Voici sans doute l'un des cauchemars des conservateurs : mettre la main sur un document rare et précieux, mais se trouver incapable de le lire… Le Musée Jane Austen, à Chawton, dans le Hampshire, a fait l'acquisition d'écrits autobiographiques signés par Francis Austen, le grand frère d'une certaine Jane Austen. Mais peine à déchiffrer ses pattes de mouche. Un appel à l'aide. Le Musée Jane Austen, établi dans la dernière maison occupée par la romancière britannique, propose aux quidams du monde entier de participer à la retranscription des écrits autobiographiques de Francis Austen (1774-1865), le grand frère de Jane Austen (1775-1817). Le 250e anniversaire de la naissance de Francis Austen, plutôt appelé Frank par sa famille, est célébré par l'institution avec une exposition, intitulée « Travels with Frank Austen » (« Voyages avec Frank Austen »). Celle-ci présente plusieurs acquisitions récentes, dont des récits autobiographiques et un album d'aquarelles. Aucun problème pour exploiter ce dernier : il compte 73 aquarelles et dessins qui retracent les parcours et traversées de Francis Austen, engagé au sein de la Royal Navy dès avril 1786 pour y poursuivre ses études. À différents postes, à bord d'une variété de navires, il fit notamment face aux troupes françaises lors des guerres révolutionnaires et napoléoniennes. Marin chevronné, il s'élèvera jusqu'au grade d'Amiral de la Flotte (Amiral of the Fleet), le plus prestigieux au sein de la Royal Navy. Malgré cette vie faite de conflits et de longues traversées, il meurt à l'âge de 91 ans, dernier survivant des six frères de Jane Austen. Le carnet graphique, cosigné par Francis Austen et sa fille, Cassandra Eliza Austen, laisse voir certains paysages de ces voyages, des Indes occidentales au Canada. Travail collaboratif Les écrits autobiographiques de Francis Austen représentent un défi plus important : rédigés à la troisième personne au début des années 1860, ils semblent bien avoir été couchés sur le papier par le principal intéressé. Problème : son écriture n'est pas des plus lisibles, en particulier dans les dernières pages du document, qui en compte au total 78. Des pattes de mouche qui s'expliquent par le mal qui touche Francis Austen dans les dernières années de sa vie, l'arthrite. Quelques extraits de ce texte en grande partie inédit ont été reproduits dans différents ouvrages, mais l'intégralité n'a jamais été retranscrite. Le Musée Jane Austen comptait s'en charger, mais s'est heurté aux difficultés, avant de se résoudre à un appel au travail collaboratif. Les volontaires se sont empressés de répondre à l'institution, si bien que cette dernière n'accepte plus de nouvelles candidatures… Pour les curieux, le manuscrit est lisible à cette adresse. Le musée espère obtenir de nouvelles informations sur Jane – et sur sa famille dans son ensemble – grâce aux Mémoires de Francis Austen. « L'histoire de Francis Austen s'entremêle avec celle de sa soeur Jane. Il a partagé la vie domestique des femmes de la famille Austen, puisqu'il a vécu avec elles à Southampton entre 1806 et 1809 et leur a fait parvenir des lettres, alors qu'il était en mer », précise l'institution.