, Selon Selim Kehal, directeur-adjoint du CDER (Centre de développement des énergies renouvelables), qui intervenait sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, les premiers jalons d'une politique de développement des énergies renouvelables ont été posés en Algérie. Il cite la création du Fonds national des énergies renouvelables mis en place par la loi de finances complémentaire pour 2009, alimenté par 0,5 % de la fiscalité pétrolière, l'inauguration à la fin de cette année de la centrale hybride solaire-gaz de Hassi R'mel d'une capacité de 160 mégawatts (dont 30 % en solaire), le projet de ferme éolienne à Adrar pour la production d'électricité d'une capacité de 10 mégawatts, le lancement en 2012 par Sonelgaz sur un site à Rouiba de la production de panneaux photovoltaïques pour une capacité de 50 mégawatts – «c'est un bon défi», dit-il -, enfin, à l'état d'étude, la possibilité de mettre en place une petite centrale solaire à tour. Il rappelle que la contrainte n°1 des énergies renouvelables, c'est leur cherté et le nœud du problème réside dans les finances, c'est pourquoi, il estime que la création du Fonds national des énergies renouvelables est un premier pas. M. Kehal espère que celui-ci sera alimenté plus conséquemment, par 0,5 % du prix du baril. Il fait remarquer que les 5 % de la fiscalité pétrolière vont rapporter 500 millions de dollars alors que la centrale hybride de Hassi R'mel a coûté 350 millions d'euros. M. Kehal ne s'est pas clairement prononcé sur le projet Desertec. «C'est un projet futuriste, gigantesque», a-t-il commenté en précisant qu'il est prévu pour 2025, c'est-à-dire à un moment où les réserves fossiles vont s'épuiser. «Si Desertec, c'est pour l'humanité, oui négocions !», a-t-il ajouté. Le choix de l'Algérie comme principal partenaire de ce projet est lié, explique-t-il, à son potentiel solaire - dont toutes les études scientifiques montrent qu'il peut couvrir les besoins de l'Europe - et à sa position géographique. Il souligne que c'est dans le Sahara algérien que les Allemands ont situé ce qu'ils appellent «le triangle de l'enfer». Le potentiel solaire le plus élevé est dans le Sahara algérien, 300 à 400 km2 entre In Salah et Adrar. Il fait observer qu'une journée d'ensoleillement au Sahara peut alimenter toute l'Europe en électricité. Il y a, ajoute-t-il, des eurosceptiques qui ne veulent pas que l'Europe continue à dépendre de l'Algérie pour son approvisionnement énergétique. Il y a deux mois, dans la même émission «Invité de la rédaction», le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil avait cité le projet Desertec – «dont on ne sait rien», avait-il précisé- et avait fait remarquer qu'«on n'a pas pu exporter notre gaz, qu'est-ce que ce sera avec l'électricité solaire». «Assurez-nous que l'électricité solaire pourra être exportée et assurez un véritable transfert de technologie», avait-il lancé visiblement à l'adresse des pays qui veulent promouvoir la production d'électricité solaire dans le désert algérien. Ce projet est conditionné, côté algérien, par le transfert de technologie et le développement d'une industrie algérienne du solaire pour ne pas se limiter uniquement à importer des équipements et de la technologie solaires et pour ne pas être dépendant en matière d'équipements et de maintenance. Pour sa part, M. Kehal a distingué, sur le projet «Desertec», parmi les pays européens, les «frileux», comme la France qui mise sur le nucléaire, et les «résolus , comme l'Allemagne qui veut aller vers l'énergie verte. Il estime que l'Algérie doit négocier quel est son rôle dans cette problématique. Par ailleurs, il n'a pas manqué de relever le retard de l'Algérie en donnant l'exemple d'un pays voisin (sans nommer le Maroc) qui a un programme d'électricité en énergies renouvelables de 4 000 mégawatts répartis en 2 000 mégawatts en solaire et 2 000 mégawatts en éolien. A comparer, dit-il, avec nos 10 mégawatts du projet de ferme éolienne d'Adrar. M. Kehal a fait état de discussions avec l'Union européenne et bilatéralement avec l'Allemagne et l'Espagne. Il a annoncé le projet d'une petite centrale à tour solaire de 2 mégawatts qui sera installée en 2010 à Blida, près d'Alger.