Humoriste au verbe mordant, homme de théâtre et de cinéma, Guy Bedos, l'ami de l'Algérie qui a vécu dans plusieurs villes du pays, le militant pour les causes nobles et l'anticolonialiste s'est éteint jeudi à l'âge de 85 ans. Souvent revenu dans son pays natal, Guy Bedos avait décidé de mettre fin à sa carrière sur scène en jouant une dernière fois à Alger son spectacle «Rideau !» en 2013 marquant un retour dans ce pays pour lequel il a toujours pris position dans sa jeunesse contre le colonialisme ou dans les années 1990 contre les violences terroristes. Citant son idole, l'écrivain Albert Camus, Guy Bedos évoque la célèbre citation de ce dernier, «Entre la justice et ma mère je choisis ma mère», et dit dans une interview à la télévision avoir «préféré la justice et être entré en résistance à la bêtise et à l'injustice». Se disant «profondément natif d'Algérie», ce monstre sacré des planches a tourné «Le passé retrouvé : Guy Bedos en Algérie 1988» avec Mireille Dumas, une occasion pour lui de montrer à son enfant «d'où il venait (…) et ce qu'il a vécu». Il avait également émis le souhait de s'installer à «Tipasa, près de son ami Albert Camus». Dans les années 1990, Guy Bedos se disait «meurtrie dans sa chaire» et «horrifié par la violence islamiste» tout en exprimant son soutien aux femmes et hommes victimes de ces violences ainsi qu'aux artistes et journalistes. Lors de sa dernière scène à Alger en 2013, son tombé de «Rideau !» sur sa carrière sur les planches, il avait réaffirmé son amour, resté intact, pour l'Algérie et son peuple en clamant sur scène «Autant mourir que de laisser faire du mal à l'Algérie !». Né à Alger en 1934, Guy Bedos a vécu dans la capitale où il a été élève à l'actuel lycée de l'Emir Abdelkader avant de s'installer à Constantine, à Souk Ahras puis à Annaba. Il quitte l'Algérie à 16 ans et vit de la vente de livres avant d'apprendre le théâtre classique et signe sa première mise en scène à 17 ans et demi. En 1965, il débute au music-hall en co-vedette avec Barbara, puis se lance dans une carrière d'humoriste en formant un duo avec Sophie Daumier. Après leur séparation, il se lance dans une carrière solo, tout en s'affirmant comme un acteur accompli au cinéma et dans des téléfilms. En tant qu'acteur il compte une filmographie d'une trentaine d'œuvres au cinéma «Un éléphant ça trompe énormément» (1976), «Nous irons tous au paradis» (1977), «Contre l'oubli» (1991), «La jungle» (2006) ou encore «Et si on vivait tous ensemble» (2012). Son répertoire au théâtre est également riche d'une vingtaine de spectacles. Il aura également édité une dizaine de publications dont l'autobiographie «Je me souviendrai de tout, journal d'un mélancolique» (2015) et le recueil d'entretiens «J'ai fait un rêve» (2013), un livre qu'il est venu présenter au Salon international du livre d'Alger. Selon son souhait, Guy Bedos sera enterré en Corse cette île qu'il surnommait «mon Algérie de rechange» et dont il aimait «les odeurs de maquis».