Considéré comme l'une des pierres angulaires de la relance économique par le gouvernement, le projet de loi sur les hydrocarbures attise, depuis son adoption par le Conseil des ministres, la colère de la rue qui le conçoit comme une «atteinte à la souveraineté économique du pays à travers la sous-traitance avec les étrangers, sans contrepartie». En dépit de l'opposition du peuple à ce projet, le ministre de l'Energie Mohamed Arkab cautionne son passage en force pour sauver les «intérêt de l'Etat et redresser l'économie nationale». Pour convaincre les députés, il a évoqué l'inquiétante érosion des réserves primaires du pétrole, stabilisées à 60% et l'épuisement du potentiel en gaz d'ici 2030. La commission ad hoc en charge de l'examen du projet à livrer un avis favorable, et compte statuer sur le sort du projet le 14 novembre prochain. Les députés sont depuis plusieurs jours sous pressions et font face, pour la première fois de leur histoire, à une situation complexe. Pris entre le marteau et l'enclume, ils tentent de temporiser l'adoption des projets de lois, contestés par la rue pour éviter d'attiser la crispation et la colère du peuple qui rejette ce projet de loi en question, en deçà. D'autre part, pressés et sommés par le gouvernement de statuer dans le plus bref délai sur le projet afin de passer à la prochaine étape décisive, qui est la signature et la promulgation de la loi suivant sa publication du texte sur le Journal officiel ainsi son entrée en vigueur. Cette insistance et halte incitent à la suspicion quant aux intentions réelles du gouvernement derrière cette tension qui pèsent sur les deux parties. Pourquoi les autorités s'opposent à l'ajournement de l'adoption du projet après les élections, comme préconisé par certains spécialistes? Le projet de loi sur les hydrocarbures controversé intervient dans une conjoncture contrastée à données pessimistes et se projette sur un avenir incertain et semer d'embuches en raison de la contingence qui ébranle le marché mondial des matières premières et le recul de la croissance globale des pays industriels dont dépendent les pays producteurs du pétrole, à l'exemple de l'Algérie qui a enregistré un recul de près de 5 milliards de dollars sur ses recettes hydrocarbures et un fléchissement inquiétant des investissements dans le secteur. Le ministre de l'Energie a invoqué lors de son audition son engagement de défendre ce projet de loi qu'il estime «l'unique alternative pour sauvegarder les intérêts de l'Etat et redresser le secteur, déclin». Bien que ce projet soit contesté et contré par plusieurs antagonistes, le ministre argumente son attachement à faire passer ce projet de loi par l'insoutenable de la situation économique du pays, évoquant la mise en place de toutes les dispositions nécessaires pour accompagner son application et éviter au pays l'indigence, faisant ainsi référence aux partenaires étrangers. Justifiant la durée de l'exploration et de l'exploitation par la complexité des opérations de découvertes de nouveaux gisement et l'étude de la molécule avant de pouvoir la transformer et l'exporter. M. Arkab a estimé, à ce propos, que «la mutation est impérative pour se réadapter à la scène pétrolière mondiale qui est en constante évolution», ajoutant que «l'attraction des investisseurs dans un climat marqué par la concurrence entre les pays producteurs de pétrole implique des procédures juridiques, institutionnelles et fiscales attrayantes. Et le partenariat était toujours un choix stratégique pour le développement de l'industrie pétrolière et le gaz en Algérie». Mohamed Arkab insiste sur l'urgence d'adopter le nouveau texte de loi, et ce au moment où la rue le conteste et rejette le fait de le concevoir dans l'urgence indépendamment du contexte dans lequel il intervient. Comme plaidé par certains experts qui ont estimé que «la situation actuelle du pays ne permet pas d'élaborer et de légiférer des lois sans l'aval de l'opinion publique qui se préoccupe plus de l'avenir du pays qu'autre chose». Rejetant cette position à travers laquelle certains tentent, selon le gouvernement de surseoir à ce projet, sans présenter d'alternative, le ministre poursuit son argumentaire considérant que ce projet de loi sur les hydrocarbures « vise à augmenter les capacités de production et à préserver le niveau des exportations notamment pour le gaz naturel, car il est au diapason des prévisions économiques du pays à long terme en vue d'assurer le financement de l'économie nationale, de répondre à la demande nationale croissante sur l'énergie et de contribuer au renforcement de la sécurité énergétique au niveau mondial en attribuant des quantités supplémentaires d'exportation et en respectant les contrats de livraison et les engagements de l'Algérie avec ses partenaires étrangers traditionnels et la recherche de nouveaux marchés».