Ben voyons ! Dans notre article sur l'implication des services secrets français dans l'incendie de la synagogue dans le sud-ouest de la France, tout serait faux, tout serait pipeau. Et qui s'est donc senti morveux et s'est mouché dans Marianne ? Bien sûr, l'indécrottable Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France à Alger et actuel pourfendeur aigri de l'Algérie, dont il affirme être «LE grand ami». Dans une interview concoctée spécialement pour répondre à notre question sur le «qui brûle quoi ?» – retour naturel du «qui tue qui ?» à ses expéditeurs –, il est demandé au diplomate loquace, après avoir tourné autour du pot, de dire s'il y a eu des réactions en Algérie à la profanation du lieu de culte judaïque. Réponse du «fin connaisseur» de l'ancienne colonie et de ses «énigmes» : «La réaction qui m'a le plus marqué est un article complètement farfelu, publié hier par un journal algérien, Algeriepatriotique. C'est un média considéré comme conspirationniste, fondé par le fils du général et ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar, un sous-marin de l'armée algérienne. C'est un journal qui a une forte audience dans les milieux militaires et extrêmes algériens. Déjà, tout est dans le titre : Synagogue brûlée par un Algérien : un scénario ridicule des services français. [...] On peut y lire que l'attentat est un coup monté par la DGSE et que l'Algérie n'a rien à voir avec ça. Ce n'est pas innocent du tout qu'Algeriepatriotique traite cette information avec ce biais-là et cela veut dire qu'une partie de l'opinion en Algérie est sur cette ligne. Le mouvement antisémite-antisioniste est fort et véhiculé par un certain nombre de médias dont celui-ci, les autres ayant été fermés par le pouvoir, la presse étant bien muselée en Algérie.» Xavier Driencourt – qui feint d'ignorer qu'Algeriepatriotique n'est pas accessible sans VPN en Algérie – fait bien de sortir le général Nezzar – Dieu ait son âme – de sa sépulture. Car, même dans l'Au-delà, il continue à hanter les Français pour leur en avoir fait voir de toutes les couleurs, depuis sa désertion de l'armée française jusqu'à son dernier souffle. A la base de l'Est, le moudjahid a formé les soldats qui constitueront la colonne vertébrale de l'ANP après l'indépendance. Puis, bien plus tard, il contrariera le projet diabolique fomenté par le régime de Paris, qui avait voulu porter les extrémistes religieux du FIS au pouvoir avec l'aide et la bénédiction du criminel et tortionnaire François Mitterrand. Beaucoup ignorent que l'ancien ministre de la Défense avait demandé que les partenaires de l'Algérie fussent informés de la décision d'interrompre le processus électoral biaisé, à l'exception de la France. Cette même France officielle qui ne lui pardonnera jamais d'avoir sabordé un projet militaire qui allait compromettre à jamais l'intégrité et la souveraineté de l'Algérie. Ce projet a pour nom Compagnie radar anti-aérienne côtière (CRAAC), que le même François Mitterrand avait failli fourguer au président Chadli Bendjedid. Ce dernier avait eu, cependant, l'intelligence et la présence d'esprit de demander l'avis du général Nezzar, qui s'y était farouchement opposé et l'en avait dissuadé, en expliquant au chef de l'Etat, à l'époque, que cela revenait à mettre la sécurité du pays entre les mains de l'ancien colonisateur, sans compter les coûts faramineux que cela allait engendrer. C'est dans cette logique qu'une horde d'islamistes et de félons a été lâchée par les mêmes services secrets français au secours desquels un de ses officiers, Xavier Driencourt, a volé pour éviter que l'article d'Algeriepatriotique fasse mouche. Une horde réduite au rôle vil d'aboyer de loin, faute d'avoir eu le courage d'approcher le grand général, dont un témoin au procès de Paris s'écria, du fond de la salle d'audience, au moment où il devait décliner son identité devant le juge, succédant au minuscule Habib Souaïdia : «Relevez donc le micro, ce n'est pas la même taille, voyons !» Xavier Driencourt trouve «farfelu» qu'Algeriepatriotique voie dans les actes terroristes commis en France et dans le Sahel la main de la DGSE, mais ne s'offusque pas de ce que ses compères accusent l'armée et les services de sécurité algériens d'être derrière les massacres commis par les groupes islamistes armés, à propos desquels son compatriote, Laurent Fabius, actuel président du Conseil constitutionnel, affirmait qu'ils «font du bon boulot» en Syrie. Y a-t-il meilleur aveu que celui-ci ? Al-Nosra, branche d'Al-Qaïda, n'est-elle pas la succédanée du GIA algérien qui égorgeait les enfants et éventrait les femmes enceintes dans les années 1990 ? Par ailleurs, n'est-ce pas la France de François Mitterrand qui avait imposé un embargo sur les armes à l'Algérie pour permettre aux terroristes de prendre le dessus et de venger le président socialiste français qui voulait sa revanche sur l'histoire ? N'est-ce pas la France de François Mitterrand qui avait ordonné à ses terroristes du GIA de battre en retraite lorsque la complicité des services français devenait par trop flagrante ? N'est-ce pas, en effet, la DGSE qui envoyait ses agents déguisés en prédicateurs salafistes pour conduire le «djihad» dans les maquis algériens ? Ne sont-ce pas les services secrets français qui étaient en contact direct avec le boucher Djamel Zitouni lors de la funeste prise d'otages à Tibehirine ? Alain Juppé n'a-t-il pas admis cela, en laissant entendre qu'il avait, en tant que patron du Quai d'Orsay, ordonné que cessât cette collusion, ce qui a eu pour conséquence l'assassinat des moines trappistes ? Si Xavier Driencourt est au courant de tous ces éléments, il en est complice. S'il ne l'est pas, il ferait mieux de la mettre en sourdine.