Le projet de la loi de finances 2019 après sa finalisation en conseil interministériel cet été, adopté sans surprise, ni réserves en Conseil des ministres il y a trois jours, ne révèle rien de particulier dans son élaboration extrêmement prudente. En effet, les agrégats macroéconomiques, et les dispatchings des finances ne divergent que très peu, malgré une remontée spectaculaire du prix du baril de pétrole. La prudence a été un leitmotiv omniprésent dans les grandes lignes qui ont contribué à finaliser la Loi de finances 2019, ne retenant comme moyenne que 50 dollars le baril, une timide croissance de 2,6%, et une inflation de 4,5%. Les critiques acerbes des députés de l'opposition qui s'en sont pris au gouvernement d'Ouyahia lors des débats sur le projet de Loi de Finances complémentaire 2018, lors de sa réalisation, l'accusant de «n'apporter aucune nouveauté pour développer l'économie du pays», et que «le PLFC 2018 consacre le recul des acquis d'un Etat social», et allant par la critique, jusqu'à affirmer à la presse, que le gouvernement ne détenait aucune stratégie, ni de vision dans la gestion du pays, auront bien du mal cette fois, à remettre en cause la politique protectionniste de l'Etat, qui ne pourra plus se cacher derrière les effets pervers de la crise consécutive à la baisse des recettes pétrolières de 2014. Elaborée sur la base d'un prix du pétrole à 50 dollars, et des recettes budgétaires atteignant les 6508 milliards de dinars, dont 2714 milliards de dinars de recettes que l'Etat empochera au titre de la fiscalité pétrolière, nul doute que le gouvernement n'a eu aucun mal a faire donner un cachet social au pilotage des finances publiques durant l'année s'annonçant toutefois pleine d'incertitudes géopolitiques. Les prises de décision déconcertantes du président Trump sur des dossiers extrêmement délicats à caractère systémiques dans les domaines du commerce international, ou à propos de l'embargo qu'il veut imposer à l'Iran, et au Venezuela, ainsi que le manque de visibilité sur une possible paix en Libye, n'autorise pas les marchés financiers à faire des projections à court, et moyen termes. Néanmoins, et ne comptant que sur les possibilités de financement internes, le gouvernement d'Ouyahia a pu se permettre de doper les budgets de fonctionnement, et d'équipement, et ce qui ressort est le budget des transferts sociaux qui atteindra 1.763 milliards de dinars, soit 21% du budget de l'Etat. Dans les détails, le Conseil des ministres communique les prévisions des dépenses concernant les transferts sociaux pour 2019 à 1.421 milliards de dinars, d'après nos calculs avec des montants de plus de 445 milliards de dinars destiné au soutien des familles, près de 290 milliards de dinars pour les retraites, près de 336 milliards pour la politique publique de santé et, enfin, quelque 350 milliards de dinars pour le secteur de l'habitat. On remarquera que le niveau des dépenses se réalisera sans hausse des impôts, et que la conjecture économique ne prête pas à l'euphorie, avec une balance commerciale toujours sérieusement déficitaire, et des réserves de change se réduisant comme une peau de chagrin.