C'est à un branle-bas de combat très rigoureux auquel s'adonnent les douanes algériennes au niveau des frontières airs, terre, mer. Bien que l'on se refuse à toute déclaration à la presse du côté de la direction générale, il semble que des directives claires aient été données aux douaniers de ne rien laisser passer sans contrôle approfondi. Un défi s'il en est pour mettre un terme aux activités des porteurs de valises spécialistes du transfert illicite de la devise. Les résultats n'ont pas tardé. Il y a eu le recul des opérations de change, notamment celles de centaines de milliards, l'interpellation et la mise sous résidence surveillée ou contrôle judiciaire de plusieurs opérateurs économiques hier proches du cercle de décisions. C'est aussi le cas pour d'autres ayant tenté de fuir le pays. Interceptés, ils ont été présentés devant les autorités judiciaires spécialisées. Tel a été le cas d'Ali Hadad pris en charge par le procureur de la République près le tribunal de Constantine avant d'être transféré sur Alger. Selon des sources douanières, lors de son interpellation Ali Hadad était détenteur outre d'un passeport européen, d'un autre britannique. Il a été alpagué pour trafic de devises matériellement prouvé. C'est au moment de la fouille de la valise qu'il transportait que le pot aux roses a été découvert. Il était également en possession de 4 permis de conduire français, anglais, italien et espagnol. Les résultats qualifiés de positifs en matière de lutte contre le trafic illicite de devises, sont aussi le fait des dernières opérations de renforcement des capacités d'intervention des responsables en charge des opérations douanières aux frontières. Ce que d'ailleurs justifient les nombreuses décisions de mutation, sanction et rappel à l'ordre prises par différentes directions régionales dans le cadre d'un nettoyage opéré au niveau du corps des douanes. A l'exemple d'Annaba. Depuis l'avènement de la nouvelle direction régionale, il s'y est constitué un réseau de douaniers professionnels. Ceux-ci animent quotidiennement les activités des structures œuvrant au sein de leur administration respective. Il est question d'agent du changement et promoteur de la modernisation douanière tel que défini par l'organisation mondiale des Douanes. Ce faisant, la direction régionale de Annaba a voulu rapprocher d'une part, les wilayas douanières entre elles, et d'autre part, développer la collaboration entre celles-ci et la structure régionale. C'est ce qui a été mis à exécution à Oum Teboul dans la wilaya de Tarf. A ce niveau, l'on ne se limite plus à être une simple courroie de transmission des ordres de la tutelle. Les douaniers des régions frontalières de l'Est à l'image de leurs homologues des autres régions du pays ont démontré qu'ils étaient en mesure de réaliser avec succès, un travail d'avant-garde. Le résultat n'a pas tardé avec pour impact direct la baisse vertigineuse des prix dans le secteur de l'immobilier en Algérie. Depuis la mi-février 2019, où ce secteur lié aux opérations de transferts illicites de capitaux blanchis s'est totalement effondré. Surtout dans les villes comme Annaba, Alger, Oran, Constantine où les fonds investis sont d'origine douteuse. «En perte de vitesse alors qu'au début de l'année, il était très lucratif, le marché de l'immobilier financé sur la base de crédits bancaires et de transferts, n'est pas transparent. Le boom immobilier et la flambée des prix qui a suivi indiquent que de plus en plus de capitaux d'origine douteuse, circulent dans les plus importantes villes du pays», indique une source financière ayant requis l'anonymat. Les résultats auraient pu être plus probants si les autorités concernées avaient pensé à mettre en place une structure financière de contrôle. Celle-ci aurait eu pour mission de veiller à l'efficacité des normes de lutte contre le blanchiment et le transfert illicite d'argent. La même source a cité au titre de frontières poreuses et des investissements immobiliers douteux. Les wilayas de Annaba et Alger formaient au 31 décembre 2018 des «zones de libre-échange» de par leur autonomie non réglementée où transitent illicitement des centaines de millions de dollars/an. Par ailleurs, il est précisé que d'une manière générale, comparativement aux autres de différentes nationalités, la diaspora algérienne rapatrie annuellement le minimum de sommes en devises au pays. Le grand trafic qui sévit à ce niveau s'opère en dehors des canaux formels de transferts de fonds. Conséquence de l'instabilité politique et économique qui caractérisent le pays, la baisse des investissements est également considérable.