Le G7 ne s'interdit aucun outil pour empêcher une volatilité excessive ou des mouvements désordonnés sur les marchés des changes, a affirmé la ministre de l'Economie, Christine Lagarde. Lors d'une interview à Reuters, elle a aussi salué la baisse des taux décidée la veille par la Banque centrale européenne, en disant en espérer une autre avant la fin de l'année. Les baisses de taux de la BCE alimentent la tendance baissière de l'euro, qui se négociait vendredi autour de 1,2750 dollar après avoir culminé à 1,60 le 15 juillet. La devise européenne n'en prend pas moins du poids face au dollar mais la ministre a dit souhaiter que cette montée en puissance s'effectue graduellement pour éviter toute volatilité excessive sur le marché des changes. Le 27 octobre, l'envolée du yen - à des plus hauts de 13 ans face au dollar et de six ans et demi face à l'euro - avait amené le G7 à publier un communiqué mettant en garde contre sa volatilité excessive. La situation s'est depuis calmée mais Christine Lagarde n'écarte pas une intervention en bonne et due forme si la volatilité reprenait. «Il nous faut regarder la situation (...) mais il y a une boîte à outils et aucun outil n'est proscrit,» a-t-elle dit. «Le G7 a toujours eu pour position que des mouvements désordonnés ne sont pas souhaitables. La pratique montre par ailleurs que lorsque nous exprimons notre point de vue d'une manière coordonnée, cela a un impact», a affirmé la ministre. «Je pense qu'on s'en tiendra à ces deux principes de base. Pas de volatilité excessive, pas de mouvement désordonné. Nous voulons la stabilité, la solidité, la fiabilité. Et nous savons par ailleurs qu'une pratique concertée, des actions concertées et des messages qui vont dans le même sens sont efficaces.» Interrogée sur la montée en puissance de l'euro, elle a estimé que celle-ci devait s'effectuer de manière «graduelle». «En cette période de forte volatilité sur de nombreux marchés, nous ne voulons pas d'un changement profond qui induirait à l'évidence de nouvelles difficultés et de la volatilité», a-t-elle expliqué, sans remettre en cause la tendance de fond qui reflète, selon elle, le rôle de plus en plus important de l'économie européenne dans le monde. Christine Lagarde, qui la veille sur France 3 avait jugé que la baisse de taux de la BCE n'était pas suffisante pour relancer l'économie, a tenu des propos plus positifs sur l'action de la banque centrale. Après une première baisse d'un demi-point le 8 octobre, dans le cadre d'un mouvement concerté des grandes banques centrales de la planète, la BCE a encore réduit jeudi son taux directeur pour le ramener à 3,25%, et son président Jean-Claude Trichet a laissé la porte ouverte à un nouvel assouplissement en décembre. «Je suis très satisfaite que la Banque centrale européenne ait réduit ses taux pour la deuxième fois. J'ai été contente aussi que le président Trichet laisse attendre un autre changement avant la fin de l'année», a dit Christine Lagarde à Reuters. «Je pense que la Banque centrale a fait un travail formidable pour gérer les liquidités à ce jour, et continuera de le faire. L'abaissement des taux est en effet souhaitable», a-t-elle ajouté. Priée de dire si elle était déçue que la BCE n'ait pas été aussi loin que la Banque d'Angleterre, qui a réduit son taux directeur d'un point et demi jeudi, à 3,00%, elle a répondu par la négative. «La Banque d'Angleterre a beaucoup baissé mais elle partait de plus haut, donc c'est un réajustement», a-t-elle dit. «Je ne suis jamais déçue. Je suis d'humeur déterminée, combative et je refuse d'être déçue», a affirmé la ministre. Christine Lagarde, qui participe ce week-end à une réunion des ministres des Finances du G20 à San Paolo, au Brésil, avant le sommet du 15 novembre à Washington, a dit attendre des pays émergents «détermination et action collective».