Le gouverneur de la Banque d'Algérie, M. Mohamed Laksassi, a, dans son évaluation de l'impact de la hausse des prix des produits sur les marchés mondiaux suite à la crise financière, estimé à seulement 1,6% la variation sur les prix des produits importés pour la consommation et de 3,3% sur les prix des produits libres n'entrant pas dans la subvention de l'Etat. Le taux de cet impact sur les services a été par ailleurs de 1,5% en 2007. Le choc de la crise inquiète grandement la Banque d'Algérie qui estime toutefois que la situation financière nationale se trouve protégée par la politique financière qui a pu préserver les grands équilibres dont les conditions bancaires «favorables» qui permettent une irrigation sereine de l'économie et subvenir aux besoins de l'investissement. «Nous demandons aux banques de consentir des crédits sains pour réussir l'investissement et par conséquent permettre la création de l'emploi», a plaidé le gouverneur d'Algérie. La crise financière internationale multidimensionnelle qui devra se poursuivre dans les prochains mois occasionnant une aggravation pour ce deuxième semestre de l'année en cours des pertes importantes pour les banques quant à la reconstitution de leurs fonds propres, ne peut échapper, selon le gouverneur d'Algérie, à l'exaspération de l'inflation qui a commencé à éprouver les économies développées comme aux Etats-Unis où le glissement annuel du taux de l'inflation est passé du simple au double en l'espace d'une année pour se situer à 5,6%. En Europe, ce taux a été presque dans les proportions, soit 4% à fin juillet 2008. La poursuite de ces turbulences à tendance haussière chargée du risque inflationniste concernera surtout l'énergie et les matières premières dont les prix ont atteint des niveaux records. L'intensité de cette conjoncture inflationniste alimentant un marché des capitaux ou les financements sont déjà amenuisés en plus la difficulté première pour les banques touchées par la crise à reconstituer leurs fonds propres ne peut que trouver extension dans toutes les économies ayant un lien avec elles. C'est à ce titre que notre économie trouve en ses faiblesses le moyen de rester à l'abri par le fait déjà que les banques nationales n'ont aucune activité internationales et ne sont pas liées structurellement avec celles qui vivent le cauchemar de la mondialisation. En abordant l'impact de cette crise sur l'économie nationale, le gouverneur national de la Banque d'Algérie a eu l'occasion d'exprimer sa satisfaction quant à la fiabilité de la politique financière qui a permis de pallier les risques par d'abord la disponibilité des liquidités au niveau des banques, du niveau des réserves de changes et la maîtrise des équilibres budgétaires et de trésor. Le soulagement enregistré suite au paiement de la dette par anticipation est par ailleurs un facteur qui prête à satisfaction dans la mesure où il soulage l'économie de faire face à un seul danger au lieu de deux. C'est du côté donc des importations que le transfert de l'impact de la crise trouve accès au marché national. La hausse des produits importés influe forcément sur le prix à la consommation locale et a un impact certain tant sur la revente en l'état ou transformée. De ce fait, trois produits particulièrement, à savoir les céréales, le sucre et le lait ont accusé une hausse de 20%. La hausse des prix des produits agricoles et de sylviculture sur les marchés mondiaux et dont la part dans nos importations est importante ont connu une hausse des prix de 11% en moyenne au courant de 2005-2007. Les céréales, produits stratégiques, ont vu leur prix plus que doubler comparativement avec l'année 2000. Le prix du sucre a connu par ailleurs une hausse de 40%. Depuis juin 2007, le blé tendre a augmenté sur le marché de Rouan de 68,8% de sorte que la tonne est passée de 144 euros à 243 la tonne pendant ce temps, la tonne de blé dur est passé à 495 euros soit une hausse de 82%. La poudre de lait a aussi augmenté de plus de 3 fois son prix par rapport à 2000, passant de 1600 dollars la tonne en janvier 2000 à 5200 dollars la tonne en juin 2007 pour reculer ensuite à 4500 dollars la tonne. En somme, la hausse des prix sur les marchés mondiaux a eu un impact de seulement 1,6% et de 3,3% sur les prix des produits libres, c'est-à-dire non subventionnés et ce, grâce au système des subventions sur ces produits stratégiques que le gouvernement s'est permis d'instaurer eu égard justement à la disponibilité de la ressource en ces temps de crise. Le gouverneur a, en conclusion à la présentation de son rapport annuel considéré le transfert naissant de l'inflation de l'extérieur à laquelle s'ajoute déjà l'inflation provoquée par des facteurs internes un souci premier à prendre en compte dorénavant très au sérieux dans l'élaboration des programmes du fait qu'il constitue dorénavant un choc extérieur à la stabilisation des prix sur le marché national sur le moyen terme. C'est dans cette conjoncture aussi qu'il convient de repenser vivement la question des sur-liquidités existantes dans la conception de la politique financière.