Les appels se multiplient pour demander un plan de soutien européen au secteur financier des pays d'Europe de l'Est, durement touché par la crise mondiale et dans lequel les banques occidentales sont fortement implantées, ainsi qu'à leurs économies. L'Autriche a proposé, cette semaine, le lancement d'un plan européen pour ces pays, entrés dans l'UE depuis 2004, suggestion relayée, mercredi, par la chancelière allemande Angela Merkel. «Nous avons une responsabilité commune pour l'Europe centrale et orientale, l'Allemagne et l'Autriche exportant beaucoup vers ces pays, a-t-elle affirmé, à l'issue d'un entretien avec son homologue autrichien, Werner Faymann. M. Faymann propose de former avec l'Allemagne, la France, l'Italie et la Belgique une «alliance des principaux investisseurs» en Europe de l'Est. Il devait aborder ce sujet jeudi, lors d'une rencontre avec le Premier ministre tchèque, Mirek Topolanek, président en exercice de l'UE. «Il y a un intérêt partagé, en Europe, à ce que les pays qui nécessitent un soutien approprié l'obtiennent de la part de l'Union européenne, ou du Fonds monétaire international (FMI)», a déclaré le chancelier autrichien. «Il faut faire plus, et une approche régionale est nécessaire» a jugé, également, le président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), Thomas Mirow, dans une tribune dans le Financial Times. Plusieurs pays d'Europe de l'Est ont, déjà, reçu une aide internationale accrue, notamment de l'Union européenne. C'est le cas de la Hongrie, à laquelle le FMI, la Banque mondiale et l'UE ont offert, fin octobre, un prêt de 20 milliards d'euros, dont 6,5 milliards d'euros pour l'UE, pour l'aider, notamment, à surmonter de graves problèmes de liquidités des banques. Depuis, un prêt de 7,5 milliards d'euros --dont 3,1 milliards pour l'UE-- a aussi été approuvé pour la Lettonie. La Roumanie pourrait être la prochaine sur sa liste. Son président, Traian Basescu, a évoqué la possibilité d'une telle aide. «Nous avons informé la Commission européenne de notre intention de contracter un prêt européen de 6-7 milliards d'euros, avec une surveillance de la part du FMI», a-t-il dit à la radio publique roumaine. En cause, la croissance en berne de ces pays, la chute de leurs monnaies, le creusement de leurs déficits et, surtout, les difficultés de leur secteur bancaire. Or, si les banques ne sont plus en mesure de prêter aux entreprises, et aux ménages, c'est toute l'économie qui risque d'être, à terme, grippée. «A présent que les maisons mères (de ces banques) sont confrontées à la crise financière globale, il est crucial qu'elles maintiennent leur engagement en Europe de l'Est» a plaidé, également, le président de la Berd. «Dans ces pays, les systèmes bancaires sont dominés par les banques occidentales, dont la part de marché est particulièrement élevée dans certains pays comme l'Estonie, ou la République tchèque. Cela pose des problèmes, notamment pour savoir qui est responsable du sauvetage des banques», souligne Olena Havrylchyk, économiste au Centre d'études prospectives et d'informations internationales (CEPII). «Maintenant, il y a une crise du crédit dans les pays de l'Est, et il y a des rumeurs que ces banques se retirent», ajoute-t-elle. La Commission européenne a dit de son côté, jeudi, surveiller «étroitement» la situation mais a, aussi, appelé les banques investissant dans ces pays à se montrer responsables, en faisant profiter leurs filiales des généreux plans d'aides publics dont elles jouissent à l'Ouest. «La responsabilité doit être aussi partagée», a souligné une porte-parole de la Commission pour les questions économiques.