Mobilisés par Facebook, des milliers de citoyens sont sortis les trois derniers vendredi, ainsi qu'à plusieurs reprises en jour de semaine, pour protester contre la candidature du Président sortant à un nouveau mandat à l'occasion du scrutin du 18 avril prochain. D'autres revendications ont été portées par les slogans scandés lors des marches et des rassemblements, centrés sur l'exigence d'un Etat de droit, de la justice sociale et de la lutte contre la corruption. Dans l'opinion publique, dans la classe politique et au sein du pouvoir, de même que chez les personnalités de la société civile, tous reconnaissent, avec surprise et satisfaction, que ces manifestations populaires se sont déroulées sans aucun incident. L'impressionnant dispositif de police mis en place pendant les manifestations a eu plus une fonction de maintien de l'ordre public dans l'intérêt des manifestants que de répression de leur protestation. Les observateurs et commentateurs ont noté la grande maturité et le civisme des manifestants, pour la plupart adolescents et jeunes, traduisant une compréhension réelle de ce qu'est le pluralisme démocratique qui est désormais une réalité palpable dans notre pays. Par ailleurs, et sans surprise, l'ingérence étrangère qui a pointé le nez d'une façon provocatrice, est rejetée par tous; «khaoua, khaoua», lancent les manifestants, ce qui signifie: les Algériens sont tous des frères, l'étranger n'a pas à se mêler de nos affaires. Cela n'empêche pas les manifestants de critiquer violemment le pouvoir et d'en vouloir aussi à l'opposition qui a fini par s'inscrire dans le système, avec les avantages qu'il présente, et se couper, elle aussi, de la population. Maintenant, les questions qui peuvent se poser à tous, d'abord aux manifestants, mais aussi au pouvoir et à l'opposition, concernent la poursuite du mouvement populaire créé par les vagues de manifestations qui touchent la capitale et d'autres villes du pays. Le caractère pacifique ainsi que le calme et la sérénité qui l'accompagnent pourront-ils continuer à être observés dans les prochaines manifestations, si les protestataires maintiennent leurs actions de rues? Le jusqu'au-boutisme de certains manifestants va-t-il entacher la retenue et l'esprit de responsabilité dont ont fait preuve la majorité d'entre eux? Jusque là, ils ont fait preuve d'une grande vigilance et d'une prudence qui leurs font honneur, pour empêcher une éventuelle infiltration visant à provoquer le chaos et porter atteinte à la paix et à la stabilité, dont jouit l'Algérie et qu'ils tiennent à tout prix à préserver. Le réseau facebook a prouvé qu'il est un instrument efficace de mobilisation dans la mesure où des appels, anonymes et d'origine inconnue, à manifester dans la rue à Alger et dans d'autres villes du pays, ont été suivis par des milliers de citoyens. Mais, l'expérience montre qu'il est un médiocre moyen de démocratisation puisqu'il s'oppose au débat libre, et taxe de tous les noms, les auteurs d'avis contraires à ceux émis par les instigateurs des appels à manifester. En outre, les réseaux sociaux insèrent le mouvement populaire dans un espace virtuel où la notion de programme concret est ignorée, alors que le pouvoir et l'opposition qui disposent de programmes incluant tous les domaines de la vie du pays, sont rejetés tous deux. Il reste, comme perspective, la répétition des manifestations du vendredi, qui peuvent prendre les allures de sorties de weekend, en groupes de jeunes et adolescents comme pour aller au stade, en espérant que l'aspect festif qui a caractérisé les manifestations et rassemblements de ce vendredi 8 mars soit de rigueur encore. On apprend que, malgré le caractère pacifique des manifestations dans la capitale, vendredi dernier, un groupe de délinquants a pu profiter des conditions créées par ces manifestations pour s'attaquer au Musée public national des antiquités et des arts islamiques qui se trouve au Telemly, et commettre des actes de vandalisme et voler un certain nombre d'objet de valeur après avoir mis le feu dans des locaux administratifs causant la destruction de documents et de registres, selon un communiqué du ministère de la Culture.