La Grèce est au cœur d'une tourmente spéculative d'une rare violence. Les marchés financiers semblent décidés à avoir la peau du maillon faible de la zone euro en lui faisant payer des taux d'intérêt sur sa dette chaque jour plus élevés dans le but de l'acculer à la cessation de paiements. Pour donner une idée de l'ampleur de la crise, alors que la Grèce se finançait sur les marchés, depuis son entrée dans la zone euro (en 2001), quasiment au même taux que l'Allemagne (la signature la plus sûre du monde), l'écart (spread) de taux n'a fait que se creuser depuis 2008 entre les deux pays. Vendredi, Athènes devait payer 380 points de base de plus (3,80%) que Berlin sur dix ans et 543 points de base sur deux ans. Ce niveau sans précédent depuis le milieu des années 90 montre que les marchés jouent l'éclatement de la zone euro… Or, si la Grèce s'effondre, c'est toute la zone qui sera menacée, ceux qui spéculent sur une telle hypothèse espérant bien ramasser la mise au passage. L'euro est atteint par cette défiance : il est passé sous la barre de 1,40 dollar, pour la première fois depuis six mois. Les déficits des pays de l'UE, qu'ils soient dans ou hors de la zone euro, ont plongé depuis l'éclatement de la crise. Dans ce paysage dévasté, la situation de la Grèce est grave, mais nullement désespérée : son déficit est élevé (-14% du PIB), mais guère plus que celui de l'Irlande (-11,7%), et sa dette, en croissance rapide (115% du PIB en 2009, contre 95% en 2008), n'est pas plus lourde que celle de l'Italie (115%). Agence Lire sur Internet