Avec l'échec des négociations tenues lors de la dernière réunion des membres de la commission intersectorielle mise en place par le ministère de la Santé et les représentants des grévistes, le mouvement de protestation des médecins-résidents pourrait se durcir. Il faut rappeler qu'en grève depuis fin novembre 2017, ces derniers, du moins leurs représentants, se sont retirés de cette réunion parce que, a affirmé Hamza Boutaleb, membre du collectif des médecins-résidents : «Nos revendications n'ont pas été prises en considération. Nos interlocuteurs de la commission ministérielle n'ont rien voulu entendre en ce qui concerne le service civil. Nous avons introduit vingt-quatre points. Le ministère de tutelle cherche à gagner du temps. Nous condamnons ce comportement.» Ce qui signifie que la rencontre tenue ce dernier mardi en l'absence du premier responsable du secteur, a accouché d'une souris. D'autres membres ont estimé que : «Les propositions avancées par le ministère ne sont pas à la mesure des attentes des résidents. Ils ont gardé les grands CHU avec 4 ans de service civil, une année ou deux de moins dans les petites villes. Ce qui est très en-deçà de nos aspirations. L'intention du ministère de diluer nos revendications est perceptible dans sa tentative d'éterniser la situation». Conséquence, la grève se poursuit dans tous les Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) du pays. D'un côté comme de l'autre, rien n'a été préalablement fait pour que la concertation entre les deux parties aboutisse. Celle-ci intervient dans un contexte tout particulier, où l'administration publique est marquée, par des mouvements sociaux persistants dans certains secteurs d'activité comme l'éducation. Des nombreux points de revendications avancés par les résidents, celui du service civil, a cristallisé les échanges entre le ministère et les grévistes. Il reste tout de même que les structures du secteur sanitaire où il n'y a pratiquement pas de résident, activent normalement. C'est dire que sans être trop contraignantes, du fait du respect du service minimum par les grévistes, de la présence assidue des professeurs et maîtres-assistants, de la disponibilité des praticiens spécialistes du secteur sanitaire dans toutes les wilayas du pays, la grève des résidents, entamée en novembre 2017, a, tout de même, créé des difficultés en termes de prise en charge des malades. Particulièrement ceux hospitalisés concernés par l'une ou l'autre des nombreuses spécialités médicales ou ceux suivis en ambulatoire. Cette situation créée par la grève des résidents qui se poursuit à ce jour, s'est étendue à travers l'ensemble des CHU du pays. Ce que confirment les directeurs généraux dont Le Dr Bensaïd Abdallah Nabil en charge du CHU Annaba qui regroupe 1000 médecins résidents dans 6 unités hospitalières. D'une capacité d'accueil globale de 1100 lits. A l'image des autres du territoire national, ces unités comportent toutes les spécialités médicales. Il reste que ce débrayage n'est pas suivi par l'encadrement pédagogique entre professeurs et maîtres-assistants et par les agents médicaux et para-médicaux. Bien qu'assuré, le service minimum mis en place n'est pas en mesure de répondre efficacement aux sollicitations des patients. Ce qui a pour conséquence, le renvoi dans leurs foyers des malades dans l'attente d'une consultation ou intervention médicale spécialisée. Celles pointues destinées aux patients hospitalisés dans l'un ou l'autre des services d'un CHU sont limitées au service minimum. Quant à ceux en ambulatoire, les renvois pour cause de grève sont un quotidien. Les services de traumatologie, oncologie, ORL, médecine interne et autres pathologies, activent pratiquement au ralenti malgré la présence permanente des professeurs et maîtres assistants. Des malades venus des wilayas limitrophes pour des soins adaptés au CHU, sont, pour leur grande majorité, contraints de rebrousser chemin avec ce que cela peut entraîner comme impact négatif sur leur état de santé. A l'exception de ceux présentant véritablement une urgence dans la prise en charge, nombre de patients sont refoulés. Ce qui ne réduit en rien les activités des urgences des CHU très sollicités H/24. Bon nombre de patients et d'accompagnateurs se sont interrogés sur le bien-fondé des mouvements de débrayage observés dans les hôpitaux et sur le rôle que l'Etat doit jouer. D'autres ont réagi sur la paralysie des CHU, notamment le caractère raisonnable ou abusif du débrayage. Sûrs de ce qu'ils estiment être leur bon droit, les grévistes dénoncent le mépris du ministère de tutelle qui n'a pas à cœur les maux qui minent les activités des résidents. Certains ont relevé que le règlement de ces maux n'est plus du ressort du seul ministre de la Santé.