Le costume féminin de cérémonie du Grand Est de l'Algérie, avec toutes ses variantes (El Melahfa, caftan, Guandoura, qat, etc.) a été a inscrit sur la liste de l'Unesco lors de la 19e session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, tenue, cette année à Asunción, en République du Paraguay. La particularité du caftan Kadi, Guandoura Katifa, Quat, c'est le velours brodé de fils d'or avec la technique du Medjboud. Cette inscription ne se résume pas juste aux habits, mais aux accessoires, bijoux et apparat comme les boucles d'oreilles, les chaînes, les colliers, bracelets et bracelets de cheville (khelkhal). Le dossier pour l'inscription des costumes traditionnels féminins de l'Est algérien (notamment la Melahfa et la Gandoura) sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco a été déposé le 31 mars 2023. Ce travail a mobilisé plusieurs experts, chercheurs universitaires, artisans, et associations culturelles, sous la coordination du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH). La préparation de ce dossier a débuté en mai 2022 et a inclu les savoirs liés à la confection, aux parures, et aux techniques comme le fil d'or (el mejboud et fetla) ainsi que le perlage. Parmi les habits cités dans le dossier de l'Unesco, El Melahfa, Guandoura Katifa, Caftan Qadi, Quat. Ces derniers sont classés dans la même famille par leur texture, soit le velours et les techniques dites du medjboud, broderies avec du fil d'or. La Melafha est sans doute l'habit le plus emblématique et le plus ancien de notre culture berbère, car il était porté par toutes les femmes berbères d'est en ouest. La melahfa, faite d'une étoffe rectangulaire drapée autour du corps et maintenue par des fibules (ou « tabzimat »), est le symbole d'une culture millénaire, portée par les femmes des Aurès et des Hauts Plateaux. Ces régions, où la nature règne en maître, ont inspiré les couleurs et les motifs de la melahfa, souvent conçue à partir de textiles naturels teintés avec des pigments locaux. Aujourd'hui, plus moderne, les tissus, broderies varient, mais, elle garde son cachet initial et ancestral. Elle est un héritage vivant, célébrant la force et la résilience de nos femmes. La deuxième tenue inscrite au patrimoine de l'Unesco est El Guandoura, constantinoise, souvent appelée « Robe Fergani » ou « El Ksentiniya ». C'est une pièce emblématique du patrimoine vestimentaire algérien, particulièrement associée à la ville de Constantine. C'est une robe ample, brodée qui allie confort et élégance et qui puise ses origines dans un mélange de plusieurs influences, témoignant du riche héritage culturel de la région. Réalisée en velours, la gandoura se distingue par ses broderies élaborées en fil d'or, appelées « fetla » ou « medjboud », souvent inspirées de motifs floraux et géométriques. Ces broderies, faites à la main, illustrent l'expertise des artisans constantinois. La gandoura est généralement portée lors d'occasions spéciales comme les mariages, et elle est souvent associée à une ceinture ornée de louis d'or, appelée « m'hazma », qui ajoute à son allure majestueuse. Historiquement, cette robe remonte à des siècles, elle incarne également une fusion des styles méditerranéens et andalous, résultat de l'apport des civilisations ayant marqué l'histoire de Constantine. Aujourd'hui, la gandoura reste un symbole de l'identité culturelle algérienne et fait partie des tenues mises en avant pour valoriser le patrimoine national. Dans le dossier déposé, nous retrouvons notamment la mention du Qat et surtout du Caftan Qadi avec une belle illustration prise lors d'un défilé de mode de la famille Azzi de Constantine, devenue experte et incontournable dans ce domaine. Le caftan Qadi féminin, notamment dans des régions comme Tlemcen, Alger et Constantine, est devenu une pièce maîtresse du trousseau de mariage, symbolisant l'élégance, la richesse culturelle et l'héritage de plusieurs siècles de savoir-faire artisanal. Initialement, il était l'habit des juges musulmans algériens, d'où son appellation de Qadi (juge en arabe), avant que les femmes ne se l'approprient au fil du temps pour en faire une tenue d'apparat. Contrairement à d'autres variantes maghrébines du caftan, le style algérien est particulièrement sobre et élégant, souvent composé d'une seule pièce ample et agrémentée de broderies ou d'éléments plus fins et discrets comme le paon. Le caftan algérien se distingue également par son raffinement traditionnel et ses origines. Le Caftan algérien est plus fluide, met davantage l'accent sur la modestie et la grâce discrète, tout en reflétant une longue tradition artisanale. Des témoignages culturels et historiques confirment l'existence et l'utilisation du caftan en Algérie bien avant sa popularisation moderne dans d'autres pays voisins. L'inscription de ces costumes à l'Unesco est une reconnaissance importante, mais aussi une invitation à protéger ce patrimoine face aux défis de la modernité. Les artisans et couturières jouent un rôle central dans cette préservation, tout comme les femmes qui perpétuent la tradition en les portant lors de fêtes et de cérémonies.