A-t-il raison de s'engager dans un tel conflit avec l'EPTV ? S'est-il référé aux erreurs commises dans la gestion de la programmation des rencontres de football ? Comment les répercussions d'une telle sanction sur les engagements des clubs vis-à-vis de leurs annonceurs seront-elles gérées ? Oublie-t-on que la notoriété du championnat ne peut que s'adosser un média et notamment la télé ? Le président de la LFP est allé trop vite en besogne, tonnent plusieurs footballeurs, amoureux de ce sport . Des voix s'élèvent des différentes rives de la Méditerranée pour faire part de leur mécontentement quant à la déclaration du président de la LFP, et ce, contre le partenaire exclusif de la FAF en matière, notamment de retransmission. La télévision et le football développent au quotidien, ce qui n'est étrange pour personne, une puissante relation professionnelle au grand bonheur des clubs et des supporters, ce qui n'est un hasard. Le célèbre paradoxe de l'œuf et de la poule aboutit ici à un cercle vertueux : l'amélioration de la notoriété du contenu (le football), facteur d'attractivité pour le support (la télévision), valorise d'autant plus son contenu. Le président de la LFP a, une nouvelle fois, raté sa sortie médiatique, il a voulu piéger la télé et c'est la télé qui le piège. Dans un communiqué rendu publique, la direction générale de l'EPTV répond aux regrettables accusations du président de la Ligue de football professionnel, qui se fait remarquer une fois de plus par sa non maîtrise de la communication. L'EPTV assure dans un communiqué publié ce mardi 29 janvier qu'elle a «toujours honoré ses engagements financiers», en «dépit d'une conjoncture économique difficile» et ce «malgré une défaillance dramatique en matière de protection de ses droits par le piratage systématique de certains éditeurs de service de télévision ainsi qu'à l'intérieur des enceintes de compétition». L'EPTV, d'une manière académique, fait rappeler à l'auteur des accusations que l'instance qu'il dirige en l'occurrence est en «violation flagrante des termes du contrat», liant les deux partenaires, et qui «l'autoriserait à ne pas payer». Pire encore, elle lui soulève le couvercle qui laisse échapper ce que la télévision a gardé au chaud : «Le nombre sans cesse croissant de matches à huis clos», qui «pénalise le téléspectateur encore une fois privé d'une compétition dont l'objectif est d'apporter du spectacle et de la convivialité». Poursuivant, la direction générale de la télé nationale fait rappeler une réalité que tous les présidents de clubs avaient vécue et dont certains : «Ce nombre de matches à huis clos ainsi qu'une programmation anarchique et hasardeuse de la compétition ont provoqué un impact financier négatif important dont l'évaluation précise sera portée à la connaissance de la LFP». Le docteur en économie, Jean-François Bourg est chercheur associé au Centre de droit et d'économie du sport (OMIJ, Université de Limoges) résume bien la situation de ces relations : «Le sport est un gisement de programmes et d'audience pour la télévision qui est, elle-même, un gisement financier et un vecteur de promotion pour le sport». Maintenant que les deux parties sont sur le terrain de la confrontation, le match va commencer, puisque L'EPTV demande ouvertement à la LFP de «lancer un appel à candidatures pour l'attribution des droits de retransmission en toute équité». Qui gagnera la partie ? Mais comme le football ne peut plus se passer de la télévision, parce que celle-ci est devenue sa principale source de revenus, le suspens va encore durer quelques semaines, avant qu'une intervention ne vienne mettre fin à un conflit causé, une fois de plus, par l'absence de maîtrise de communication. Des auteurs de plusieurs ouvrages, consacrés à l'image, la relation foot-télé et à ce couple incontournable écrivaient que la télévision joue un rôle essentiel dans l'accroissement de la valeur économique. Une vérité qui montre du doigt l'insuffisante maîtrise de la communication et du marketing. S'il y a quelques années encore, certains craignaient que la télévision ne vide les stades, on s'aperçoit aujourd'hui qu'il n'en est rien. Bien au contraire, les clubs et les compétitions les plus exposés médiatiquement sont également ceux qui enregistrent les plus fortes affluences. «Dans la fascinante révolution audiovisuelle qui est désormais en marche, le football apparaît plus incontournable que jamais», juge un expert européen.