L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) est parvenue hier à un consensus prévoyant une réduction de la production de brut de près de 4,2 millions de barils/jour, a annoncé son secrétaire général. Cette réduction, qui est loin des espérances de certains pays membres qui tablaient sur une réduction de l'ordre de 2 millions de barils/jour, traduit la volonté du cartel pétrolier d'influer véritablement sur les cours de pétrole qui restent «parasités» par les quotas mis en vente par des pays non membres de l'organisation. Elle traduit également sa volonté de resserrer ses rangs que beaucoup d'observateurs présents à Oran qualifiaient de fragile, surtout qu'elle est minée par les dissensions entre certains pays membres, à l'instar des divergences entre l'Arabie Saoudite et le Venezuela sur les quotas de production. Inaugurant les travaux de cette 151e réunion qui s'est tenue à l'hôtel Sheraton à Oran, le président de la République M. Abdelaziz Bouteflika, qui a exprimé sa confiance en l'Opep, a indiqué que « la maturité de l'Opep me laisse confiant que toutes les décisions qu'elle prendra dans le sens de la réhabilitation des cours du pétrole tiendront compte des implications sur l'économie mondiale». Cette déclaration de M. Abdelaziz traduisait dans une large mesure la volonté des Etats membres de l'organisation de tout mettre en œuvre pour enrayer la chute du prix du baril, qui a perdu, depuis le mois d'octobre, près de 90 dollars USD. La présence de pays producteurs non-Opep (Russie, Oman, Syrie et Azerbaïdjan) à la rencontre d'Oran marque un sérieux tournant dans le marché des hydrocarbures qui ne peut plus s'assurer une stabilité via les mécanismes de régulation de l'Opep. Dans une brève déclaration à la presse, le ministre syrien de l'Energie a indiqué que son pays, qui dispose de réserves marines importantes, ne produit que près de 390 000 barils/jour de brut. «Toutefois nous comptons sur une revalorisation des cours pour encourager les investissements dans le secteur de la prospection offshore». «La réunion du comité de suivi, tenue la veille, a permis à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole de parvenir à un consensus pour réduire sa production de plus de 2 millions de barils par jour, avait annoncé pour sa part le ministre saoudien du Pétrole, M. Ali al-Nouaïmi approché par les journalistes avant qu'il ne rejoigne la salle où se tenait à huis clos la conférence. La Russie, invitée à la réunion d'Oran, a pour sa part souhaité le statut d'observateur permanent de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) pour une meilleure coordination avec le cartel, a notamment souligné son vice-Premier ministre, M. Igor Setchine, lors de son intervention à l'ouverture des travaux de la rencontre d'Oran. Il a par ailleurs indiqué que son pays a initié un dialogue régulier sur l'énergie avec l'Opep. Il a estimé qu'un statut d'observateur permanent de l'organisation permettrait une meilleure coordination. La Russie, qui occupe une bonne place dans le gotha des pays producteurs, a proposé de réduire sa production de 300 000 barils/jour hors quota de l'Opep. Cette proposition ajoutée à celle de l'Azerbaïdjan qui a annoncé une coupe d'environ 350 000 barils/jour permettrait d'alléger drastiquement l'offre, une éventualité qui a déjà permis hier au prix de pétrole de repartir à la hausse. Finalement la rencontre d'Oran a permis à l'Opep de retrouver sa cohésion et surtout de peser de tout son poids sur les cours du brut qui restent menacés par l'intervention de certains pays non membres à l'instar du Nigeria et de la Norvège qui joue au véritable électron libre en bradant son pétrole de la mer du Nord pourtant au coût d'extraction très élevé selon les analystes.