Lors d'une réunion du Conseil des ministres qu'il a présidée le dimanche 19 juin 2022, le Président Abdelmadjid Tebboune a ordonné d'adopter la langue anglaise à partir du cycle primaire, «après une étude approfondie menée par des experts et des spécialistes».Cette décision «sera appliquée dès cette année» pour permettre à l'Algérie «de s'imposer à l'international», «la langue française étant un butin de guerre mais l'anglais est une langue internationale», a-t-il expliqué. Cette décision a suscité un débat qui a submergé le secteur de l'Education à quelques semaines de la rentrée scolaire. Français ou Anglais ? Cette question a résumé le débat. Une sorte de conflit des langues à l'école. Il y a déjà un déficit dans l'enseignement du français, particulièrement dans certaines wilayas, font remarquer des parents d'élèves qui pensent que c'est un faux débat. Le problème de l'école n'est pas dans le français ou l'anglais qui ne sont pas les facteurs déterminants des performances de l'école algérienne. Le secteur de l'Education a toujours eu la part du lion dans la répartition du budget mais ses résultats n'ont jamais été, depuis plus de trois décennies, à la hauteur des sacrifices financiers consentis par la communauté nationale. L'enseignement n'est pas aux normes. Les déperditions restent trop importantes. Pourquoi autant d'élèves n'arrivent pas à s'accrocher au système éducatif jusqu'à un niveau assez élevé ? Dans quelles conditions étudient les élèves qui décrochent en particulier dans les zones d'ombre, dans les couches déshéritées de la population avec une infrastructure de l'enseignement médiocre, sans chauffage ni climatisation. L'effort de l'Etat doit être mis dans cette direction : transport scolaire, cantines, internat. Il faut également revoir la formation des enseignants qui doivent être recrutés parmi les meilleurs, avec un statut social revalorisé par le salaire qui l'éloigne de la tentation de donner des cours supplémentaires dans des garages ou des caves et négliger son travail en classe. On sait que concernant la révision des programmes éducatifs et du manuel scolaire, le Président Tebboune a réitéré «sa détermination à revoir le texte de loi régissant la profession d'enseignant, en application de ses engagements en matière de réforme du système éducatif». Le Président a mis l'accent sur «la nécessité de réviser les programmes éducatifs en se référant à l'esprit pédagogique, qui a permis la formation, depuis l'indépendance, d'une élite dans diverses spécialités, et d'interdire la révision des programmes éducatifs durant l'année scolaire». Dans ce contexte, le président de la République a donné des instructions pour le lancement d'une révision «selon des objectifs bien définis, reposant essentiellement sur les résultats de l'enseignement éducatif, tout en arrêtant un calendrier de deux ou trois ans au minimum pour la concrétisation de cette révision». D'autre part, le secteur de l'Education nationale est «prêt» à dispenser l'enseignement de la langue anglaise au cycle primaire, à compter de la prochaine rentrée scolaire, en application de la décision du Président Tebboune, a affirmé le ministre de l'Education nationale, Abdelhakim Belabed. Le ministre a précisé que cette décision «sera mise en oeuvre à la rentrée scolaire 2022/2023 à travers toutes les écoles primaires du pays», notamment dans ses volets relatifs au programme, au manuel scolaire, à l'encadrement, à la formation et aux réglementations pédagogiques appropriées. «Toutes les composantes du système éducatif seront mobilisées autour de cette démarche stratégique pour en assurer l'aboutissement», d'autant que cette décision «se veut un important acquis pour le système éducatif», a expliqué M. Belabed qui a par ailleurs insisté sur la dotation des établissements scolaires concernés en tablettes électroniques avant le 9 septembre prochain, a indiqué samedi un communiqué du ministère. Le ministre a mis l'accent sur la dotation des écoles concernées en tablettes électroniques, tout en s'assurant de leur conformité aux critères prédéfinis et en garantissant la coordination entre chaque direction d'éducation et l'annexe du centre d'approvisionnement, de maintenance des équipements et moyens didactiques (CAMEMD)». Il a appelé également à «arrêter un calendrier pour la dotation de ces écoles sur une période s'étalant du 16 août au 9 septembre prochain». Le secteur de l'Education nationale accueillera au total 10.977.642 élèves, tous cycles confondus, répartis sur 353.175 groupes pédagogiques encadrés par 529.826 enseignants, a précisé le ministre. Lakhdar A. VOIR SUR INTERNET