Il aura fallu supprimer bien des obstacles. Et d'abord surmonter cette réserve naturelle chez le peuple algérien dont les sentiments profonds s'expriment sur le mode de la retenue. Par surprise, l'équipe nationale a subjugué le Kenya grâce à un jeu collectif novateur qu'on ne lui connaissait plus, comme le peuple a frappé de sidération le pouvoir anti-populaire en renouant avec son passé solidaire et glorieux, un 22 février. Puis ce fut au tour de la Tanzanie défaite 3-0 par une équipe aussi sûre de ses droits qu'un «Hirak» exigeant l'application de la devise du FLN historique, la Révolution par le peuple et pour le peuple. Le Sénégal a eu beau aligner sa pléiade de tirailleurs, elle fut battue en rase campagne, au premier tour une première fois et confrontée en finale une seconde fois, par une équipe soudée autour d'un bloc défensif vendant chèrement l'idée d'une Algérie plus juste autour de mots d'ordres unitaires pour ne plus jamais subir la loi de la bande de voleurs. Les médias égyptiens ne s'y trompent d'ailleurs pas. Si l'épopée d'Oum Dourmane nous a valu la confirmation dans l'imaginaire du peuple égyptien frère, des qualificatifs nous renvoyant au statut ante-civilisationnel de «barbares», nous voilà désormais affublés par leur presse aussi bien écrite que télévisuelle des adjectifs les plus gratifiants qualifiant notre jeunesse de «civilisée», «disciplinée», «cultivée». Le «Hirak» est bien évidemment passé par là, réalisant une promotion inégalable du citoyen algérien, émergeant de manière incontestable par la force de l'élévation de son éducation et non pas seulement de son instruction, sur la scène politique nationale mais également sur celle d'un Monde arabe qui est littéralement fasciné par la puissance du mouvement social que nous vivons autant qu'il le craint. Les Egyptiens ont pu savourer un avant-goût de la jeunesse politisée fréquentant les stades de football en Algérie, lorsque les supporters des «guerriers du désert», d'entre tous les amoureux africains du football présents au Caire, ont allumé au bout de leurs milliers de bras, leurs smartphones en hommage à Mohammed Aboutrika, ex-joueur élégant de l'équipe des Pharaons, en solidarité active d'un homme persécuté par le régime politique en place. C'est à cette même légende du football égyptien et mondial qu'en 2010, l'ensemble du stade de Tizi-Ouzou, debout comme un seul homme, a rendu un hommage vibrant pour la dignité dont il fait systématiquement preuve dans ses déclarations vis-à-vis des peuples arabes en général et des peuples algérien et palestinien en particulier dont il admire les exceptionnelles déterminations anti-impérialistes qu'il élève au rang de qualité première. On comprend dès lors l'extraordinaire sensibilité des autorités égyptiennes à poursuivre judiciairement les supporters algériens brandissant des pancartes à message politique par une peur panique de voir se transformer leurs propres arènes footballistiques en d'immenses fora politiques, dépassant les clivages artificiels et fabriqués à dessein des rivalités interclubs qui leur ont coûté 72 morts en 2012, pour les voir s'unifier dans une contestation homogénéisatrice contre les tenants antidémocratiques et capitulards du pouvoir nilotique du moment. Loin de ces calculs politiciens, l'équipe nationale algérienne, ne concédant qu'un seul petit but à ses adversaires en demi-finale contre le Nigeria battue 2-1, arborant sa seule couleur nationale, brillante et victorieuse, la couleur verte de l'Islam, Andy Delort de père gitan et de mère algérienne, envoi un tweet à la FIFA pour demander à l'administration du football mondial de changer l'icône du drapeau sur sa fiche technique. «Je suis international algérien» dit-il et il aimerait voir le drapeau de Messali El Hadj et du mouvement national figurer sur sa signalétique officielle. C'est bien mieux sur le plan médiatique qu'une prise de Karaté, réalisée en traitre par des militants séparatistes pour promouvoir des idées séditieuses en imposant sur le podium de la félonie, une bannière qui était inconnue il y a moins d'une génération, profitant de la générosité de l'Etat à leur égard qui les a envoyé imprudemment ( ?) représenter la Nation à Tunis au tournoi international de Karaté-do. On se demande d'ailleurs pourquoi, outre les justes sanctions administratives prises par la fédération de Karaté-do contre des entraineurs idéologues gagnés aux idées racistes du MAK, des poursuites