«Les conditions ne sont pas favorables à un rebond économique important et durable et la Fed restera attentive à la manière dont la politique monétaire peut contribuer à la reprise économique», a déclaré le vice-président de la Banque centrale, Donald Kohn, lors d'une intervention publique dans l'Ohio. Le président de la Fed, Ben Bernanke, a assuré de son côté que celle-ci continuerait de recourir aux méthodes non-orthodoxes dont elle a usé depuis le début de la crise financière, durant l'été 2007, avec pour objectif de stabiliser les marchés et d'ouvrir la voie à la reprise de la croissance. Il n'a, cependant, donné aucune précision sur le temps que cette reprise pourrait prendre. «La Réserve fédérale fera un usage responsable de tous les outils pour stabiliser les institutions et les marchés financiers, pour promouvoir l'extension du crédit aux ménages solvables et pour contribuer à poser les fondations d'une reprise économique», explique Bernanke dans un discours préparé en vue d'une conférence organisée par la Réserve fédérale de Richmond. «Supprimer les blocages sur le marché du crédit et rétablir le flux du crédit vers les ménages et les entreprises est essentiel si nous étions amenés, comme je l'espère, à connaître une reprise progressive d'une croissance économique durable», a-t-il ajouté, sans préciser à quelle échéance cette reprise pourrait se faire sentir. Surveiller le bilan de la Fed Kohn et Bernanke s'exprimaient après l'annonce, à Washington, d'une nouvelle augmentation du taux de chômage aux Etats-Unis en mars à 8,5%, du jamais vu depuis 1983. Les statistiques du marché du travail, qui montrent que l'économie a détruit plus de deux millions d'emplois au cours des trois premiers mois de l'année, tranchent avec une série d'indicateurs plus encourageants, publiés ces derniers jours, qui laissent penser que la dégradation de l'économie pourrait ralentir. Bernanke, qui n'a pas évoqué la hausse des suppressions d'emplois en mars, annoncée en début de journée, a rappelé que la Fed s'était engagée à maintenir les taux d'intérêt à un niveau bas pendant une période prolongée. Il a reconnu que les mesures prises depuis le début de la crise avaient eu pour conséquence d'augmenter les réserves déposées par les banques auprès d'elle, ce qui pourrait compliquer la remontée des taux une fois la reprise économique engagée et rend donc nécessaire, selon lui, une surveillance attentive de l'évolution de ces réserves. La politique offensive de la Fed face à la crise a gonflé son bilan, qui avoisine aujourd'hui 2 000 milliards de dollars, et certains observateurs estiment que cette évolution pourrait nourrir l'inflation une fois la reprise engagée, si la Banque centrale est incapable de résorber rapidement l'excès de masse monétaire qu'elle a injectée dans l'économie. Bernanke a, cependant, assuré que l'institution qu'il dirige serait en mesure de réduire l'ampleur de ses mesures de financement lorsque la situation s'améliorera. «Nous avons un certain nombre d'outils que nous pouvons utiliser pour réduire les réserves des banques, ou relever les taux d'intérêt à court terme, lorsque cela deviendra nécessaire», a-t-il dit. Son discours n'a toutefois pas suffi à rassurer certains investisseurs. «Nous avons besoin de règles. Nous avons besoin d'un plan. Nous avons besoin de repères. Nous ne pouvons pas nous permettre de faire un faux pas parce que si nous en faisons un, et que nous ratons la restriction du crédit, cela provoquera une hausse des taux d'intérêt à court terme», a ainsi déclaré Howard Simons, stratège de Bianco Research, à Reuters Financial Television.