Sur fond de manifestations populaires pacifiques, la sortie de crise se précise. L'impasse a été évitée grâce à l'appel lancé par l'institution militaire à l'application des articles 7, 8 et 102 de la Constitution, qui a reçu un écho positif au sein de la population visiblement soulagée devant la perspective nouvelle qui s'ouvre au pays. L'option de la souveraineté du peuple dans le cadre des solutions constitutionnelles est réaffirmée, et elle est confortée, depuis lundi, par l'annonce par le président Bouteflika de sa démission qui interviendra avant le 28 avril 2019, date de la fin de son mandat électif. Cette sortie de crise se fait loin de toute ingérence étrangère qui a été unanimement et fermement rejetée, quelle qu'en soit la forme. Le nouveau gouvernement nommé pour la période de transition qui s'ouvrira avec la démission du Président Bouteflika, a commencé à travailler, les nouveaux ministres ayant été installés hier. Les débats portent maintenant sur l'avenir, sur la façon de concrétiser dans la vie de tous les jours les revendications exprimées par le mouvement populaire et qui dessinent finalement les contours de la société que veulent les Algériens et qui est fondée sur le progrès et la justice sociale. De nombreuses informations basées sur des faits véridiques et vérifiés, et non pas sur le mensonge comme il en pullule sur les réseaux sociaux, confirment que les revendications populaires portées par les manifestants sur leurs banderoles et dans les slogans qui sont scandés, ont été entendus. Il en est ainsi de l'information donnée dans un communiqué par le Parquet général près la Cour d'Alger qui a fait savoir que des enquêtes préliminaires sont mises en œuvre pour des faits de corruption et de transfert illicite de capitaux vers l'étranger, que des mesures d'interdiction «conservatoire» de sortie du territoire national de certaines personnes ont été prises, conformément aux articles 11 (alinéa 3) et 36 bis 1 du Code de procédure pénale. Ce communiqué a fait suite à une autre information concernant le patron du groupe ETRHB et ex président du FCE, Ali Haddad, arrêté par les services des douanes algériennes du poste frontalier d'Oum Tboul, en fin d'après-midi dimanche dernier, alors qu'il s'apprêtait à se rendre en Tunisie. Le concerné devait être transféré vers le tribunal de Bir Mourad Rais (Alger) pour répondre des griefs qui lui sont reprochés, à savoir, la non-déclaration de devises et présentation de dossier non conforme à la réglementation. La dénonciation de la corruption a été de nouveau scandée hier mardi, avec d'autres slogans habituels, par les étudiants qui ont été fidèles à leur rassemblement hebdomadaire à la Grande Poste d'Alger. Ils ont profité de cette manifestation de rue pour esquisser un débat sur l'avenir du pays dans le cadre du changement qui a commencé, ce qui prouve qu'ils sont optimistes quant à la suite des événements. Les étudiants, en compagnie d'autres jeunes, ont scandé le mot d'ordre significatif de «Djeïch, Châab, khaoua, khaoua !» (Armée, peuple, tous frères) et d'autres slogans qui montrent leur attachement à l'Armée nationale populaire (ANP) et à l'institution militaire plus largement. Lundi, à Tizi Ouzou, où il s'exprimait en marge de débats autour de la dynamique populaire en cours, organisés à l'Université Mouloud-Mammeri (Ummto), l'ancien commandant de l'ALN de la Wilaya IV historique, Lakhdhar Bouregâa, cité par l'APS, a appelé la jeunesse algérienne à «savoir ce qui se passe autour d'elle et agir de manière à immuniser l'Algérie» contre tous les dangers. «Notre pays, qui a payé chèrement son indépendance, est toujours sous la menace d'un complot extérieur visant à déchiqueter les nations dans notre région pour en faire un couloir de sécurité pour les intérêts de puissances étrangères», a-t-il prévenu. La période de terrorisme qu'a vécue l'Algérie durant les années 1990, a-t-il dit dans ce contexte, «était le début de ce complot, car l'Algérie constitue le cœur et l'âme du Maghreb». Les fausses informations qui circulent sur les réseaux sociaux ainsi que les vidéos manipulées sont la preuve que des manœuvres hostiles à l'Algérie visent, vainement, à empêcher une sortie de crise qui soit dans l'intérêt de notre pays. A ce propos, notons que le Premier ministre, Noureddine Bedoui a insisté, hier, mardi, sur la nécessité, dans cette conjoncture sensible, d'assurer les besoins des citoyens et le bon fonctionnement des services et des institutions.