kQuelque 300.000 visiteurs rassemblés pour deux jours sous l'iconique pyramide du Big Sight de Tokyo… Le Comiket (Comic Market), plus grande convention du Japon, a tenu sa 105e édition les 29 et 30 décembre. Deux fois par an, chaque été et chaque hiver, c'est le grand rassemblement de tous les Japonais passionnés qui réalisent et auto-éditent des ouvrages en tout genre. Si le Comiket est célèbre pour ses images de foule débordante, il faut souligner l'admirable gestion japonaise des files d'attente. La queue se forme bien avant l'ouverture des portes, mais les visiteurs sont organisés en blocs en fonction de l'heure d'entrée de leur billet, et il y a juste assez de place pour que chacun sa petite chaise de camping et attente patiemment son tour. Le moment venu, tout le monde se lève et avance rapidement, mais sans mouvement de panique. Pour acheter les créations des artistes les plus célèbres, il faudra refaire la queue une fois à l'intérieur. Mais là aussi, tout est parfaitement orchestré : les stands les plus populaires sont placés en bordure des halls d'exposition, de sorte que les queues puissent s'étaler jusqu'à l'extérieur des bâtiments. Un membre du personnel muni d'un panneau vient fermer la file pour indiquer aux nouveaux arrivants qu'ils sont bien devant le bon stand. Le panel de ce que l'on trouve au Comiket est très large : des fanzines regroupant des fan-arts de mangas populaires, une foule de cosplayers bien sûr, dont certains vendant des livres de leurs photos, mais aussi artistes originaux qui publient leurs dessins en ligne et les font imprimer pour l'occasion. Certains mangakas confirmés publient eux aussi des oeuvres originales hors circuit, tel Reiji Miyajima, auteur de Rent a girlfriend (Noeve Grafx, trad. Rodolphe Gicquel, adapt. Kévin Druelle) qui propose à la vente des chapitres refusés par son éditeur. Quant aux maisons d'édition, elles ne manquent pas de dépêcher des envoyés sur place pour repérer les jeunes talents. Mais les mangas ne sont pas les seuls formats représentés, tous les hobbys sont de la partie : fan fictions, photos de train, expositions de poupées et livres de recettes amateurs. Et le public des visiteurs est tout aussi varié et animé. Les artistes les plus célèbres ont leurs propres files d'attentes qui peuvent facilement durer plusieurs heures. Un rendez-vous incontournable pour tous les otakus nippons. Quand les héros de manga font l'éloge de la librairie The Summer Hikaru died (Pika, trad. Manon Debienne, Sayaka Okada) série fantastique signée Mokumokuren où Yoshiki, collégien de la campagne japonaise, se rend compte que son meilleur ami a été remplacé par un monstre qui lui ressemble en tous points, attire de plus en plus l'attention du public, avec l'adaptation en animé prévue courant 2025. Cette popularité croissante s'accompagne de collaborations en tous genres (on a notamment vu des parfums inspirés par chacun des personnages). Qui dit série populaire au Japon dit pop-up store proposant des produits dérivés en édition limitée. Et le dernier en date pour The Summer Hikaru died avait pour thème... la librairie. Ouverte temporairement au 8e étage de la librairie Junku à Ikebukuro (Tokyo), la boutique est décorée d'illustrations des deux jeunes héros feuilletant des livres dans les rayonnages du magasin. Yoshiki, mature pour son âge, lit le résumé d'un roman contemporain, tandis que « Hikaru », ne sachant pas très bien lire, feuillette avec enthousiasme un album illustré. Et parmi les goodies disponibles à l'achat, on trouve notamment une luxueuse impression reproduisant l'intérieur de la librairie. Rien de tel que deux héros aussi en vogue que Hikaru et Yoshiki pour inciter le public à acheter ses livres en physique... d'autant plus que les produits dérivés exclusifs ne sont pas disponibles en ligne. Comme souvent dans ce type d'évènement, un tableau permet aux fans de laisser des petits fanarts et messages de soutien à la série. Imprimer ses personnages préférés sur un dessert Depuis la fin des années Covid, la tendance chez les otakus japonais est à l'« otakatsu » ou « oshikatsu », fait de soutenir activement ses personnages et célébrités préférés. L'une des bases de l'otakatsu consiste à aller dans un café avec des produits dérivés, d'y prendre des photos et de les partager sur les réseaux sociaux. Cette manne de clients désireux de faire de belles photos fait vivre une myriade de cafés aux concepts tous plus innovants les uns que les autres. C'est ainsi que les cafés d'impression ont vu le jour... Ces boutiques disposent d'imprimantes à encres alimentaires qui permettent d'obtenir en quelques minutes l'image de son personnage préféré sur de la crème. Le Namchini Café à Shin-Okubo (Tokyo) se spécialise dans les lattes, tandis que le Niwa Ura à Shibuya (Tokyo) propose d'imprimer sur des parfaits. L'impression est dans les deux cas d'une précision à couper le souffle... En réponse à cette popularité croissante, la chaîne de librairies de mangas / boutique de produits dérivés Animate a lancé ses stands de café « Gratte » qui proposent d'imprimer des illustrations officielles sous licence sur des boissons. Les séries disponibles à l'impression changent toutes les quelques semaines pour couvrir le panel le plus large possible.