Ainsi, vous aurez le choix entre les fruits secs (amandes, noisettes, noix, marrons, cacahuètes), les fruits exotiques (mangue, noix de coco, ananas) ou bien les nombreuses friandises made « in dehors « (chocolat, bonbons et caramels de Turquie, gâteaux et boissons gazeuses de Qatar, nouga d'Espagne, etc.). Ici, tout le monde prépare la fête de Yennayer. Nous avons recueilli quelques avis sur l'histoire de Yennayer. M. Benaceur Mokrane, dont les parents sont natifs de Tizi Ouzou , nous raconte : «Yennayer représente le nouvel an tamazight, chez nous dans les villages en Kabylie, chaque famille se réunit le soir autour d'un grand repas, en général un couscous traditionnel avec du poulet ou la viande de bœuf, ensuite la veillée commence avec des chants et des contes du terroir, nos vieilles récitent des prières pour souhaiter une bonne année à tous les membres de la famille et espérer avoir une bonne récolte. Dans certaines régions, en guise de friandises, on offre du raisin conservé dans des jarres.» Pour El Hadja Khadidja, une Milianaise, ras el am se déroule d'une autre manière : «Je me rappelle, étant jeune, mes parents préparaient avec soins ras el am ou yennayer. Ma mère confectionnait de la rechta avec du poulet et surtout une soupe avec des herbes (tebeïkha). En guise de dessert, on gouttait le doum, un tubercule que les paysans venaient vendre au marché le matin. Ce dessert était indispensable, afin d'évoquer le départ du prophète de La Mecque vers Medine. Et la fête continuait autour de la meida, en dégustant la pâte de raisin (recette milianaise) et la halkouma spécialement préparée à cette occasion. Puis la famille ainsi que les invités se prêtent au jeu de la boquala, inauguré par la maîtresse de maison. Le matin, tout le monde dégustait les beignets au milieu des rires et des chants à la gloire du Prophète.» Pour Mme Benaï Fatma-Zohra, professeur en sociologie, ajoutera : «Chaque région a ses préparations culinaires et les friandises achetées spécialement à l'occasion du jour de l'an, ont une histoire : c'est le treze. Une tribu druzze, située au nord de la Turquie, a inversé à nos jours, une tradition ancrée parmi la population : dans chaque foyer, on célèbre la naissance d'un enfant en l'exposant au bout du septième jour sur un grand plat en bois rempli de friandises et tous les membres de la famille récitent des prières et des louanges pour une longue vie au nouveau venu. Ensuite, jeunes et moins jeunes écoutent avec une attention particulière, Lalla Amina raconter l'histoire du mois de janvier et du mois de février, connue depuis des générations. L'histoire est la suivante : il y avait une vieille qui habitait toute seule dans sa petite maison en pleine forêt. Elle possédait une chèvre qui lui donnait beaucoup de lait. Un fois, en janvier, il y eu de la pluie, de la neige et le temps était glacial. La vieille resta enfermée dans sa maison avec sa chèvre durant tout le mois de janvier. Le mois passé, le soleil se montra et la vieille peut enfin sortir avec sa chèvre. Tout en battant le petit lait, elle se mit à se moquer du mois de janvier et lui dit : que mes cinq doigts te crèvent les yeux, ô oncle janvier ! tu es passé sans rien me faire ! Lorsque janvier l'entendit, il fut pris d'une violente colère. Il s'adressa au mois de février et lui dit : je t'en supplie, frère février, prête moi un des tes jours que je tue la vieille à la mauvaise langue. Février lui prêta un jour des siens, aussitôt, le ciel devint nuageux et le gel et la neige s'ensuivent avec un vent glacial. La vieille fut bloquée par la neige. En sortant de sa demeure, elle périt, elle et sa chèvre. Ainsi, le mois de janvier se vengea de la vieille. Depuis, le mois de janvier a gardé le jour que lui avait prêté le mois de février. C'est pourquoi, de nos jours on appelle le dernier jour de janvier l'emprunt et le mois de février à un jour de moins que les autres mois…»