Formellement, il n'y a pas eu d'accord de cessez-le-feu en Libye, mais plutôt une convention de faire respecter l'embargo sur les armes de l'ONU dans le pays et prendre les mesures nécessaires contre la violation de ce traité qui a ouvert la voie à l'escalade des violences des deux hordes armées en Libye. C'était le point le plus important à retenir de la Conférence internationale sur la Libye qui s'est déroulée à Berlin en présence de plusieurs hauts responsables politiques et des chefs d'Etats, dont le président Abdelmadjid Tebboune qui a réitéré l'engagement de l'Algérie à régler politiquement la crise libyenne à travers un dialogue sérieux et édifiant entre les parties rivales. Il a sous-entendu qu'Alger est prête à abriter le dialogue et contribuer à la concrétisation d'une véritable trêve de paix temporaire ou permanente. Une mission de l'ONU sera envoyée en Libye pour veiller au respect de l'embargo sur les armes des Nations Unis, convenu depuis 2011, mais enfreint à maintes reprises par les parties rebelles libyennes soutenues par des parrains étrangers qui tiraient la corde chacun de son côté afin d'assurer leurs intérêts sur le sol libyen. Compliquant ainsi la mission des envoyés spéciaux de l'ONU qui ne sont pas parvenus à établir un véritable rapport sur la situation, en raison de la présence étrangère en Libye. En plus des soutiens directs des milices rivales, les Etats-Unis et la France qui n'arrivaient pas à émettre d'avis ou de prendre position sur l'implication directe des EAU qui constituent un bolide financier et surtout un allié indéfectible pour les deux parties, notamment, face à la complicité de la Russie et à de la Turquie. Quant à l'Allemagne et l'Italie elles se sont rapprochées d'Alger pour sa proximité et son lien étroit avec les deux parties rivales libyennes. Ce qui explique la présence de l'Algérie au Sommet de Berlin. Un regain de confiance et d'intérêt qui a permis à l'Algérie de revenir sur l'espace diplomatique pour reprendre sa place et surtout convaincre la communauté internationale de la solution pacifique en Libye afin d'éviter la guerre civile à sa population. Sachant que le souci d'Alger n'est pas géopolitique, mais plutôt économique. L'embrasement de la situation impacterait non seulement la sécurité frontalière entre les deux pays voisins, mais aussi la stabilité économique et sociale dans le pays qui incomberait aux autorités algériennes de gérer la crise des réfugiés. «La sécurité de la Libye est le prolongement de notre propre sécurité et le meilleur moyen de préserver notre sécurité régionale reste la coopération et l'entraide avec nos voisins pour faire face au terrorisme et à l'extrémisme», a déclaré Tebboune, lors de sa prise de parole à la Conférence. Pour éviter de sombrer dans une guerre sans fin, la diplomatie algérienne ne ménage aucun effort et appelle à l'implication sérieuse de la communauté internationale afin de stopper l'escalade militaire dans la région et à imposer un accord de paix. Le constat sera effectué lors de la prochaine rencontre que prévoit Merkel dans le cadre du dossier libyen. « L'Algérie est prête à abriter ce dialogue escompté entre les frères libyens. Il faut inciter les parties libyennes à adhérer au processus de dialogue, parrainé par les Nations unies et accompagné par l'Union africaine (UA), en vue de former un gouvernement d'entente nationale apte à gérer la transition et la réédification des institutions de l'État libyen», a souligné Tebboune, lors de son intervention devant les participants à ce Sommet. Le chef d'Etat algérien a réaffirmé à l'occasion la disposition et la détermination d'Alger à abriter le dialogue et à accueillir le maréchal Kahalifa Hafter (quimène les combats à Benghazi) et le président du Conseil présidentiel du gouvernement de l'Union libyenne reconnu par l'ONU, Fayez El-Serraj afin de parvenir à un véritable compromis, toutefois, sans aucune interférence étrangère. Certes le règlement du conflit prendra du temps, surtout, pour réunir les deux adversaires autour d'une même table, sachant que le maréchal Hafter refuse de signer tout accord de trêve et El-Serraj de le rencontrer. Ce qui complique la situation. Faire respecter l'embargo sur les armes de l'ONU réduirait l'armement des rebelles et faciliterait la mise en place d'un accord de paix. D'ailleurs, il a été convenu, lors de cette Conférence la création d'une commission de suivi selon la formule 5+5. Une initiative saluée par les participants aux négociations qui se sont engagés à ne pas soutenir militairement les parties en conflit. Cet engagement faciliterait ainsi la concrétisation du plan de règlement de la situation en Libye approuvé lors de cette rencontre. La communauté internationale a rejoint la position de l'Algérie concernant le rejet de l'immixtion étrangère dans les affaires de la Libye. Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Gutteres a insisté sur la prise «de mesures immédiates et décisives pour empêcher une guerre civile totale», tout en rejetant l'option militaire. Un avis que partagent les participants aux négociations qui ont appelé «les deux parties en conflit à reprendre le processus politique et s'asseoir autour d'une même table pour trouver une issue à cette crise qui perdure depuis 2011 ». Par ailleurs, quatre groupes de travail veilleront au respect des décisions de la Conférence. En attendant, la signature d'un accord de paix entre les deux parties belligérantes libyennes, l'Algérie et ses alliés ainsi que la communauté internationale poursuivront leurs efforts diplomatiques et concertations mutuelles afin de mettre fin à cette crise.