Le chanteur engagé Baâziz a galvanisé mercredi le public algérois, venu nombreux apprécier dans une ambiance de grands soirs, un florilège de chansons de son ancien répertoire qui met à nu les travers de la société. Accueilli au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (TNA), dans le cadre de son programme d'animation du mois de Ramadhan, Baâziz, accompagné d'un orchestre de sept musiciens de métier, a enchanté près de 90 mn durant, le nombreux public qui a occupé la salle de spectacle, ainsi que ses trois balcons. Le pas décidé et le sourire large, Baâziz est apparu sur scène sous un tonnerre d'applaudissements et de youyous, lançant à son public d'un geste plein, un salut enthousiaste, empreint de plaisir à le retrouver. Quelques standards dans le genre «Chaâbi» et une dizaine de pièces écrites par l'artiste avec la plume aiguisée et le verbe tranchant qui lui sont connus, ont été judicieusement rendues dans le rire et la dérision, une dynamique interactive que Baâziz, Artiste importun, a instauré dès le départ, dans un esprit typiquement «Music Hall». Avec sa voix rauque et son vibrato en embuscade, le chanteur de «Malgré tout bladi nebghik», a séduit ses fans, de «tous âges» qui lui sont «toujours restés fidèles», explique une dame présente au concert, avec sa fille et son époux. Parmi les premières chansons entonnées par Baâziz et reprises en chœurs par le public, «Win kountou ki kounna» (Où est ce que vous étiez, lorsque nous y étions), un des nouveaux titres de son prochain album, à l'intitulé éponyme et dont la sortie est prévue, selon l'artiste, dans deux mois. «El Bandiya», «Enfant d'Algérie», «Hélène», «The Best», «Mahbolo», «Nechrilek el Maruti», «Bladi ya bladi», «Lejbel ma bine lejbel», «Je m'en fous», « Ma tebkich ya benti» et "Algérie mon amour", figurent parmi les pièces rendues par l'artiste sous un jeu de lumière multicolore concluant, impliquant son public, qui a brandi l'emblème national, avec autant d'énergie et de fougue. «Toutes ces chansons écrites il y a trente ans, sont encore d'actualité», lancera Baâziz avec un ton ironique, devant un public qui s'est complètement relâché, cédant au déhanchement. Les musiciens, ont fait montre de toute l'étendue de leurs talents respectifs, à l'instar de Sid Ali Kriou au clavier, Merouène Mesteghanemi à la guitare, Mustapha Menacer à la derbouka et Abdelkrim Benaziz au tar (tambourin) qui a interprété un istikhbar pour introduire, «Kifach Hilti», célèbre pièce du patrimoine châabi que Hania Bekhti, nièce et invitée de Baâziz, interprètera avec une voix suave et cristalline et qu'elle enchaînera à «Idh kounta âchiq». Heureux de retrouver son public, Baâziz a déclaré, «s'exprimer avec la même force mais de façon différente», après avoir rompu l'année dernière, avec 15 années d'absence où il avait «pris du recul», a-t-il déclaré, pour «s'auto-évaluer et faire un premier bilan» d'une trentaine d'années de présence sur la scène artistique. Dans l'allégresse et la volupté, l'assistance a savouré tous les instants de ce spectacle, «authentique», de l'avis d'un spectateur, qui «résume bien la situation actuelle en Algérie», a-t-il ajouté. Baâziz , Abdelaziz Bakhti de son vrai nom, trublion depuis 1989, année où il avait fait ses débuts, revient «interroger la société» après avoir sorti sept albums, «10 ans de Chaâbi Rock'n bled», «Café de l'indépendance», «Dorénavant», «Life in Algeria», «Coyotte», «Ybip emmou» et «Le Rebelle».