judiciaires individuelles ne sont pas entreprises en procédure de référé par le Ministère de la Jeunesse et des Sports contre de tels agissements qui portent atteinte à la réputation de l'Etat national ? D'Andy Delort à Rais M'bolhi, un seul dénominateur commun, la fidélité à la patrie Andy Delort, qui s'affirme en homme parce qu'il devient Algérien, par volonté contre l'adversité, découvre petit à petit au contact de ses partenaires, les Ounas, Aissa, Ayoub, Ryad, Sofiane, Ada, Rais, Baghdad que cette équipe, à l'identité nationale bien accrochée possède aussi une foi d'autant plus profondément inscrite dans ses gênes que le colonialisme a tenté en vain durant 132 ans de rendre athée le peuple algérien, à coups de canons et d'enfumages, de massacres et de répressions sanglantes. Aussi est-il surpris de voir afficher, par l'entraîneur Djamal Belmadi, dans le programme quotidien proposé aux joueurs de l'EN, les temps de prière tant l'esprit humain est soumis aussi bien aux nécessités des contraintes terrestres qu'aux impératifs des nourritures spirituelles. En même temps qu'un homme nouveau sort donc de cette équipe nationale portant bien haut le prénom arabe de Mohammed (QSSL) fut-il accolé au nom de famille très respectable de Delort, c'est un Algérien, formule post «Hirak» qui regarde évoluer son équipe nationale. La peur de nos supporters, vue d'Egypte, n'est plus d'ordre sécuritaire mais de niveau politique. Tout le monde a en mémoire le véritable pont aérien qui fut organisé en un tour de main par l'ANP et ses Iliouchine 76, lors de notre dernière confrontation avec l'Egypte. Ce furent plus de 10.000 fans qui se sont vus transportés en moins de 24 heures par nos forces aériennes au… Soudan ! Et alors que nous nous apprêtions à nous confronter au fer de lance de la France en Afrique, le Sénégal, se sont pas moins de 5000 fervents partisans des Fennecs qui s'envoleront vers Le Caire pour avoir le privilège d'assister aux rencontres finales de l'équipe nationale. Voilà donc, pour revenir au fil de notre propos, l'équipe du «Hirak», au sortir du premier tour, en tête incontestée de sa poule, qualifiée pour les quarts de finale pour rencontrer un adversaire de taille éléphantesque, la Côte-d'Ivoire. Dans une première mi-temps hésitante, les verts cherchent leur grammaire comme le Hirak tente de parler une seule langue en dépit des divisions mises en avant par les tenants des particularismes de toutes choses contre une reforme nationale et étatique de premier ordre dans laquelle ils auront, comme leurs chefs corrompus et exploiteurs emprisonnés, trop à perdre. En seconde période, le jeu se fluidifie, les automatismes naturels reprennent le dessus et le volontarisme collectif, qualité profondément nationale, presque culturelle, produit d'un jeu interdépendant et responsable, reposant sur chaque joueur pris individuellement mais aussi sur l'ensemble de l'équipe, donne à voir, une traduction algérienne du football moderne. Faites de passes courtes, de technicité brillante, d'engagement physique et de mental à toute épreuve sachant faire place à l'esthétique de l'émotion, symbolisée exceptionnellement par Youcef Atal, l'actuel sociétaire de l'OGC Nice, sorti sur blessure à l'épaule à la 30eme minute du jeu mais dont l'esprit si combattif va planer sur toute la rencontre comme le «Hirak» survole les manœuvre politiciennes de courte vue et les idées rabougries alimentées par les confusions idéologiques et identitaires savamment entretenues. Rien de tout cela pour l'équipe nationale, dont le chef d'orchestre, Djamal Belmadi a su s'entourer d'un staff compétent et adapté au plus près à son équipe. Admirablement et discrètement secondé par Serge Romano mais aussi par des préparateurs physiques tous algériens mais ayant en partage le professionnalisme dans l'exercice de leur métier, le coach national, loin des divisions artificielles - voulues par certains tenants au sein des cercles du ballon rond agissant en parrains intéressés, ne comprenant pas que l'Algérie de Papa et des Bouteflika est définitivement révolue - s'appuie sur tous les talents nationaux et issus de l'immigration et au-delà pour bâtir une formation dont la seule obsession légitime est la réputation de nos couleurs dans les arènes du football mondialisé. Cet exercice, de formation d'une équipe nationale renouvelée, fortement intégratrice de toutes les compétences et de toutes les capacités précieuses, se réalise dans une