Laure Morali originaire de Bretagne en France, installée depuis une vingtaine d'années au Québec, porte en elle une mémoire particulière. Celle qui marque sa poésie et avec laquelle elle renoue avec le pays de soleil et de légendes des femmes de sa famille originaire des Aurès. Ecrivaine, poétesse, Laure Morali, originaire des Côtes-d'Armor en Bretagne est née en 1972, et vit à Montréal depuis 2002. Elle est l'auteure de plusieurs œuvres entre poésies et romans : Orange sanguine (2014), Traversée de l'Amérique dans les yeux d'un papillon (2010), La terre cet animal (2003 ; 2021) et Personne seulement (2023). Elle est porteuse de plusieurs mémoires, celle de son arrière-grand-mère paternelle Baya Hadjadji ou sa grand-mère maternelle Taos El Baz. Une famille dont la présence dans cette région entre Tébessa, Batna, Khenchela (lieu de naissance de Baya et Taos) est attestée aux alentours de 1600. La langue poétique de Laure Morali tisse un dialogue entre plusieurs cultures en réunissant des mondes éloignés, mais liés par une histoire commune. Son écriture oscille entre ciel, mer, forêts et montagnes, explorant la communion entre les éléments et les relations humaines. Elle porte sur elle la respiration des ressacs de la Bretagne ; « Je m'étends sur la mer en étoile/avec un souhait profond, embrasser l'univers/le boire», une mémoire en symbiose entre les danses les délicates lumières de l'aube du Nord canadien : « Les aurores boréales épongeaient les fièvres de mes fugues» et l'odeur des fruits gorgées du soleil de l'Algérie : «l'ivresse de la grenade/le chatoiement du laurier/le parfum miraculeux du figuier». Dans ses poèmes, Laure Morali tisse un lien entre la mémoire d'une terre nourricière et les montagnes chaouies de sa grand-mère, unissant des mondes éloignés par une histoire partagée. À travers une prose vibrante, empreinte de nostalgie et de mélancolie, elle évoque le souvenir de sa grand-mère, à travers des sons, des images, comme le cliquetis de ses bracelets en argent, l'air parfumé de son eau de Cologne et le souvenir de son grand-père revenant du marché «Il revenait du marché avec des fruits comme des petits soleils qu'il trimballait au fond de son cabas», elle poursuit «De l'Algérie que je ne connais pas, je garde le goût de la grenade épluchée par mon grand-père. Je regardais ses doigts habiles extraire de leur alvéole les graines gonflées de jus». Sa poésie nous révèle une plume incandescente et fusionnelle avec les espaces, où la nature se dévoile à la fois sublime et redoutable. Cette richesse des éléments, des lieux, et des symboles font de la poésie de Laure, une traversée d'émotions et sentiments confus et révélateurs de sa propre émotivité et sensibilité à l'écoute de ce qui l'entoure. Et toujours ce clin d'œil à ces terres ancestrales : «plongeait dans les fontaines/jaillissant de la terre chaude/où l'Âne d'or/a été composé en latin/par un romancier amazigh/tout près des bains romains». Sa langue se fait tendresse : «enlacée/je me noie/dans l'amour» et chaleureuse, car alimentée par des souvenirs si lointains si imperceptibles pourtant si pesants : «mon grand-père m'offrait la terre dans un fruit». Mes grands-parents m'ont nourrie de fruits rouges, de pain azyme, de fèves, de pâtisseries aux dattes...» La poésie de Laure Morali est profondément humaine, créant une passerelle entre les voix du Québec, celle des autochtones, des voix d'ailleurs, celle de ses origines. Elle tisse des liens entre ces lieux et sa mémoire personnelle, offrant une immersion dans des chemins inattendus et profonds. Ayant vécu auprès des Amérindiens, elle explore des éléments de mémoire, transmission, de culture, faisant une jonction entre les Bretons, des Premières Nations d'Amérique et d'Afrique, ce qui enrichit son écriture d'une résonance émotive où l'intime rencontre l'universel.