Certains signes laissent croire que le souci d'économie d'énergie commence à se manifester en Algérie, pour des raisons tantôt écologiques tantôt économiques. Sur son site, Sonelgaz appelle ses clients à «adopter des gestes simples» pour agir sur l'éclairage, le chauffage et le fonctionnement des appareils électroménagers, dans but d'économiser l'énergie. Cet appel est justifié par la pression énorme exercée, en hiver et aux heures de pointe, sur l'approvisionnement en électricité. Pour l'éclairage domestique, il est conseillé d'éviter les ampoules halogènes, «car elles consomment 30 fois plus qu'une ampoule à basse consommation». Sonelgaz a déjà lancé la distribution, en octobre dernier, d'un nombre de 250 000 lampes à basse consommation (LBC), ce qui n'est pas suffisant, les besoins étant estimés à 30 millions de lampes. L'Agence pour la promotion et la rationalisation de l'utilisation de l'énergie (APRUE) vient de décider d'importer un million de LBC pour les vendre à 250 DA l'unité grâce au soutien du Fonds national pour la maîtrise de l'énergie. C'est loin de ce qui a été réalisé, par exemple à Cuba où, en 2005, Fidel Castro a fait changer toutes les ampoules afin de diminuer la consommation d'électricité, et au Venezuela où Hugo Chavez a offert 52 millions d'ampoules à basse consommation à ses concitoyens. Dans ces deux pays, les lampes à incandescence sont interdites. Dans beaucoup d'autres pays, les prochaines années verront la généralisation des lampes à basse consommation et la disparition totale des lampes classiques. En Algérie, l'éclairage qui représente en moyenne, selon Sonelgaz, 15 % de la facture d'électricité, n'est pas la seule réserve d'économie, la climatisation, nouveau besoin qui a émergé depuis quelques années, est à l'origine des pointes de consommation d'électricité enregistrées dans les situations de canicule, en été, ou de froid rigoureux, en hiver. Sonelgaz possède la solution pour remédier à ce phénomène. En 2002, elle a lancé trois projets pilotes d'utilisation du gaz naturel pour la climatisation sur ses sites à Alger, Chlef et Hassi Messaoud avec comme objectif de «mettre en place une politique pour le développement de la climatisation au gaz naturel à grande échelle et particulièrement dans le grand sud». Cette politique a de quoi séduire : le prix du kwh gaz est plus intéressant que le kwh électrique, les coûts de maintenance et d'entretien sont réduits, les équipements ont une longue durée de vie (20 ans). Mais, depuis, la démarche n'a visiblement pas dépassé le stade de l'expérimentation, la climatisation au gaz naturel reste inconnue du grand public. Elle ne semble pas avoir intéressé les promoteurs immobiliers alors qu'un vaste programme de construction de logements a été lancé après 2002. On peut s'interroger, au passage, sur le mode d'éclairage public retenu pour les grands projets d'infrastructures routières, lampes classiques ou à basse consommation ? L'APRUE s'intéresse également à l'étiquetage des appareils électroménagers pour éviter les équipements énergétivores. En fait, écologique dans le discours (faire face aux problèmes d'environnement et aux changements climatiques), la motivation qui guide la démarche de maîtrise de l'énergie en Algérie se révèle, plutôt économique. L'argument écologique vient seulement en appoint. C'est ce qui explique sans doute les lenteurs dans la mise en œuvre d'une véritable politique d'économie d'énergie.