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Grève des résidents et paramédicaux: Une commission en attendant le dénouement
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 22 - 01 - 2018

Le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière a installé hier une commission dont la mission principale est de se pencher sur les doléances des grévistes du secteur.
Mokhtar Hasbellaoui a fait hier ce que Ould Abbès alors à ce même poste en 2011 a fait mais dès le début de la grande crise qui avait secoué le secteur dans sa totalité. Le ministre de la Santé a en effet, installé hier une commission qu'il a chargée de se pencher sur les revendications des grévistes. Hasbellaoui a pris près d'un mois et demi pour passer cette étape. La première, celle de rencontrer les grévistes pour les écouter, il avait décidé de l'entreprendre que près d'une quinzaine de jours après que les résidents ne se soient mis en grève. Ce n'est en fait que le 28 décembre dernier que Hasbellaoui les a reçus alors qu'ils étaient en grève depuis le 14 novembre (date du 1er préavis de grève). Pourtant, il n'était pas difficile pour lui de « copier » ce qui avait été fait par ses prédécesseurs pour calmer les esprits d'un secteur qui s'est érigé en maître de la vie et de la mort des citoyens. Ceci en l'absence d'une volonté politique et de courage des ses responsables d'y remettre de l'ordre sans donner de préavis. D'autant qu'il n'en est pas à son premier débrayage occultant les situations les plus pénibles de malades généralement venus de loin pour trouver prise en charge. En 2011, ce sont divers corps de la santé qui s'étaient mis en grève. Dès l'annonce du mouvement, Ould Abbès alors ministre du secteur avait tout de suite reçu leurs représentants pour leur dire que l'annulation du service civil ne relevait pas de ses compétences. Il s'était cependant, concerté avec Hraoubia qui était ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour l'institution d'une commission qu'ils ont chargée de voir ce qui pouvait être fait au titre du règlement des autres revendications. Conscients de la gravité de la situation, ils avaient désigné le Professeur Moussa Larrada pour mener les négociations.
Quand l'histoire reprend ses droits
La personne choisie était tout indiquée pour écouter et comprendre une corporation, et régler ou proposer des «palliatifs » à des problèmes récurrents qu'elle connaissait bien pour les avoir côtoyés pendant de longues années. Le Pr Larrada était à l'époque doyen de la faculté de médecine. Il a aussi présidé le conseil d'éthique et de déontologie. Il avait ainsi un droit de regard sur tout ce qui touchait au secteur de la santé. Il avait mené des négociations ardues de mars à juillet 2011. C'est dire que la tâche n'était pas de toute aise. Le 1er ministre de l'époque qui n'était autre qu'Ahmed Ouyahia avait, à l'issue de cette longue période de négociations, paraphé un document portant statut du résident où figuraient les réponses à plusieurs interrogations de ce corps. L'histoire reprend aujourd'hui ses droits et remet les résidents en grève pour n'avoir pas vu leurs problèmes réglés définitivement. Aujourd'hui, la tutelle s'est passée des services «négociateurs» du Prof. Larraba...
Remarque évidente, le ministre de la Santé a daigné recevoir les représentants des grévistes le 28 décembre dernier en sachant pertinemment que c'était le jour où le Conseil des ministres devait se réunir pour que le président de la République signe la loi de finances. C'est un rituel que tout ministre se doit de savoir. Ne pouvant ménager son emploi du temps, Hasbellaoui n'a accordé aux grévistes qu'un tout petit quart d'heure pour juste leur dire que «vous n'êtes que des étudiants, vous relevez directement des professeurs chefs de service. » A leur sortie, les grévistes ont tout de suite déclaré que désormais «nos interlocuteurs ne doivent être que la présidence de la République et le 1er ministre.»
Le ministère n'a pas la forme
Le 13 janvier dernier, le ministre décide de faire changer la balle de camp et réunit les directeurs de santé de wilayas et les directeurs généraux des CHU pour leur lancer de but en blanc que «ce que je vais dire, ce sont des ordres et non pas des prières (…), les responsables de ce mouvement de protestation, ce sont les acteurs locaux et non pas la tutelle. » Le responsable de la tutelle estime que « si les résidents veulent la suppression du service civil, c'est parce que les autorités locales ne leurs ont pas assuré les conditions sociales requises comme le logement et les DG des CHU et les DSW ne leurs ont pas préparé le plateau technique. » Le ministre doit certainement savoir que dès 2000, le secteur s'est doté d'équipements modernes de tous gabarits et pour toutes les spécialités entre autres des scanners de dernière génération chèrement payés. Les observateurs s'interrogent de ce qui est advenu de ces équipements en l'espace de quelques années. L'on sait qu'en l'absence de spécialistes notamment dans les hôpitaux des wilayas reculées, les équipements ont été stockés inutilement. Il est largement admis que pour ce qui est des logements de fonction pour les médecins affectés, seul le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire peut instruire les walis pour en réserver des quotas. Solution de facilité, le ministre de la santé a décidé de geler les affectations des spécialistes et ce, a-t-il lâché, « jusqu'à ce que les conditions sociales de leur accueil se soient améliorées. » Décision appréciée pour une corporation qui n'aime pas trop être malmenée par un service civil ou un autre militaire sous prétexte qu'elle constitue « l'élite de l'élite» L'on se rend compte alors que Hasbellaoui a décidé de sacrifier les malades pour régler les problèmes des résidents. Il a tenu ainsi à répondre aux besoins des médecins et a privé les citoyens de soins. Tout professeur dans le secteur qu'il est, Hasbellaoui est jugé «agressif» par ces cadres qui affirment vivre dans un profond malaise. Le ton et le verbe auxquels il recourt pour interpeller ses subalternes frôlent selon nos sources, ceux d'un querelleur avéré. L'on avance que la semaine dernière un des cadres a fait un malaise dans son bureau à force de l'avoir malmené… C'est dire qu'au ministère de la Santé, ce n'est pas la grande forme.
Au milieu d'un dialogue de sourds, les citoyens pâtissent lorsqu'on sait que des patients ne sont pas opérés parce les équipes médicales des blocs opératoires ne sont pas au complet. Les médecins résidents maintiennent leur mouvement de grève et les personnels paramédicaux ont décidé de débrayer trois jours chaque semaine au lieu de deux comme au début de leur contestation. Le dérapage est bien là. Il y est depuis que les forces de l'ordre ont décidé de taper du médecin résident sur instruction d'on ne sait quelle autorité…


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