L'importation de 2,5 millions de tonnes de ciment va régler le problème du déséquilibre entre l'offre et la demande pour 2010 et 2011, estime Abdelmadjid Aït -Belkacem, directeur général-adjoint du Groupe industriel des ciments d'Algérie (Gica), dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction. En 2010, la production nationale de ciment est évaluée à 18,5 millions de tonnes, entre le secteur public (11,5 millions de tonnes) et le privé étranger Lafarge (7 millions de tonnes). Tant qu'il y a déséquilibre entre l'offre et la demande, il y aura importation. En 2009, un million de tonnes de ciment ont été importées via les ports d'Alger, Béjaïa et Oran et 1,5 million de tonnes arriveront en juin-juillet. A partir de 2016, l'offre devrait dépasser la demande, annonce-t-il, et il faudra exporter le surplus. M. Aït-Belkacem fait remarquer que la démarche du gouvernement consiste à développer les capacités nationales de production, alors qu'il y a quelques années, il misait sur l'ouverture du capital des entreprises publiques et sur les investissements directs étrangers. Il rappelle que sur décision du Conseil des participations de l'Etat (CPE), Gica va investir 141 milliards DA dont 121 milliards DA iront à la filière ciment, répartis en 20 milliards DA pour la mise à niveau, 10 milliards DA pour la protection de l'environnement, 10 milliards DA pour des opérations apparentées à la mise à niveau et 80 milliards DA (c'est-à-dire l'équivalent de 1,2 millards de dollars, fait observer M. Aït-Belkacem) pour l'extension de quatre usines : Zahana (+ 1,5 million de tonnes), Chlef (+ 2 millions de tonnes), Béni Saf (+ 2 millions de tonnes) et Aïn El Kebira (+ 2 millions de tonnes), au total 7,5 millions de tonnes. Les filières agrégats (essentiellement le sable) et béton pré-emploi bénéficieront de 20 milliards DA d'investissement. Il fait savoir que les capacités actuelles en agrégats sont de 7 millions de tonnes et devront passer, en 2014, aux environs de 14 millions de tonnes. Pour le béton pré-emploi, il faudra faire, au préalable, des études de marché. En 2015, la demande de 30 millions de tonnes sera largement couverte par la production nationale : le secteur public produira 20 millions de tonnes de ciment, Lafarge, 7 millions de tonnes et un deuxième opérateur privé (égyptien) aura installé, en 2012 puis 2014, deux lignes de production à Djelfa. La production nationale couvrira largement la demande. Concernant la spéculation qui pousse à la hausse le prix du sac de ciment, M. Aït-Belkacem évoque la demande diffuse des auto-constructeurs qui vont chez les revendeurs privés qui cèdent le sac de ciment à 700 DA alors que son prix, sorti usine, en TTC est de 300 DA. Quant au ciment sorti du port, il est destiné, dit-il, exclusivement aux entreprises de réalisation, or, fait-il observer, il se retrouve au niveau du marché parallèle, ce qui laisse supposer que des entreprises de réalisation revendent le ciment.