L'emblématique guitariste Lotfi Raina Rai a animé la première soirée de la 12ème édition du Festival national culturel de la musique et danse diwane qui a débuté samedi au complexe sportif du 18 février de Béchar avec la participation d'une dizaine de groupes. Pour cette deuxième participation à ce festival, ce célèbre guitariste a présenté au public, en plus du répertoire musical de Raina Rai, les compositions de son nouveau genre musical, à savoir le Goumguitare qui met en accords de musique, à travers la guitare électrique, le jeu du Goumbri, seul instrument à cordes de la musique Diwane. «Mon but à travers ce nouveau genre est de mettre en accord de musique, le jeu musical de l'unique instrument à cordes à la base de la musique diwane, à savoir le Goumbri, dans le but d'apporter ma contribution à la modernisation de ce legs artistique, en gardant toutefois son authenticité», a-t-il indiqué. Cette première soirée de la 12ème édition du Festival national de la musique et danse diwane a vu aussi le passage sur scène et pour la première fois du groupe féminin de Dendoun, une variante musicale et chorégraphique du Diwane propre à la région de Ghardaïa, conduite par la Maâlma Lalla Kheira. Lalla Kheira qui joue le Goumbri, est, sans doute, la surprise de cette édition, étant donné que cet instrument est spécifique aux hommes. Maâlma Lalla Kheira est issue d'une famille s'adonnant aux rites Diwane dans sa région. Elle est considérée comme la deuxième femme après la Diva Hasna El Bacharia à jouer avec dextérité le Goumbri, selon les organisateurs. Le groupe Farés Diwane d'Oran était aussi à l'affiche de cette première soirée du festival et ce, au titre du volet concours pour les trois premières places de cette manifestation artistique nationale au titre de laquelle concourent une dizaine d'autres groupes de plusieurs wilayas du pays. Nora Gnaoua, l'une des jeunes icônes du Diwane au féminin, animera, pour sa part, la deuxième soirée de ce festival avec ses musiciens où elle présentera un répertoire de ses nouvelles créations puisées dans les Bordjs (Chants), Diwane, tradition musicale et chorégraphique non encore classée au registre national du patrimoine culturel immatériel. «Béchar qui se prépare à vivre aux rythmes des sonorités diwane et autres genres musicaux au titre de ce festival, unique en son genre dans cette région du sud-ouest et dans le pays, devra à travers les responsables locaux du secteur de la culture encourager la mise en place d'un espace culturel dédié à l'histoire et à la recherche scientifique sur le diwane, estiment des chercheurs locaux et musiciens s'adonnant à cette musique. Créée en 2007, cette manifestation culturelle et musicale à laquelle prennent part à chaque édition plus de 200 musiciens et autres personnalités culturelles et scientifique, s'est fixée comme but la célébration d'un pan important du patrimoine culturel, musical et chorégraphique national qui comprend plusieurs variantes locales et régionales mettant en évidence la richesse artistique de ce legs patrimonial, fait d'un musique à la fois mélancolique et dansante. Grace aussi à cette manifestation, le diwane est sorti définitivement de son espace sacré pour se mettre au gout du public et des besoins de la scène artistique et ce, grâce aux envolées lyriques des Maâlems virtuoses du Goumbri et des musiciens-danseurs des groupes participants à ce festival depuis sa création. Nouvelle vague de Maâlems et de jeunes adeptes Ce festival a permis aussi l'épanouissement d'une nouvelle vague de Maâlems (Joueurs de Goumbri) et d'être propulsé au-devant de la scène artistique nationale tel Maâlems Youcef de Sidi Bel-Abbès, Maâlem Hakem de Béchar, Maâlem Houari d'Oran et plein d'autres jeunes adeptes du genre, qui ont tous estimé que ce festival est une opportunité supplémentaire offerte à ces musiciens de faire connaitre leur jeu personnel du Goumbri, et de vulgariser la musique et la culture Diwane sans lui faire perdre son âme. Comme est le cas du Maâlems Youcef, qui a introduit dans certains morceaux ou Bordj des fusions musicales pour s'adapter aux gouts des jeunes publics. «Il est temps que les organisateurs, avec l'aide des associations Diwane et autres chercheurs, contribuent chacun pour sa part au classement au registre du patrimoine culturel immatériel de ce genre artistique», ont souligné des Maâlems et des musiciens. «Ce classement est un atout très important pour la préservation de cette musique et ses traditions chorégraphiques», ont-ils soutenu.