Faut-il diminuer ou non le niveau de la production pétrolière? L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses partenaires qui se réunissent aujourd'hui et demain (jeudi 5 et vendredi 6 décembre) à Vienne (Autriche), décideront de la réponse à apporter à cette question qui taraude les esprits aussi bien des experts et observateurs du marché pétrolier international que des investisseurs à l'affût du moindre signe se rapportant à l'évolution des prix. On sait que les opérateurs de marché ont anticipé une réduction de la production qui pourrait être décidée lors de cette réunion de l'Opep. Les producteurs réunis à Vienne représentent plus de la moitié de l'offre mondiale, et s'ils continuent d'extraire de l'or noir à des niveaux record, ils risquent en effet de voir les prix continuer de flancher. Les cours du brut ont chuté de plus de 30% en deux mois et évoluent désormais autour de 60 dollars pour le baril de Brent, la référence européenne. Hier, vers 11H00 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février valait 62,11 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 3 cents par rapport à la clôture de mardi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour janvier gagnait 9 cents à 53,34 dollars. Pour les experts, les prix du pétrole hésitaient alors que des doutes émergent sur la capacité de l'Arabie saoudite d'obtenir une baisse coordonnée de la production lors du sommet de l'Opep jeudi et vendredi. La veille, mardi, en cours de séance, les prix ont effacé une grande partie de leurs gains du début de journée après que le ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Faleh, a jugé qu'il était «prématuré» d'affirmer que les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs partenaires s'accorderont sur une baisse de la production. Le ministre «a alimenté les doutes», ont expliqué les analystes de Commerzbank qui précisent que, précédemment, des rapports avaient évoqué «une coupe d'au moins 1,3 million de barils par jour». Outre les déclarations des principaux acteurs du marché pétrolier, les facteurs conjoncturels qui agissent habituellement sur les cours, sont passés au crible. La trêve commerciale entre les Etats-Unis et la Chine est analysée minutieusement. Les observateurs avaient noté un climat d'enthousiasme général après la trêve commerciale conclue entre Pékin et Washington. Cette pause dans les hostilités commerciales a favorisé un fort rebond des cours du brut, qui avaient perdu le mois dernier plus de 20% en raison de craintes d'un ralentissement de la demande. Mais l'impression d'optimisme que cette information avait suscitée, s'est un peu refroidie même si la tendance à la hausse a été maintenue avec une ampleur ayant légèrement diminué. Il n'y a pas encore un vrai accord entre la Chine et les Etats-Unis, or sans accord les tarifs douaniers seraient appliqués sur les produits chinois qui entrent sur le sol américain. Enfin, la publication du rapport hebdomadaire sur les réserves de pétrole aux Etats-Unis aura lieu jeudi, en pleine réunion de l'Opep. Dans ce contexte, un redressement des cours pétroliers passe par une réduction «conséquente» de la production des pays de l'Opep et de ses partenaires non-Opep, a indiqué l'expert dans les questions énergétiques, Nazim Zouioueche, dans un entretien accordé à l'APS. Par ailleurs, le cours du baril a faiblement réagi au retrait du Qatar de l'Opep à compter de janvier 2019, les prix mondiaux du pétrole ont légèrement ralenti leur augmentation lundi, conservant leur tendance à la hausse. Le Qatar a annoncé lundi son retrait de l'Opep pour se concentrer sur ses ambitions en matière de gaz naturel. L'émirat, l'un des plus petits producteurs de l'Opep mais premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié (GLN), est englué depuis 2017 dans un conflit diplomatique avec l'Arabie saoudite et certains de ses voisins. Doha a assuré que sa décision n'était pas motivée par des considérations politiques. Or, son ministre de l'Énergie, Saad al-Kaabi, a visé Riyad en déplorant le fait que le marché pétrolier soit «contrôlé par une organisation gérée par un pays», sans toutefois le nommer directement.