Sous le haut patronage de la ministre de la Culture, et sous l'égide du wali de Tizi Ouzou, le Comité des activités culturelles et artistiques de la ville des Genêts organise, en collaboration avec MAS Production, un colloque sur la chanson révolutionnaire en hommage à Farid Ali, artiste méconnu, longtemps oublié par l'histoire officielle, à la Maison de la culture Mouloud Mammeri, de Tizi Ouzou. Au programme de ce rendez-vous, prévu du 17 au 19 du mois en cours, des conférences, des tables rondes, des expositions, sur le thème, mais aussi une virée au village Bounouh, plus précisément au cimetière, où repose l'artiste, ainsi qu'un gala et des témoignages, sur la vie et l'œuvre de l'artiste par sa famille, ses proches et les membres de la troupe artistique du FLN. L'artiste, qui s'était engagé dans l'Organisation spéciale (OS) et dans la troupe du FLN, reviendra, à cette occasion, au devant de la scène. Farid Ali, de son vrai nom Khelifi Ali, est né le 9 janvier 1919, à Ikhelfounen, dans la commune de Bounouh, au sud du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou. Très jeune, il rejoint l'école des pères blancs, où il a obtenu le diplôme de certificat d'études professionnelles (CEP). En 1935, l'auteur de la célèbre chanson révolutionnaire «Ayema aâzizen Sber ur tt'ru (O ! mère chérie, ne pleures pas», quitta son village natal, pour Alger, où il exerça le métier de cordonnier, à la rue Randon. Farid Ali fut, à un moment, le compagnon du célèbre bandit d'honneur, Ahmed Oumeri, avant de s'exiler en France. A Paris, le chanteur révolutionnaire fut pris en charge par les différents chefs d'orchestres de l'époque, d'abord par Mohamed El Kamal et Mohamed Al Jamoussi et, plus tard, par le célèbre compositeur Amraoui Missoum. Farid Ali s'engagea dans le combat révolutionnaire, un engagement qui lui a valu de sérieux démêlés avec l'Etat colonial. En 1951, Farid Ali sera expulsé de France après un attentat contre un responsable de l'ORTF. Un attentat où Farid Ali a été soupçonné puis accusé d'y être impliqué. De retour en Algérie, l'artiste méconnu a activé au sein du PPA/MTLD et a été, souvent, obligé de se déguiser. En 1956, l'occupant (armée française, ndlr), l'arrêta à Bounouh et l'incarcéra à la prison de Draâ El Mizan, où il a été torturé. L'été 1958, avec d'autres artistes algériens, Farid Ali a fait partie de la «troupe artistique du FLN» en tant qu'interprète. Il a émis, auprès de Mustapha Kateb et de Mustapha Sahnoun, le vœu de chanter en kabyle. Un vœu exaucé puisque avec leur accord, et la nuit même, il a écrit le texte de la chanson «Ayema aâzizen sber ur tt'ru (O ! mère chérie ne te lamente pas)», une chanson révolutionnaire demeurée célèbre et, le lendemain, il la met en musique. L'enregistrement de cette chanson a été effectué en Tunisie et le refrain repris par les djounouds Algériens engagés dans le combat révolutionnaire. En 1964, il sera emprisonné à Berrouaghia et ne sera libéré qu'en 1965, après la grâce du président Boumediène. A sa libération, il repart à l'étranger, où il ne tarda pas puisque, quelques temps après, il rentrera au pays. En 1977 Farid Ali quitta le pays, une nouvelle fois, pour des raisons de santé, avant de rentrer définitivement en Algérie, en 1978. Farid Ali rendra l'âme le 19 octobre 1981, à l'âge de 62 ans. Quatre ans plus tard, et à titre posthume, une distinction lui sera décernée, le 5 juillet 1987, par le président de la république, Chadli Bendjedid.