Sans fausse modestie, je suis plutôt doué dans le maniement des outils de Windows, Word et autres... Mais, franchement, je suis totalement, terriblement, complètement nul quant aux méandres techniques de mon ordinateur. Quelquefois, je me rappelle mes débuts en informatique et l'aventure qui m'est arrivée quand j'ai acheté mon ordinateur. Installer un logiciel était pour moi une bataille perdue d'avance. Pire, j'ai tellement cliqué ci et là que mon cher Ordi en avait perdu la boule. L'écran restait noir. Il ne me restait plus qu'à chercher un technicien pour qu'il vienne tout remettre en état. Et ce technicien qui est-il ? Chikh Lahdid, pardi ! L'homme qui répare tout. Il arrive, le visage sec, la parole brève et professionnelle, et l'air important du chirurgien qui va vous sauver la vie. Au début, il posera quelques questions : - Vous avez quoi sur votre carte-mère ? - Euh... - Votre PC, il dispose de combien de RAM ? - Euh... - Quelle capacité, votre disque dur ? - Euh... Je suis au beau milieu d'un océan, seul, sans la moindre petite bouée pour me sauver... Mort de honte, je finis par lui avouer mon ignorance. Chikh Lahdid hausse les épaules : des zéros comme moi, il en voit par paquets, tous les jours. Il ressemble étonnement à ces gens orgueilleux au regard condescendant, un peu dégoûté et méprisant qui vous écrasent au fond de vos chaussures. - Laissez tomber, me dit Chikh Lahdid en me voyant compulser nerveusement un dossier où sont classées toutes les fiches sur l'ordinateur. Je me débrouillerai tout seul... Il reprend sa pose de chirurgien, détend ses épaules, fait craquer ses doigts. Je m'attends à ce qu'il dise : «scalpel !», mais il jette un «allons-y !» qui ne manque pas moins de panache. Il est devant l'écran, tape à une vitesse hypersonique sur le clavier. Des codes secrets apparaissent, des hiéroglyphes qu'il sait interpréter, lui. Il bougonne un : «Eh bien, vous l'avez mis dans un fichu état !» Il lui faut agir, vite, la vie du malade en dépend. Et, d'un geste décisif, il ouvre le boîtier. Ses gestes sont précis. Quel homme ! Il a cautérisé, clampé, incisé, greffé ci et là, sans sourciller. Il referme la plaie d'un coup précis de tournevis, respire un grand coup... Je me retiens de ne pas applaudir, ébahi d'admiration. Il refait la mise en marche. Ahhh ! Quelque chose a changé sur l'écran : des lignes de lettres et de chiffres hirsutes défilent à grande vitesse. Je suis au comble de l'inquiétude mais il se veut rassurant : «C'est normal !» dit-il.