Les forces israéliennes ont peut-être commis des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité en utilisant des forces militaires létales contre des manifestants non armés à Gaza, ainsi que l'a découvert une commission d'enquête indépendante de l'ONU. «Les forces de sécurité ont commis de graves violations des droits humains et du droit humanitaire international» a établi mardi, Santiago Canton, le chef de la Commission. «Ces violations justifient clairement une enquête criminelle et des poursuites» a-t-il ajouté. «(Les forces israéliennes) ont intentionnellement tiré sur des enfants, elles ont intentionnellement tiré sur des infirmes, elles ont intentionnellement tiré sur des journalistes, sachant que c'étaient des enfants, des handicapés et des journalistes», a dit Sara Hossein, une des trois autres enquêteurs désignés par le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies. Twitter Ads info and privacy La commission, formée après que 60 personnes aient été tuées en une seule journée de manifestation en mai dernier, a été chargée d'identifier les responsables des violations des droits en rapport avec les manifestations de la Grande Marche du Retour le long de la frontière est de Gaza. Israël a refusé de coopérer avec les enquêteurs de l'ONU et leur a refusé l'entrée dans le pays. Les enquêteurs ont été empêchés par l'Égypte d'accéder à Gaza par son territoire pour des raisons de sécurité, mais l'Égypte a, par ailleurs, coopéré, selon le rapport de la commission. Les États Unis, un des deux pays à voter contre la formation de la commission, se sont retirés de cette institution de l'ONU en signe de protestation. Le rapport de la commission appelle Israël à lever immédiatement le blocus qu'il exerce sur Gaza – une des revendications clef de la Grande Marche du Retour – et d'enquêter sur «tout assassinat et blessure liés à une manifestation, rapidement, impartialement et en toute indépendance». Faire reconnaître les responsabilités Un fichier confidentiel contenant des dossiers sur des gens suspectés d'avoir perpétré des crimes à l'échelle internationale en lien avec la Grande Marche du Retour seront remis à la Haute-Commissaire aux droits de l'homme pour transmission à la Cour pénale internationale. La situation en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza est sous observation préliminaire par la Cour pénale internationale depuis 2015. Son procureur en chef a publié un avertissement sans précédent à l'égard des dirigeants israéliens l'an dernier, comme quoi ils pouvaient être poursuivis pour l'assassinat de manifestants non armés à Gaza. Reconnaissant que les Palestiniens de Gaza n'ont pas la possibilité de s'adresser aux tribunaux en Israël, le rapport d'enquête recommande que les États membres de l'ONU «considèrent l'imposition de sanctions telles que l'interdiction de voyager ou le gel d'avoirs pour ceux identifiés comme responsables par la commission». Le rapport appelle aussi les États tiers à arrêter «des personnes supposées avoir commis ou ordonné la commission de crimes internationaux» ou de chercher à les extrader. Tandis que les leaders israéliens ont réagi violemment au rapport de la commission, les appels des enquêteurs de l'ONU à la reconnaissance de responsabilité ont été bien accueillis par les groupes de défense des droits humains et par ceux qui font campagne : commentaires de la campagne BDS, du Centre Al Mezan, de Hal-Aq, de Gisha, d'Amnesty International et de B'tselem. Voici le commentaire de B'Tselem : Nous apprécions aujourd'hui les recommandations de la Commission d'enquête @UN_HRC sur la Grande Marche du Retour, pour des sanctions envers les responsables israéliens. Nous réitérons l'appel aux États pour mettre en œuvre un embargo militaire sur Israël et pour l'intensification de campagnes #BDS à la base. Une commission d'enquête sur la Grande Marche du Retour pour le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a annoncé aujourd'hui que les forces israéliennes avaient commis «des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité» en tuant délibérément et en blessant des journalistes palestiniens, des travailleurs de la santé, des enfants, des handicapés et d'autres civils non armés. Le Comité National BDS (BNC) apprécie la recommandation de la Commission selon laquelle les États devraient sanctionner les représentants d'Israël responsables de ces crimes contre les Palestiniens de Gaza qui protestent contre des décennies de politique israélienne de nettoyage ethnique, de siège et de déni des droits. En sus des sanctions individuelles, le BNC réitère son appel aux États pour la mise en œuvre d'un embargo militaire sur Israël à double sens, qui mette fin à tous les achats et ventes d'armes vers et depuis Israël, à la recherche militaire et aux partenariats militaires ou policiers. Nous réitérons aussi l'appel à la société civile dans le monde pour qu'elle continue à se mobiliser afin que cesse l'impunité d'Israël, en intensifiant les campagnes de Boycott, Désinvestissement et Sanctions.