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Le po?te au verbe qui d?range
Adonis invit? de la Biblioth?que nationale d?Alg?rie
Publié dans La Nouvelle République le 15 - 10 - 2008

C'est devant un parterre de journalistes et d'invités que le poète Adonis a donné une conférence intitulée Vers une résistance radicale et globale. La venue du poète syrien Adonis, a été incontestablement, très attendue par les intellectuels algériens et autres. Car avant tout, Adonis est une personnalité en rupture totale avec le «politiquement correct» ambiant en matière de pensée dans le monde arabo-musulman contemporain. Après des chaleureux remerciements, Adonis a, d'emblée, posé la problématique «nécessaire» sécularisation des sociétés arabo-musulmanes. Il a, en effet, déclaré qu'il était un homme respectueux de l'Islam et «qu'au-delà de toutes les religions en tant que spiritualité et expérience humaine mais «totalement opposé» à l'«Islam-institution» ou «Islam régime». Evoquant certains régimes arabes, apparus dans la seconde moitié du 20e siècle, il a expliqué que les nations en question ont échoué dans leur mission dite à «libérer l'homme» et à asseoir des Etats modernes basés sur le droit et le respect de l'individu. Il indiquera que les élites politiques dites «progressistes» et «laïques», à l'origine de la libération de leurs pays respectifs, n'ont contribué qu'à perpétuer le clanisme et le népotisme, aidés en cela par des intellectuels qui en sont les complices. A la question de savoir quel est le rôle de l'élite intellectuelle dans les sociétés arabo-musulmanes, le conférencier a soutenu que cette dernière ne respecte pas les critères de probité morale et intellectuelle, lui permettant d'être à l'avant-garde des changements nécessaires.
La sécularisation de la société, dira-t-il, est au cœur de la crise de la modernité dans ces sociétés. Sur la question de la laïcité, il indiquera que les intellectuels arabes sont frileux «le texte (le Coran) est constant, mais son interprétation change, or il n' y a aucun effort de questionnement théorique. Cette absence de pensée critique a provoqué une scission entre l'intellectuel arabe et la société, faisant, ainsi de lui un instrument au service des gouvernants. «Nous sommes absents de la carte du monde actuel et en marge du cours de l'Histoire», conclura le penseur syrien. Adonis est le pseudonyme d'Ali Ahmed Saïd Esber, un poète et critique littéraire syrien, né janvier 1930 en Syrie. Il entre ensuite à l'Université syrienne de Damas qu'il quitte en 1954 avec une licence de philosophie. Il est, aujourd'hui, considéré comme l'un des plus grands poètes arabes vivants. Il est un influent autodidacte, voire iconoclaste, quant à la réévaluation critique de la tradition poétique arabe vis-à-vis des pressions intellectuelles, politiques et religieuses du monde arabe actuel, l'exemple le plus frappant étant la Prière et l'Épée : essai sur la culture arabe. Son œuvre révèle plusieurs thèmes : injustice, dictature, guerre, misère...
Adonis a été nommé pour le prix Nobel de la paix 2008.


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