La cotation du Brent avant la réunion de Vienne le 30 novembre 2017, accord qui sera reconduit, est coté dans la matinée à 62,91 dollars et 57,92 dollars pour le WIT et pour le gaz naturel de 2,93 dollars le MBTU en net recul alors qu'il représente un tiers des recettes de Sonatrach. Evitons l'euphorie, comme je viens de le démontrer dans une contribution internationale (1) la cotation à plus de 60 dollars pour le pétrole, s'explique par le fait que le monde entre dans l'hiver, les tensions en Irak, la baisse relative du cours du dollar par rapport à l'euro une timide relance de la croissance de l'économie mondiale, les tensions en Irak où la zone kurde produit environ 500 000 barils jour, les tensions politiques internes en Arabie Saoudite, la déclaration du président américain vis-à-vis de l' Accord avec l'Iran des tensions géopolitiques Iran Arabie Saoudite, des déclarations rassurantes du respect de l'accord de Vienne par deux grands producteurs la Russie et l'Arabie saoudite, et enfin un fait oublié la cession de 5% du géant pétrolier l'Aramco courant 2018 par l'Arabie Saoudite espérant faire grimper l'action. 1.-Les déterminants du cours du pétrole Je recense huit facteurs déterminants du cours du pétrole devant se méfier des conjonctures à moyen et long terme afin d'éviter des surprises surtout pour des pays rentiers. Premièrement, l'élément central de la détermination du prix du pétrole est la croissance de l'économie mondiale et notamment de la Chine et notamment sa structure énergétique 2020/2030 et les facteurs géostratégiques. Deuxièmement, du côté de l'offre, nous assistons à une hausse plus rapide que prévue de la production de pétrole (non conventionnel) des USA qui bouleverse toute la carte énergique mondiale. Durant le premier semestre 2017 la production de brut a nettement augmenté de 79 000 barils par jour, et dépasserait globalement 9,5 millions de barils par jour. Troisièmement, les rivalités au niveau de l'Opep dont certains ne respectent pas les quotas. L'Arabie Saoudite est le seul pays producteur au monde actuellement qui est en mesure de peser sur l'offre mondiale, et donc sur les prix, tout dépendant d'une entente entre les USA, (ces derniers n'étant pas concernés par les accords Opep/non Opep), et l'Arabie Saoudite pour déterminer le prix plancher. Quatrièmement, tout concours ainsi à un soutien mesuré de la Russie à un accord de régulation des prix. Récemment, la Russie a accru sa production, et ouvert de nouveaux gisements en Sibérie ou dans l'Arctique, témoignant d'une stratégie agressive. L'Algérie doit être attentive à la stratégie gazière mondiale. En effet, les recettes de Sonatrach sont représentées pour un tiers du gaz naturel et du GNL. Cinquièmement, du retour sur le marché de la Libye pouvant aller facilement vers 2 millions de barils/jour, de l'Irak avec 3,7 millions de barils jour (réservoir mondial à un coût de production inférieur à 20% par rapport à ses concurrents) pouvant aller vers plus de 6/7 millions/jour. Et surtout l'Iran après les accords sur le nucléaire ayant des réserves de 160 milliards de barils de pétrole lui permettant facilement d'exporter entre 5/6 millions de barils jour et le deuxième réservoir de gaz traditionnel avec plus de 34 000 milliards de mètres cubes gazeux. Sixièmement, les nouvelles découvertes dans le monde notamment en offshore notamment en Méditerranée orientale (20 000 milliards de mètres cubes gazeux expliquant en partie les tensions au niveau de cette région) et en Afrique dont le Mozambique qui pourrait être le troisième réservoir d'or noir en Afrique et les nouvelles technologies permettent l'exploitation et la réduction des couts des gisements marginaux de gaz et pétrole de schiste. Septièmement, les USA/Europe qui représentent actuellement plus de 40% du PIB mondial pour une population inférieure à un milliard d'habitants poussent à l'efficacité énergétique avec une prévision de réduction de 30% et l'urgence d'aller vers la transition énergétique afin de luter contre le réchauffement climatique car si les chinois, les indiens et les africains avaient le même modèle de consommation énergétique que les USA et l'Europe il faudrait cinq fois la planète actuelle. La Chine selon l'agence Reuters de septembre 2017, vient de faire savoir qu'elle réduira de 50% son parc de voitures fonctionnant au gasoil et à l'essence horizon 2020. La stratégie mondiale devrait reposer sur des efforts de limitation du recours aux énergies fossiles, le monde s'orientant vers un Mix énergétique, l'énergie de l'avenir horizon 2030/2040 étant l'hydrogène où la recherche développement connait un réel essor. Huitièmement, l'évolution des cotations du dollar et l'euro, toute hausse du dollar, bien que n'existant pas de corrélation linéaire, pouvant entraîner une baisse du prix du baril, ainsi que les stocks américains et souvent oubliés les stocks chinois. 2.- L'OPEP face aux accords de Vienne L'Arabe Saoudite représente plus de 33% de la part de la production de l'Opep. Les pays du Golfe représentent à eux seuls 60% de cette production. Pour les pays hors Opep, le producteur traditionnel le plus important reste la Russie. L'engagement correspondant à l'effort envisagé lors de la réunion d'Alger de septembre 2016 a permis la remontée des cours du pétrole entre une fourchette fluctuant entre 55/60 dollars le baril. Suite aux travaux du comité de haut niveau, qui a permis d'aplanir les tensions notamment entre l'Arabie Saoudite et l'Iran, la dernière réunion à Vienne de décembre 2016 a permis aux pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et certains pays non Opep de parvenir à un accord de réduction et ce pour la première fois depuis 2008, et qui devrait réduire l'offre de pétrole de 1,8 millions de barils/jour. L'accord des pays non-Opep s'applique, comme celui de l'Opep, à partir du 1er janvier 2017 pour 6 mois, avec des prolongations possibles à chaque fois de 6 mois supplémentaires selon l'état du marché. Les limites de production prévues par l'accord touchent 11 des 14 pays membres de l'Opep. L'essentiel de l'accord du 30 novembre est porté par les plus gros producteurs du cartel : Arabie Saoudite, l'Irak, Emirats arabes unis, Koweït, tandis qu'Iran, Nigeria et Libye en ont été exemptés. Le Nigeria avait annoncé fin février 2017 un accroissement de sa production de plus de 300 000 barils jour entre 2017/2018 sans compter le retour de la Libye qui peut exporter entre 1,5 et 2 millions de barils jour. Or, à la dernière réunion de l'Opep, la Russie qui produit plus de 10 millions barils/jour a demandé que ces pays participent à l'effort de réduction pour stabiliser le marché. Rappelons que l'Iran a bénéficié de la référence la plus favorable avec un volume de 3,97 Mb/j retenu (contre un niveau de 3,69 Mb/j, bien que l'Iran souhaite que sa production remonte à 4,2 Mb/j. (A suivre) Abderrahmane Mebtoul Professeur des Universités, expert international directeur d'Etudes Ministère Energie/Sonatrach