Au début du IXe siècle, quand naquit l'imam El Boukhari, l'empire musulman était dirigé par la dynastie des Abbassides (750-1258), qui avaient évincé les Ommeyyades à la suite d'un long travail de sape et d'une lutte sanglante. Entre-temps, les territoires de l'Islam s'étaient agrandis en englobant de nouveaux pays et des peuples divers et de tous les horizons surtout dans le continent asiatique comme l'Inde, l'Asie Mineure et l'Asie centrale. Celle-ci avait été conquise vers 712 et la seconde ville du pays, Samarcand, devint le grand carrefour des cultures et le principal centre de la fabrication du papier, technique que les Arabes avaient apprise – à cette époque-là — du peuple de Chine qui dominait, alors, cette grande région appelée à devenir un brillant foyer de la civilisation musulmane. C'est dans cette dernière région qu'est né Abou Abdellah Mohamed El Boukhari, en mars de l'année 810, dans la grande métropole, Boukhara, brillante capitale intellectuelle de l'Ouzbékistan. Issu d'une famille aisée, El-Boukhari perdit son père très tôt ; sa mère, alors, s'occupa néanmoins et remarquablement de son éducation l'aidant à faire des études poussées, aidé en cela par une mémoire prodigieuse qui lui permettait, déjà, à l'âge de onze ans, de corriger ses maîtres dans l'école coranique qu'il fréquentait. Quand il atteignit sa seizième année, il quitta sa ville natale Boukhara (la ville aux 140 monuments et située sur la fameuse route de la soie) et fit le voyage à La Mecque en compagnie de sa mère et de son frère, mais ne retourna pas avec eux, préférant demeurer dans le Hedjaz pendant six années. Il visita Médine où il vécut durant quatre années, puis Bassorah et Baghdad, la merveilleuse et grande capitale des musulmans et centre civilisationnel incomparable. Le calife qui régnait, en ces temps-là, était El-Mamoun (814-833), auquel succédèrent des califes compétents comme El Moutassim (833-847) et El Moutawakil (847-861). El-Boukhari se rendit aussi dans d'autres contrées comme l'Egypte et la Syrie ce qui lui a permis d'acquérir des connaissances très approfondies dans le domaine du hadith, en tout seize ans de pérégrinations utiles au plus haut point. Il avait rencontré d'illustres savants tel Ibn Hanbal (780-855) avec qui il se lia d'une amitié forte et durable. En même temps, il enseignait devenant un maître incontesté de la jurisprudence, tout en rassemblant un nombre prodigieux de hadiths du Prophète Mohamed (QSSSL) et appliquant une méthode minutieuse autant que rigoureuse pour ne réunir que les versions authentiques. C'est ainsi qu'il compila 600 000 hadiths parmi lesquels il mémorisa 200 000 avec les chaînes de transmission complètes ! De cette masse énorme, il sortit son fameux Sahih El Boukhari qui englobe pas moins de 7 275 hadiths sûrs. Cela n'est pas la seule œuvre de ce grand savant, qui laissa à la postérité d'autres ouvrages aussi divers les uns que les autres. Citons, entre autres : Ettarikh Elkébir, Ettarikh Essaghir, Ettaraouih ouelançab, El akida, Ettarikh oua maârifatou rouad el ançab… L'imam El Boukhari était également un excellent enseignant du hadith, un grand exégète, un linguiste et un brillant juriste sans oublier d'immenses dons dans le domaine de l'historiographie. Il avait eu pour élèves d'illustres savants tels qu'Ettarmidhi (827-893), Abou Daoud (848-827), et Mouslim (821-876) qui continuèrent dans la ligne de leur célèbre prédécesseur. Ce dernier, quoique persécuté et calomnié (comme d'autres savants musulmans ; souvenons-nous de ce qu'endura Ibn Khaldoun) – et même maintes fois expulsé des lieux où il a vécu – ne dérogea jamais à ses principes et à sa ligne de conduite durant toute sa vie. Il mourut, à l'âge de 60 ans, dans la ville de Samarcand, en 870 de l'ère chrétienne (256 hégirienne).