Comme d'habitude à l'approche de la Fête de la journée nationale du chahid le 18 février de chaque année, la fièvre du logement social monte d'un cran dans la ville d'Aïn Témouchent. Ainsi plus de 2 000 postulants ont la peur au ventre et attendent avec impatience cette fameuse liste qui certainement fera des heureux et beaucoup de mécontents. La publication de la liste des bénéficiaires de logements publics locatifs dans la commune d' Aïn Témouchent tarde à voir le jour. Les postulants concernés n'ont pas compris le pourquoi de ce retard et maintenant le report. Il est devenu une tradition qu'à chaque célébration d'une fête nationale, les autorités de la wilaya en programment la distribution de logements. Curieusement, les jeunes filles et les femmes divorcées sont les plus inquiètes. Elles s'estiment lésées par les différentes commissions de daïra de distribution de logement social locatif. Chaque lundi, jour de l'audience, des «essaims» de femmes et de jeunes filles s'observent au siège de cet édifice public dans le souhait de décrocher des bribes d'informations. Quelques postulantes se sont confiées à la presse : «Certains maires et chefs de daïra transgressent la loi fixant les modalités de distribution de ce genre de logement. Iils nous refusent l'octroi de logement du fait que nous nous sommes pas mariées sans en tenir compte que notre situation sociale est plus précaire. Il y a des cas de jeunes filles quinquagénaires orphelines, encore célibataires vivent comme des SDF sous les toits de leurs frères dans des conditions humiliantes et indignes sont pas mariées. Nous avons tenté de dénoncer des responsables auprès de madame le wali, malheureusement les agents au niveau du siège de la wilaya nous ont refusé l'accès». Contacté au sujet de cette préoccupation, le chef de la daïra de Ameria a été explicite dans sa réponse: «Il n' y a aucun texte qui fait la distinction entre les postulants à base de genre. Les membres de la commission doivent se pencher sur les résultats des enquêtés sociales effectuées auprès de tous les postulants. Si une jeune fille postulante remplit les conditions requises alors je ne vois pas d'inconvénient. Pour moi tout celui qui mérite un droit, il l'aura.» Quoique les textes de l'Etat sont clairs et ne font pas de distinction entre l'homme et la femme, il existe encore des esprits conservateurs parmi les membres dans les commissions de distribution de logement qui lèsent instinctivement ces postulantes sous prétexte qu'elles sont célibataires ou divorcées. C'est le cas de cette fille de Chahid, R. Fatiha, célibataire sexagénaire dans la commune de Sidi Ben Adda qui n'a même pas bénéficié d'un logement du type F1 depuis 1994, et ce, malgré que les rappels fréquents de la direction des moudjahidines, le chef de la daïra lui a refusé. Est-ce que le modique logement coûte plus cher que le sang pur d'un valeureux chahid ? Le comble, ce chef de daïra d'Aïn Témouchent a attribué des logements à des postulants plus aisés qu'elle. Hélas. Et dans le souci de résoudre ce phénomène d'injustice morale et de hogra à l'encontre de la gent féminine, certains observateurs plaident pour une révision approfondie du décret 98-42 définissant les modalités et les conditions d'accès au logement social locatif paru le 1er février 1998 lorsque l'Etat veillait à la restauration de la paix civile. Aujourd'hui, les circonstances ont changé. La situation sociale s'est détériorée avec la fermeture de entreprises publiques, la montée en flèche du chômage, l'augmentation de la population féminine et les conséquences néfastes des divorces dont les enfants sont les victimes. En première solution, l'Etat doit fixer un quota aux postulantes les plus démunies et en détresse sociale. En principe, le décret gérant le logement social public tienne en considération la condition de la femme.