Dans le radicalisme, les étudiants manifestent pour le 14ème mardi d'affilée pour dénoncer la répression dont ils étaient victimes et réclamer le départ immédiat des figures du pouvoir, encore résistantes. Ils ont pu rejoindre difficilement la Place des martyrs, nouveau lieu sacré de la révolte après la fermeture du parvis de la Grande Poste. Tout le centre d'Alger a été quadrillé par les blindés de la police, en prévision de cette nouvelle marche estudiantine. Ils ont tenté de réprimer dans le déni le « Hirak » des étudiants de plus en plus déterminés à déloger ce pouvoir honni. Le nombre des étudiants qui ont rejoint la rue s'est considérablement accru, comptant même des personnes extra universitaires, venant les soutenir et dénoncer la répression policière dont ils font l'objet ces deux dernières semaines. Malgré l'incertitude et l'inquiétude quant à leur avenir universitaire, les étudiants ne lâchent pas et s'obstinent à rejeter toutes alternatives politiques des abstentionnistes du pouvoir qui persiste dans le délire. Depuis le début de la fronde populaire, le 22 février dernier, les étudiants ont rejoint le mouvement par solidarité avec leurs aînés avant de muer en une cause nationale et un challenge pour la jeunesse. La classe étudiant est prompte à manifester son opposition au système politique du pays et appeler à l'édification d'un Etat-nation, libre et démocratique. « Un rêve de jeunesse », martèle Salah, un quadragénaire qui a pris part à la manifestation des étudiants hier, qui dit placer ces espoirs en cette jeunesse, vivante et animée. La sortie des étudiants hier était, également, pour défendre leur avenir et crier à la justice sociale, mais surtout indépendante. Même détermination et objectif chasser les tenants du pouvoir et valoriser l'Algérie aux yeux du monde entier qui observe tout ce qui qui se passe à l'intérieur avec des intentions différentes. 10h20, pour leur troisième jour de contestation au mois de ramadhan, la première armada des étudiants commence à afflué à Alger-centre, sous la haute surveillance des policiers, plantés devant tous les accès menant au centre, mais également à la place des martyrs. Un lieu historique qui symbolise la lutte de toute une nation pour la liberté. Aujourd'hui, même objectif, mais contre un ennemi intérieur tenace, autoritaire. C'est le régime que vomit le mouvement des étudiants qui refuse de se soumettre à une telle hégémonie. « Il faut agir vite. Le temps nous est compté, mais nous sommes prédisposés à tout », estime Djalil, étudiant en chimie qui tenait à la main une rose blanche, asséchée par la chaleur de cette journée. D'ailleurs, ni cette chaleur, ni la faim et ni la soif ne les ont empêchés de sortir par millier. 12h10, immobilisé par les cordons importants de la police, le cortège des étudiants qui marchait vers la place des martyrs a été bloqué pendant des heures. Face à cette situation, les étudiants ont manifesté leur déception et leur indignation quant à l'évolution de la situation. Certains se sont assis à même le sol, tandis que d'autres préféraient marcher en rond et chanter leurs slogans. Des slogans pour la plupart hostile au chef de corps d'armée, Ahmed Gaid Salah. « Dégager, le pays veut un état civil et non militaire», « L'Algérie n'est pas une caserne »…C'est le message présent en force en cette nouvelle journée de mobilisation, émaillée par des actes de répressions. 14h00, face à ce bouclier qui a scellé tout Alger, la foule des étudiants rebrousse chemin et tente difficilement de rejoindre la Placette Maurice Audin et l'Avenu Pasteur. Dans la contrainte et pour éviter toute altercation avec les forces de l'ordre, les universitaires poussent leur mouvement dans les ruelles et se sont rassemblés à proximité desdits lieux. Progressivement, ils envahissent l'Avenue Pasteur et constituent leur place d'expression. « La main dans la main, personnes ne nous partagera », « Les étudiants sont conscients et refusent ce système », se sont quelques slogans brandis par les étudiants qui se sont rassemblés devant la fac centrale. Malgré la pression des policiers qui les chasser de partout, les étudiants ont accompli leur rituel hebdomadaire dans le calme, mais aussi l'inquiétude. Dispersés, ils ont formé des groupes dont les chants patriotiques retentissaient de chaque recoin du centre. C'est dans cette ambiance qu'ils achèvent leur 14ème jour de contestation, sans aucun incident majeur. Encore fières et résolus à récidiver jusqu'à ce le peuple décide de son sort.