mentalité d'ouverture bienvenue et rafraichissante malgré la chaleur caniculaire égyptienne au service des objectifs du football national, préfigurant ce qui devrait être l'environnement écologique du «Hirak», cessant de perdre du temps dans des discussions débilitantes et stériles sur le sexe de la culture pour enfin se concentrer sur l'essentiel, un Etat national, démocratique et équitable, c'est-à-dire populaire ayant, comme seuls buts, la performance et l'émergence dans le concert des Nations et des peuples dignes. Le «Hirak» à la conquête du Monde arabe et de l'Afrique Battue 4-3 aux penalties, après deux mi-temps et des prolongations haletantes qui se conclurent sur le score paritaire de 1-1, la Cote d'Ivoire s'incline sportivement face aux algériens dans l'humilité des traditions africaines, sincères et honnêtes. Place donc au Nigeria que l'équipe nationale a rencontré dimanche dernier à 20 heures pour des demi-finales palpitantes. Le but de la victoire, celui de Ryadh Mahrez, à l'ultime seconde était pressenti comme l'est la victoire du Hirak sur un système honni par tout le peuple. Sans faire offense aux équipes subsahariennes, nous ne pouvions, nous empêcher de penser qu'une finale de la révolution du Jasmin contre celle du «Hirak algérien» aurait constitué un bouquet d'apothéose révolutionnaire qui eut réglé toute l'Afrique sur un seul et même fuseau horaire, celui des changements démocratiques et des reformes étatiques profondes des deux capitales du Maghreb en phase de convergence accélérée. L'Algérie est donc en finale des peuples de l'Afrique mais ne peut s'empêcher de lorgner d'ores et déjà sur le mondial tant la puissance du «Hirak» lui donne des ailes au moins aussi porteuses que l'anticolonialisme et l'anti-impérialisme dont elle fit preuve durant les années ou Alger fut la Mecque des révolutionnaires. L'équipe algérienne, en livrant une bataille exemplaire dans ce tournoi de football africain, suivi avec assiduité de Rabat à Pretoria car hissant haut l'espoir, à la fois d'un panarabisme respectueux des Peuples Arabes dans leurs diversités et d'un panafricanisme qui déborde largement les instances étriquées de l'OUA. Cette équipe donne à voir une image tellement rayonnante de l'Algérie, à la confluence féconde de la civilisation arabo-islamique et de l'Afrique avec des influences inimaginables jusqu'au cœur de l'Europe chavirée, que certains auraient même du mal à croire que les vendredis sont alimentés par une contestation aussi salvatrice que radicale dans ses objectifs politiques. Nos 22 joueurs, dans un effort remarquable d'esprit collectif, sont arrivés à arrimer le drapeau au Croissant et à l'Etoile en haut des pyramides de Gizeh, dans ce qu'elle est le sommet de l'Afrique du football africain. Ils atteignent un quadruple objectif : - La réconciliation sportive entre les supporters égyptiens et algériens ainsi que nos media et réseaux sociaux respectifs, ce qui ne sera pas sans impact sur la vision nouvelle que le Monde arabe aura du «Hirak», en particulier auprès des couches populaires arabes, en raison de la puissance des médias égyptiens ainsi que de leur influence; - Le respect des peuples africains dans leur ensemble qui admirent sans limites les attitudes courageuses, combattives et fières dont a fait preuve notre équipe nationale d'où les surnoms animaliers de leurs sélections, reflétant les qualités attribuées aux lions indomptables du Cameroun, aux éléphants ivoiriens ou aux super aigles du Nigeria pour ne désigner que les grandes Nations continentales de ce jeu planétaire ; - Le renforcement positif d'un «Hirak» aux victoires successives et retentissantes contre un régime inique et prévaricateur qui a certes un genou à terre mais qui bien que défait cherche à dévoyer le mouvement social dans des impasses culturalistes qui sont autant de voies secondaires alors que ses ennemis sont ceux qui tapis dans les arcanes du pouvoir cherchent à perpétuer pour leurs comptes exclusifs de Suisse et d'ailleurs les dividendes de la rente pétrolière de manière directe ou indirecte ; - L'organisation pour les années à venir d'une CAN en Algérie afin que le Pays achève de se hisser au rang qui est le sien parmi les grandes Nations d'une Afrique dont l'avenir est plus que jamais brillant et dont l'Algérie sera également l'un des barycentres au vu de sa situation géopolitique auquel il faudra désormais ajouter son mouvement social, tous deux exceptionnels.