La Libye souhaite porter sa production pétrolière à plus de 1,3 million de barils par jour et ambitionne à retrouver son niveau de production d'avant la guerre (1,6 MBJ). Les autorités de Transition veulent relancer ce secteur, en dépit du contexte instable et confie la lourde tâche à la Société publique de pétrole en Libye (NOC) qui, pour sa part, envisage de mener de nouvelles activités de développement sur plusieurs champs gaziers et pétroliers réactivés durant 2020, dont la plupart étaient fermés depuis des années, tandis que d'autres étaient complètement endommagés. Le cessez-le-feu permanent avec effet immédiat, signé au mois d'octobre dernier et la levée de l'état de force majeure sur toutes les installations pétrolières du pays, a redonné espoir à la NOC, en quête de fonds et de partenariats. Elle fait appel à son principal allié, la compagnie nationale des hydrocarbures (Sonatrach) afin de reprendre ses activités dans le bloc de Ghadames qu'elle a désertée complètement en 2014 pour des raisons sécuritaires. La reprise de ses activités en Libye serait aussi une aubaine pour la compagnie nationale qui voit depuis quelques mois ses revenus et productions chuter. L'Algérie qui a toujours joué un rôle de premier dans le règlement politique et pacifique de la crise libyenne, réaffirme sa disposition à aider le pays, ravagé par la guerre, à se reconstruire et à relancer le secteur des hydrocarbures. Dans un message publié, avant-hier, sur le compte facebook de la Sonatrach, le Président-directeur général (P-dg) du Groupe Sonatrach, Toufik Hakkar a assuré que «le Groupe est disposé à raffermir les relations privilégiées avec le partenaire libyen pour établir un partenariat gagnant et développer l'industrie pétrolière et gazière dans les deux pays». Deux conditions essentielles ont été fixées par le ministre de l'Energie et des Mines, Mohamed Arkab, pour l'éventuel retour de la compagnie sur le territoire libyen, dont la sécurité des employés de la Sonatrach et ses installations. Sans ces garanties, le Groupe ne peut risquer de mettre en péril la vie de ses employés et les pertes de ses investissements, notamment, durant cette période de transition que traverse le pays depuis quelques mois. Les conditions sécuritaires risquent d'être difficiles à garantir, en cas de retour des affrontements militaires. Certes, la NOC ne peut pas se prononcer sur l'avenir du pays, mais affirme son engagement de mettre en place les moyens nécessaires pour assurer la sécurité des investisseurs étrangers. Ces derniers manifestent, d'ailleurs, depuis quelques mois un regain d'intérêt au secteur pétrolier libyen où la production d'hydrocarbures a récemment retrouvé des couleurs avec l'avancée des négociations avec les majors pétroliers mondiaux qui envisagent de mener de nouvelles activités de développement sur les champs pétroliers et gaziers. La NOC sollicite la coopération avec plusieurs autres compagnies pétrolières à l'instar du britannique Petrofac qui a conclu plusieurs contrats avec Waha Oil Company (WOC), en 2019. Le secteur des hydrocarbures libyens attise les convoitises et reste, malgré la guerre, un moteur des ambitions de plusieurs pays étrangers. La crise financière que connaît la NOC depuis des années, l'accumulation des dettes et la détérioration des infrastructures pétrolières poussent les responsables de ce Groupe à chercher des investisseurs étrangers, d'où son appel à la Sonatrach afin de l'aider à réhabiliter des infrastructures sur les sites à l'arrêt et relancer leur activité. Pour rappel, quelques semaines plus tôt, la NOC a demandé au Groupe Sonatrach de «contribuer à la reconstruction et à l'entretien des champs et des ports pétroliers et des programmes de forage en Libye», selon un communiqué de la société. Le retour de la Sonatrach sur le territoire libyen se précise, bien que le Groupe n'ait pas tout à fait quitté le pays. Il a toujours gardé un œil sur le secteur des hydrocarbures libyen. Il envisage sûrement de relancer son activité de recherche sur le bloc 65 attribué à Sonatrach par la National Oil Corporation (NOC) en mars 2005. La filiale de Sonatrach en Libye SIPEX qui active en qualité d'Opérateur détient 25% des parts de partenariat contre 75% de la NOC. Après l'appel de cette dernière pour la reprise des activités sur ce site et la reconstruction des champs endommagés, la Sonatrach devra se prononcer sur son éventuel retour sur le territoire libyen. L'Algérie et la Libye ne cessent de réitérer leur souhait d'élargir la coopération énergétique vers d'autres domaines. Lors de sa rencontre hier avec le ministre libyen du pétrole et du gaz, Mohamed Ahmed Aoun, le ministre de l'Energie et des mines, Mohamed Arkab a souligné l'intérêt de son département porté au renforcement de «la coopération dans le secteur de l'énergie entre les deux pays, notamment dans les domaines des hydrocarbures et de la production de l'électricité».