Contrairement à l'avis de certains analystes en économie et financiers qui ont salué la décision du gouvernement de suspendre le recours au financement non conventionnel, appelé communément, la planche à billet, Mohamed Chérif Belmihoub semble plus réticent et sceptique quant à l'intention réelle des pouvoirs publics d'abandonner définitivement ce mode de financement non conventionnel. «Le gel annoncé par l'actuel gouvernement du recours à la planche à billet n'est qu'une simple action de communication. C'est une démarche irresponsable et d'irréfléchie», a-t-il expliqué l'annonce faite dernièrement par le ministre des Finances, Mohamed Loukal. Ce dernier, pour rappel, n'avait toutefois pas exclu l'éventualité de faire appel à la planche à billet pour soutenir le développement économique nationale et le financement des projets d'investissements structurant. Ce qui explique la réaction de l'économiste, peu convaincu de la décision du gouvernement qui fait actuellement à un marasme économique sans précédent et une érosion dangereuse des réserves de change. Lors de son intervention sur les ondes de la radio nationale, Chaîne III, Mohamed Chérif Belmihoub estime que la décision du recours à l'actionnement de la planche à billet, il y a deux ans, était une erreur monumentale. Il avait averti à maintes reprises des effets insidieux d'une telle démarche sur l'économie du pays ainsi que sur les finances publiques. Pour lui, en agissant de la sorte et sans prendre en compte l'avis des experts et de l'évolution des constantes économiques à l'avenir et l'instabilité des prix du pétrole sur le marché mondial, étant la source principale des revenus dans le pays, les responsables politiques à l'époque, «ont agi de façon irrationnelle et irréfléchie», a-t-il qualifié la précipitation du gouvernement à la solution la plus facile pour soutenir l'économie nationale. «Ils n'ont pas jugé utile d'en appeler à des sources alternatives pour financer le déficit budgétaire et les investissements publics à venir», a-t-il ajouté. Il reproche à l'Etat l'absence du «bon sens et de la réalité» précédant la prise d'une telle décision et l'examen de toutes les autres alternatives pouvant sauver l'économie du pays sans user de la planche à billet. «Ils n'ont pas fait l'effort de réfléchir à une solution médiane consistant, par exemple, à faire appel à la fiscalité ordinaire, voire, à recourir à l'endettement extérieur», a-t-il suggéré comme autre mode de financement. Bien que la fiscalité ordinaire représente un taux insignifiant par rapport à la fiscalité pétrolière, mais il y a plusieurs moyens et façons de procéder pour augmenter la valeur de cette fiscalité. A commencer par la fiscalisation de «l'économie informelle et d'imposer les patrimoines constitués au cours des dernières années, sur la base d'un tas de facteurs, parmi lesquels il mentionne des avantages et autres subventions indues». La légalisation du marché informel permettrait de contribuer à renflouer les caisses de l'Etat, accablées principalement par les dépenses publiques, notamment celles des entreprises et des établissements publics déficitaires. La panne de gouvernance dans le pays a conduit le gouvernement à adopter des décisions arbitraires inadéquates avec l'évolution du marché et surtout opter pour la facilité pour tenter vainement de rééquilibrer le budget de l'Etat. Maintenant, le mal est fait et l'Algérie paie le prix cher d'une politique économique contingente et irréfléchie. L'objectif actuellement est de trouver des solutions réfléchies pour soutenir le Trésor public déficitaire à plus de 1.000 millions de dollars et ralentir l'érosion des réserves de change afin de doper les caisses de l'Etat et prévenir le risque de l'austérité et perte de souveraineté pour le pays. Pour surpasser cette phase difficile, «l'Algérie va devoir agir sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat, et qui devraient être réduites d'au moins 10%, hors salaires», propose-t-il. La même démarche devrait être suivie pour les dépenses d'Equipement. Plusieurs autres réformes devront être opérées pour rattraper la situation économique du pays qui a échappé au contrôle des autorités depuis longtemps.