Tout en se réservant de se prononcer sur l'éventualité d'être reconduit en qualité de Premier ministre, conformément aux nouvelles dispositions constitutionnelles, le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia, dans une conférence de presse tenue à l'issue du scrutin, a toutefois annoncé qu'il présenterait sa démission au chef de l'Etat une fois la nouvelle loi fondamentale promulguée. Il a eu, par contre, à se répéter plusieurs fois pour donner la même réponse aux journalistes qui, avec des formules diverses, posaient la même question à propos de la non-limitation du nombre de mandats présidentiel. Ahmed Ouyahia est allé chercher sa réponse dans la Constitution en vigueur qui a laissé cet article en dehors des dispositions protégées et donc non sujettes à amendement. Pour le chef du gouvernement, la Constitution n'est pas un texte sacré encore moins un quelconque pacte social «c'est le fruit d'efforts humains à travers lesquels il est permis de consacrer les droits fondamentaux». La Constitution de 1996, qui traduit la volonté populaire par le fait qu'elle a bénéficié de son approbation, a sacralisé la république et protégé ses principes fondamentaux sous le sceau de l'inviolabilité. Elle a laissé ouvert cette disposition relative à déterminer le nombre de mandats et de durée pour que le peuple puisse exprimer et exercer son droit directement par référendum ou par le truchement de ses élus dans les institutions élues. C'est le peuple qui a décidé qu'elle reste sujette à amendement, a-t-il martelé. La question relève à son sens de la spéculation. «On ne discute pas la volonté populaire». Tout en réitérant son respect pour les idées contraires, le chef du gouvernement a tenté la parade en évoquant le mandat des élus à la base, de celui des députés, des responsables de partis et autres qu'aucune loi ne limite et que personne n'y accorde un intérêt particulier, se demandant à quoi obéirait toute cette attention pour l'amendement de l'article 74 de la Constitution. Pour Ahmed Ouyahia, il s'agit plutôt d'aller vers un «débat de la pratique politique sain et serein et se battre pour défendre son projet de société». Un faux débat donc, que celui entourant la levée de la limitation des mandats présidentiels qui rappelle, selon le conférencier la diabolisation de la Constitution de 1996 venue sacraliser, dans une période difficile, la république et qui a «été accueillie alors comme une loi dictatoriale». «La protection de la démocratie est dans le débat d'idées et non dans l'invective», mettant fin ainsi à ce chapitre pour apporter une réponse relative à la légitimité du parlement pour lequel pas moins de 35 partis politiques ont été en lice en sus des indépendants. Le parlement, a-t-il dit, «c'est une mosaïque où sont représentés 25 partis politiques, donnant à l'expérience du multipartisme en Algérie une maturité qui lui a conféré aujourd'hui le droit d'opter pour une démarche constitutionnelle qui est la révision constitutionnelle qui lui a été confiée». Après avoir égratigné les démocrates, dont il dira qu'ils n'ont pas défendu la République en 1991, laissant d'autres le faire comme l'ont fait même des organisations apolitiques, dont l'UGTA, qui n'ont pas hésité à s'impliquer, il somma ceux qui se mettent en travers de cette révision de cesser «de faire de la politique à l'ombre d'un article». Cette dernière révision est intervenue, selon l'optique du chef du gouvernement, pour catalyser une étape politique nouvelle dans laquelle l'Algérie a changé, d'abord par le parachèvement de l'édification du pays et grâce aux conditions «plus favorables» qui permettent de «perfectionner certaines choses».