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La mise en place prochaine d'une société néocoloniale en France
Coalition idéologique anti-algérienne, lepénisation, émigration
Publié dans La Nouvelle République le 12 - 11 - 2024

A la faveur du conflit militaire à Ghaza du 7 octobre 2023, de la mort du jeune Thomas Perotto à Crépol, le 19 novembre 2023, du vote sur la loi immigration du 26 janvier 2024 qui proposait de porter atteinte au droit du sol à l'Assemblée nationale et surtout de la séquence des élections européennes du 9 juin 2024 puis des législatives anticipées du 30 juin – 7 juillet 2024 où l'on n'a pas hésité à parler de fin de la double nationalité, l'extrême-droite française et la droite réactionnaire ont pu poser de nouveaux jalons pour mettre en œuvre leur projet de société néocoloniale en France.En effet, analysant plus de 500 affaires de terrorisme jugées par les tribunaux américains depuis le 11 septembre, Human Rights Watch, aidé par l'Institut des Droits de l'Homme et l'Ecole de droit de l'Université de Columbia, a évalué que 50% des cas ayant conduit à la condamnation d'Américains musulmans comme terroristes par l'action concertée de l'Etat fédéral américain (Ministère de la justice et FBI) résultent d'opérations sous couverture et que dans 30% de ces cas, l'agent infiltré avait même joué un rôle actif dans le montage du complot (élaboration du plan d'attentat, fourniture des ressources pour le mettre en œuvre, pression sur la ou les personnes pour qu'elles y participent, souvent paiement pour commettre les attentats). Parmi ces cas, des investigations approfondies de 27 affaires (analyses approfondies des rapports d'enquêtes, interviews de 215 personnes inculpées ou condamnées, de leurs proches, des avocats, juges et procureurs) a également démontré que le FBI ciblait souvent des personnes vulnérables, souffrant de troubles mentaux et intellectuels, repérés généralement à la mosquée ou à l'école.
La justification du FBI a consisté dans un premier temps à dire que les individus visés étaient des terroristes en puissance et que si le FBI ne les avait pas poussés, Al-Qaïda l'aurait fait. Mais comme cette justification commençait à s'affaiblir avec la baisse de la menace terroriste, le FBI a fini par reconnaître qu'il agissait sous la pression des autorités politiques afin de gonfler le nombre d'arrestations et de justifier les lois anti-terroristes.
Le ministre de la justice américain Eric Holder dans le gouvernement Obama, récemment décédé, avait d'ailleurs, toute honte bue, encouragé les responsables européens à généraliser ce modus operandi en juillet 2014 afin de mettre à jour d'éventuels complots d'attentats par des Européens radicalisés en Syrie « de manière préventive ». Ou plutôt pour diaboliser les citoyens musulmans, Monsieur Holder ?
Or, lorsqu'on lit le travail méritoire de François Belliot sur les opérations terroristes conduites en France après 2017 par des « loups solitaires » et officiellement attribuées à Daesh, qu'elles aient été revendiquées ou non, on ne peut que penser irrésistiblement à la voie préconisée par Eric Holder lors de nombreux cas emblématiques d'attentats de « loups solitaires » ayant violemment choqué l'opinion publique et qui présentaient presque tous une caractéristique « opportune » qui a provoqué une indignation de l'opinion publique contre le « laxisme » de la politique migratoire, sécuritaire ou d'intégration, ouvrant la voie à des durcissements législatifs guidés par l'émotion.
– L'assassinat au couteau du prêtre Jacques Hamel par Adel Kermiche (et son acolyte Abdel Malik Petitjean) le 26 juillet 2016, alors qu'il était placé sous bracelet électronique, interdit de quitter sa résidence et suivi par trois services de renseignements différents ayant envoyé des notes signalant un passage à l'acte imminent quelques jours auparavant. Cela soulève des questions sur l'efficacité du contrôle policier des djihadistes.
– La décapitation spectaculaire de Samuel Paty le 25 septembre 2020 à la sortie de son école par un jeune russe d'origine tchétchène de 18 ans, manifestement fragile psychologiquement, dont le père avait difficilement obtenu l'asile en France pour lui et sa famille en 2011 en reconnaissant son implication dans la mouvance séparatiste tchétchène et en insistant sur le risque encouru en cas d'expulsion vers la Russie : il s'agissait du premier cas de la filière des jeunes réfugiés du Caucase musulman en France, cas emblématique d'une filière « prolifique » en déséquilibrés mentaux déracinés et à l'environnement familial dysfonctionnel. Le cas Paty, au-delà de la poussée de fièvre anti-Islam et antimusulmans, fit également l'objet d'une grande exploitation par la droite dure sur le thème du laxisme de la politique de droit d'asile française puisque la demande d'asile du père auparavant rejetée par la Pologne et l'Office français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA) avait finalement été acceptée par la Cour nationale du droit d'asile (CNDA), instance d'appel au nom de la protection contre un retour potentiellement dangereux pour cette famille tchétchène d'obédience intégriste en Russie.
– L'attentat de la basilique de Nice du 29 octobre 2020 qui a fait trois victimes de la main de Brahim Aissaoui, que l'on nous présente comme un jeune Tunisien qui serait venu en France pour tuer des Chrétiens dans une église en représailles à la republication par Charlie Hebdo des caricatures de Mahomet le 2 septembre 2020, inspiré par un média proche d'Al-Qaïda du Pakistan appelant à égorger des Français dans leurs églises. Encore un scénario « tiré par les cheveux » où un Rambo terroriste accomplit un exploit surhumain : Tunisien pauvre radicalisé en Tunisie, il décide de commettre un attentat suite à la publication d'un obscur journal d'Al- Qaïda au Pakistan dénonçant les caricatures (première bizarrerie), il entre clandestinement en Italie pour aller tuer des Français dans une Eglise (deuxième bizarrerie), il est secouru par un bateau d'humanitaires qui l'emmène du Sud de l'Italie vers le Nord de l'Italie au bout de quelques jours, puis il est enfermé dans un camp de réfugiés à Vintimille où on lui signifie une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français), finalement non-exécutée, suite à quoi on le libère (troisième bizarrerie). Il arrive en France, est secouru par au moins trois Tunisiens qui lui viennent en aide et passe à l'acte sur le parvis d'une Eglise à Nice. Un cas magistral permettant de fustiger, hors de toute vraisemblance, l'internationale terroriste musulmane, l'émigration clandestine, le laxisme italien vis-à-vis des migrants, les associations humanitaires d'aide aux migrants, l'inefficacité des OQTF, les frontières terrestres passoires entre l'Italie et la France et les filières d'entraide entre immigrés.
– Le cas de l'horrible « viol » suivi de tortures puis de l'assassinat de Lola, pauvre petite fille de 12 ans découpée en morceaux mis dans une valise, par Dahbia Benkired, ressortissante algérienne souffrant de troubles psychiatriques et qui s'était vue notifier une OQTF pour défaut de titre de séjour au moment des faits le 14 octobre 2022, et qui ne se souvient de rien. Là, c'est plutôt un remake sordide et satanique du « Manchurian Candidate » en accumulant étrangère en situation irrégulière, femme folle et violeuse d'enfant, perversité satanique et, bien sûr, le classique laxisme dans l'exécution des décisions de justice.
Mohsen Abdelmoumen


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