Les superlatifs ne manquent pas pour qualifier la résistance de l'ancien résistant à l'ordre colonial, en l'occurrence Saïd Bouhadja, qui n'est autre à si méprendre dans la hiérarchie étatique, que le troisième personnage politique de l'Etat, qui, depuis trois semaines, est poussé à la démission de l'instance parlementaire, par les chefs des deux partis majoritaires à l'assemblée populaire nationale, qu'appuient les indépendants, les députés de TAJ et du MPA provoquant une crise politique sans précédent, au risque de faire dissoudre l'APN à quelques mois de la présidentielle. Saïd Bouhadja est un vieux routier de la politique connaissant parfaitement bien les coulisses du FLN pour avoir été directeur de la communication. Son ascension s'est faite étape par étape jusqu'à son installation comme président de la Chambre basse, sans tambours, ni tromperies... pourrait-on écrire à la place de trompettes, ce qui affermis sa réponse immédiate lorsqu'il constate que la guerre des nerfs enclenchée contre lui, a été mise à exécution, par la réduction des effectifs de sa garde rapprochée, réduite à deux au lieu de huit habituellement. Ce qui n'était qu'une rumeur dans les allées du palais de Zirout Youcef depuis un certain temps, a été mis en accomplissement jeudi dernier, avec la diminution du nombre de policiers rattachés au président du Parlement. Il n'en fallut pas moins pour que Saïd Bouhadja riposte en décidant de sortir de l'hémicycle parlementaire en compagnie d'un collègue pour aller s'asseoir à la terrasse d'un café, jouxtant le restaurant le Zénith et la rue Abane-Ramdane, puis d'entamer une longue promenade qui le mènera de la rue Larbi Ben M'hidi, à la place Maurice Audin lui permettant de croiser des citoyens qui n'ont pas manqué de le questionner en compagnie de certains rapporteurs de presse sur la crise qui secoue l'instance parlementaire depuis quinze jours. Si pour le Premier ministre, «il n'y a pas de crise politique», à la suite de la demande de démission de la majorité parlementaire, selon sa déclaration faite il y a huit jours, en marge du séminaire national de la femme, et que le bras de fer engagé depuis «n'est qu'un problème au sein de l'Assemblée», affirmant que «la Présidence de la République n'a rien à voir dans ce qui se passe au sein de l'hémicycle du Parlement» au sujet du retrait de confiance qu'ont notifiié les élus qui l'ont élu ; M. Ouyahia, qui est le Secrétaire général du RND et dans le même temps Premier ministre, ne peut ignorer que les préjudices d'un blocage de l'APN dans le contexte actuel nuirait considérablement en cette étape délicate aux bons fonctionnements des institutions républicaines. Les commanditaires du départ de Bouhadja ne s'attendaient vraisemblablement pas à autant de résistances de la part d'un homme qui a paru amoindri, et même désarmé devant les assauts des chefs de la coalition. Quinze jours après l'offensive réclamant la démission de Bouhadja, ce dernier vient de donner une leçon d'humilité à ses adversaires politiques, en allant prendre un bain de foule dans le centre d'Alger, comme le faisaient naguère les ministres de la République qu'on a vu au marché Clauzel, et d'Ali Mellah faire leurs emplettes hebdomadaires, sinon se promener rue Didouche Mourad sans escorte, ni protocole.