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Mohamed Demagh ou la disparition d'un ténor de la sculpture algérien
Publié dans La Nouvelle République le 17 - 08 - 2018

C'est avec consternation que l'opinion algérienne et en particulier les artistes ont appris la disparition de l'un des grands sculpteurs algériens, en l'occurrence Mohamed Dmagh. Ce dernier qui a tiré sa révérence dans la nuit du vendredi a été inhumé hier en présence de plusieurs personnalité. Né le 4 juillet 1930 à Batna, dont le père était instituteur, Mohamed Dmagh a fréquente l'école technique d'ébénisterie d'Hussein Dey.
Durant la guerre de libération nationale Mohamed Demagh survit le 24 juin 1956 à un bombardement de l'aviation français lorsqu'il est au maquis dans les Aurès sous le commandement de Abdelhamid Boudiaf où 35 de ses compagnons périssent. Il avait refusé de participer à la guerre d'Indochine. En ce qui concerne sa vie artistique, il l'a débuté dès 1966. Un parcours durant lequel, l'artiste a présenté plusieurs expositions personnelles (Alger, 1992; Maatkas, 2000) et participé à des manifestations collectives en Algérie (1969, 1974, 1983, 2006) et à l'étranger.
Il a notamment réalisé deux sculptures (L'étonnement et La mère et l'enfant) pour le Festival panafricain d'Alger en 1969 où il obtient le premier prix. Dans son élan de militantisme, cet artiste qui fut également un mai de Kateb Yacine, a créé une œuvre à partir de débris de bombes qui datent de la Guerre d'Algérie en hommage aux victimes de l'attentats du 11 septembre. Une rétrospective de sa vie d'artiste a été réalisée par la télévision algérienne pendant les années 1980.
Ami d'artiste, et d'écrivain, Tahar Djaout dira de lui en 1980 : «Dans son atelier de Batna, Mohammed Demagh maintient le bois en éveil. Il le moule pour libérer l'élan qui sommeille sous la gangue pesante de l'écorce. Bois abattu auquel le sculpteur infuse une nouvelle vie, communique une autre dynamique pour le lancer à la conquête de nouvelles formes et de nouvelles significations. La sculpture de Mohammed Demagh est à la fois une sculpture charnière et une sculpture-témoin. De la gravure populaire sur bois, elle a gardé la spontanéité et l'état quelque peu brut; des conquêtes plastiques actuelles elle a adopté la liberté des formes et l'audace des expressions. Le corps de l'objet sculpté devient un champ de cris et de signes où chaque observateur peut loger ses propres visions et sa propre lecture.»


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