les autorités nationales sur l'importance de l'étude, menée il y a quelques années, par des étudiants de l'université Djilali Liabès de Sidi Bel Abbès. Elle avait pour finalité la recherche d'une solution durable et adaptée aux déchets industriels électroniques. Surtout qu'expertisés, des échantillons de sol prélevés à même les décharges, utilisées par l'ENIE de la ville éponyme, ayant fait ressortir la contamination par des métaux lourds (ML), dont une forte teneur en cuivre (89mg/kg). Non dégradables et potentiellement toxiques, les ML sont considérés comme des polluants à risques majeurs incontestables pour l'homme, avaient, à l'époque, prévenu les auteurs de ladite étude.